La franchise horrifique de Capcom a, davantage encore qu'Alone in the Dark, mis une lumière sur un sombre genre du jeu vidéo : le survival-horror. Créée par Shinji Mikami, auquel la série doit ses plus grands succès, Resident Evil bénéficie d'une vitrine régulièrement dépoussiérée avec de nombreux remakes. À l'occasion du quatrième épisode, revenons sur les épisodes canons, avec le classement des jeux Resident Evil.
Les jeux les plus récents
Le présent classement prend en compte les jeux les plus récents. Exit, ainsi, les quatre premiers épisodes originels ; ici sont concernés les remakes uniquement.
Resident Evil 6 : 4 aventures qui sentent le zombie putréfié
De quoi ça parle ? Plus aucune grande ville n'est à l'abri du nouveau virus qui se répand comme une traînée de poudre. Leon et sa coéquipière doivent faire face à la mort du président des États-Unis, Chris et son camarade s'équipent en arsenal pour faire face aux militaires zombies, lorsque Ashley Graham s'allie avec le fils d'Albert Wesker. Pendant ce temps, deux Ada rôdent dans l'ombre.
Pourquoi c'est le plus mauvais ? Pour la sortie de Resident Evil 6, les gars de Capcom ont mis leur bleu de chauffe, armé des meilleures intentions.
4 campagnes d'environ 8 heures chacune, un mode coopération dans la droite lignée du cinquième épisode, un volet graphique maîtrisé. Et pourtant, tout dans Resident Evil 6 constitue un ratage sans précédent.
Comme si les développeurs avaient très mal assimilé leurs influences issues du jeu d'action occidental, rien ne fonctionne. La durée de vie, devant être un appel à proposer l'expérience Resident Evil ultime, devient son plus grand ennemi.
La progression des personnages est bancale, et le scénario de chaque campagne ridicule. En cinéma, on appelerait ça un nanard. Au budget absolument dispendieux.
Pourquoi ça peut (un peu) plaire ? Dans le fond, certains éléments de Resident Evil 6 ne sont pas si mauvais.
Il faut dire que la première campagne, menée par Leon et Helena, bénéficie de débuts prometteurs. La mise en scène rappelle 28 Semaines plus tard par certains aspects, et le souvenir de Resident Evil 4 peut se faire vivace.
De plus, la coopération reste son plus bel atout, permettant de rire avec un ami plutôt que de se désespérer d'une expérience au demeurant ridicule.
Note : 4/10.
Le grand n'importe quoi de Resident Evil 0
L'histoire de Resident Evil 0. Des nuées de sangsues attaquent un train appartenant à la société pharmaceutique Umbrella, alors irréprochable aux yeux du public. Une équipe de la police des STARS est dépêchée dans ces montagnes pour enquêter sur des meurtres.
Tombant sur le train immobilisé, elle entre à l'intérieur. L'occasion pour Rebecca Chambers de faire connaissance avec Billy Coen, un meurtrier. Les deux doivent faire contre fortune bon cœur et s'allier face à la menace présente dans le train... et ailleurs.
Pourquoi ça partait mal ? L'idée de proposer un préquel à Resident Evil premier du nom était quelque peu absurde. La série n'a jamais porté un intérêt énorme à sa logique narrative.
En outre, Resident Evil 0 n'apporte aucune révélation justifiant entièrement l'épisode. Seul le personnage de Rebecca, que l'on retrouvera dans le manoir Spencer, légitime la démarche.
Pire, même, puisque le gameplay est rendu ô combien fastidieux par la gestion de l'inventaire. Pas de coffres magiques où entreposer les objets ici.
Le surplus, il faudra le laisser à terre, et penser à faire des allers retours pour conserver tout son stock, de part en part du jeu. Une idée complètement idiote, qui renforce l'aspect accessoire de ce titre.
Pourquoi on peut se laisser tenter par Resident Evil 0. Le gameplay à l'ancienne, dans la droite lignée du premier Resident Evil, peut faire plaisir aux amateurs de la première heure. De plus, l'esthétique est très maîtrisée, aujourd'hui encore.
Note : 5/10.
Resident Evil Code Veronica, l'opus honni ou apprécié la franchise de Capcom
L'histoire de Resident Evil Code Veronica. Après ses mésaventures dans la ville de Raccoon City, Claire Redfield se rend en Europe, à la recherche de son frère, Chris. Sur place, elle se fait capturer, et devra faire face à une nouvelle menace en compagnie de Steve, un individu un peu louche. Mais bon, il ressemble à Di Caprio, alors...
Pourquoi c'est loin d'être le meilleur. La place de cet épisode pourra surprendre, et ce pour plusieurs raisons. Initialement, Code Veronica était voué à être Resident Evil 3.
Toutefois, Sony ayant un accord pour disposer de trois épisodes canons de la franchise, cet opus fut finalement baptisé comme un spin-off. Il constitue toutefois le véritable troisième épisode moral, faisant avancer l'histoire davantage qu'un RE3 par exemple.
Néanmoins, le jeu n'est pas exempt de tout reproche. Seul épisode à ne pas avoir fait l'objet d'un remake à ce jour, il a sacrément vieilli graphiquement. Par ailleurs, le charisme d'huître de Steve n'aide en rien à son appréciation.
Certaines énigmes sont complètement absurdes ; par exemple, courir, ouvrir l'inventaire à un endroit précis, déposer un objet, puis fuir avant qu'un élément n'écrase ledit objet. Un contresens.
Ça se laisse jouer quand même. Si Resident Evil Code Veronica est apprécié, il le doit à son histoire, assez homogène, ainsi qu'à une nouvelle vue. Au revoir décors précalculés, cette fois-ci, le tout est en temps réel.
L'ambiance s'adapte parfaitement aux différentes locations visitées, avant de retomber, déjà, sur ses pattes, avec une énième copie du manoir Spencer, véritable fil conducteur de la saga.
Note : 6/10.
La dualité de Resident Evil 5, sauvé par la coopération et tué par son IA
I guess it never rains in Africa. Chris Redfield, visiblement embarrassé par le succès de Leon Kennedy dans Resident Evil 4, a fait de la muscu durant trois épisodes de Resident Evil. Le héros du premier épisode revient plus baraqué que jamais, aux prises avec une menace en Afrique. Heureusement, il pourra compter sur sa partenaire, Sheva, pour le sortir de ce guêpier. Si celle-ci n'est pas dirigée par une IA, bien sûr.
L'amorce du déclin. Étonnant à quel point tout ce qui faisait le charme de Resident Evil 4 a été mal pensé dans le 5. Le jeu est plombé par une ergonomie plus que douteuse. La gestion de l'inventaire est nulle, il est impossible de tirer en marchant, l'ambiance n'est jamais horrifique, et le parti-pris action bien trop insistant.
La grande innovation de cet opus, c'est la coopération. Désormais, deux personnages font face aux menaces. Sur le papier, ça présage de bons moments. Dans la pratique, Sheva ou Chris, selon qui on incarne, se met constamment en danger. Et le gros souci est là : si le compagnon meurt, c'est le Game Over. Et on ne reviendra même pas sur l'histoire, ou le duel final avec Albert Wesker, un échec cuisant pour la série.
Pourquoi ça a failli être vraiment chouette. Après un épisode 4 de gala, la franchise entame complètement son tournant action avec Resident Evil 5. Premier jeu de la franchise sur consoles PS360, il dispose d'un superbe écrin graphique.
Surtout, avec le multijoueur en coopération, le cinquième épisode est vraiment un chouette moment à passer, en débranchant son cerveau. Bien meilleur que le sixième, dans le même registre.
Note : 6/10.
Le Nemesis de Resident Evil 3 ressemble à s'y méprendre à lui-même
Le pitch. Jill Valentine a été écartée de ses fonctions après avoir alertée sur la menace du manoir Spencer. Désormais, elle doit faire face au virus T se manifestant dans la ville de Raccoon City. Avec un Nemesis la poursuivant partout. Heureusement, il y a Carlos, un allié de poids face à l'enfer urbain qui se présente à elle.
Pourquoi c'est une déception. Initialement, ce Resident Evil 3 Remake devait être inclus avec le remake du deuxième épisode. Pour des raisons commerciales, et des délais à tenir, les deux jeux ont finalement été vendus séparément. Et c'est peu dire que le succès du deuxième fait de l'ombre à cet opus.
Le jeu reprend les codes de gameplay initiés par Resident Evil 2 Remake, mais passe la main sur bon nombre de moments mémorables de l'épisode originel. Pire encore : son antagoniste phare, Nemesis, qui induisait une terreur constante, n'est vraiment plus aussi impressionnant.
La faute, paraît-il, à Mister X dans le sempiternel Resident Evil 2 Remake, qui était trop proche du prédateur géant. En résulte une menace certes latente, mais trop facilement évitable, qui sombre dans la caricature.
Trop court et frustrant, Resident Evil 3 Remake souffre aussi d'un parti-pris action à la peine, avec une esquive vaguement rigolote mais trop compliquée à placer. Un semi-échec, pour un jeu qui aurait pu faire date.
C'est quand même pas mal. Si, comme énoncé avant, des passages manquent, il en est un qui est profite de ce remake. L'hôpital, dans le dernier tiers du jeu, est une réussite en termes d'ambiance et de tension. De plus, la relation entre Jill Valentine et Carlos bénéficie d'un développement sympathique à percevoir.
Note : 6/10.
Resident Evil Village, un épisode bof pour conclure l'expérience Ethan Winters
Des loups-garous, bon sang. Décidément, rien n'est facile pour Ethan Winters. Alors qu'il pensait pouvoir vivre des jours heureux avec sa femme, celle-ci est tuée devant ses yeux, et sa petite fille kidnappée par nul autre que Chris Redfield. Lui-même est embarqué en Europe, où il cherchera sa fille Rosemary dans ce qui ressemble vachement à la Transylvanie.
On est pas loin du flop. Après un septième épisode apportant un vent de renouveau sur la saga, celle-ci s'enferme dans la nouvelle formule, sans réelle idée. Le bestiaire pourra choquer, avec le folklore fantastique des Balkans. Préparez-vous à des ersatz de loups-garous et autres vampires pour consolider l'idée que oui, les zombies font partie du passé de la série.
C'est une constante dans la série, mais plus que jamais, l'inconstance de Resident Evil Village touche des sommets. Alternant les environnements comme autant de chapitres, ceux-ci alternent entre le médiocre et l'excellent, sans véritablement de logique. L'ensemble donne l'impression d'un fourre-tout d'idées, sans liant.
Surtout, si la vue à la première personne se justifiait entièrement pour Resident Evil 7 biohazard, elle n'est plus vraiment indispensable ici. Preuve en est la possibilité de la retirer dans la version Gold de Resident Evil Village.
Pourquoi ça reste convaincant. Avec le moteur RE Engine en action, Resident Evil Village bénéficie d'une superbe pâte graphique. Certains moments rappellent l'excellente expérience Silent Hills / PT, brillamment ravivée ici.
De plus, le bestiaire, et boss en particulier, dont la fameuse Lady Demetrescu, parviennent à captiver suffisamment pour ne pas lâcher la manette. Loin d'être le pire épisode, donc, mais loin d'être le meilleur également.
Note : 6/10.
Le renouveau tant espéré survient avec Resident Evil 7 biohazard
Un nouveau commencement. Cela fait quelques années qu'Ethan Winters a perdu contact avec sa petite amie, Mia, mystérieusement disparue. Celle-ci lui envoie un message, lui permettant de retrouver sa trace dans un endroit perdu de Louisiane. Sur place, le jeune homme va devoir faire face à une menace inédite, et surtout, aux membres de la famille Baker.
Pourquoi c'est un renouveau bienvenu. Après la débâcle du sixième épisode, Capcom a laissé la franchise souffler un brin. En prenant leur temps, les développeurs ont créé Resident Evil 7 biohazard avec une idée en tête : retranscrire l'horreur du premier épisode pour les nouvelles générations.
Au revoir les plans fixes, le TPS, et bienvenue à l'immersion à la première personne. Un changement bienvenu, qui permet plus que jamais de ressentir le périple d'Ethan Winters. Ses hôtes en Louisiane, composant la famille Baker, sont assez fascinants dans leur proposition rappelant la famille dégénérée de Massacre à la Tronçonneuse.
Le début du jeu est à ranger parmi ce que la série a de meilleur à proposer. Dans une atmosphère nauséabonde et tendue, Ethan est à la merci de la moindre menace, et le joueur déboussolé. Une immense réussite... qui s'étouffe au bout de quelques heures.
Pourquoi c'est loin d'être parfait. Inégal, Resident Evil 7 l'est assurément. Si les premières heures séduisent, le jeu se gauffre dans une petite composante action qui étouffe l'atmosphère horrifique régnant jusqu'alors.
De plus, le rattachement avec le reste de la saga est vraiment artificiel. Biohazard eût été un meilleur Resident Evil 7 en délaissant entièrement l'héritage de la saga.
Note : 7/10.
Un remake de légende pour le premier épisode de Resident Evil
Le début de la fin. La force spéciale de police STAR intervient dans le manoir Spencer, où sont signalées des disparitions inquiétantes. Sur place, l'escadron se fait attaquer par des chiens particulièrement affamés, les obligeant à se réfugier dans l'immense bâtisse, où les secrets et énigmes sont en même quantité que les menaces infectées.
Pourquoi c'est une réussite avant-gardiste. Sorti en 1996, Resident Evil premier du nom a fait frissonner tous les joueurs Playstation. En 2002, Shinji Mikami, le créateur originel, se fend d'un remake pour la GameCube qui fera date.
Les décors n'ont jamais été plus beaux, le gameplay est amélioré, et ce premier remake se fend même de regarder du côté de la concurrence. Alors que Silent Hill séduit une certaine frange du public amateur d'horreur psychologique, le remake de Resident Evil introduit un arc avec un nouvel antagoniste, Lisa, réellement glaçant.
Pour qui est épris de codes légèrement obsolètes mais maîtrisés de main de maître, cet opus officieusement appelé Resident Evil Rebirth est une réussite. Il permet de revisiter un jeu essentiel pour le genre du survival-horror.
Pourquoi Resident Evil Rebirth a vieilli. On ne va pas se le cacher ; en dépit des nombreux ajouts, même le remake a vieilli. Les plans fixes et la difficulté pourront rebuter plus d'un joueur moderne.
De plus, le remake aurait pu laisser le choix de regarder la cultissime scène d'introduction filmée en live. Mais bon, c'est un épisode particulièrement réussi, aujourd'hui encore.
Note : 7/10.
Le panache d'un jeu classé X, Mister X : Resident Evil 2
Le virus s'attaque à la ville. Après les évènements du manoir Spencer, le virus T s'est immiscé dans la ville voisine de Raccoon City. Toutes les strates de la population ont été infectées. Leon S. Kennedy, nouveau policier municipal, et Claire Redfield, à la recherche de son frère, devront faire équipe pour espérer se sortir vivant de cet enfer urbain. Et écouter les pas de Mister X.
Pourquoi c'est un remake d'anthologie. Depuis 2002 et le remake du premier épisode, jamais Capcom ne s'était penché sur les vieux épisodes de la saga. La perspective de s'adonner à l'un des opus les plus appréciés, le deuxième, faisait saliver. L'éditeur ne se contente pas de retranscrire les codes : il les bouleverse complètement, avec un nouveau gameplay, et une menace plus pesante que jamais.
Resident Evil 2 Remake est la grande réussite moderne de la franchise. Jamais l'horreur n'a été aussi prégnante que dans cet épisode, remis brillamment au goût du jour grâce au moteur maison, le RE Engine.
Surtout, la présence constante de Mister X au début du jeu est une masterclass à tous égards. L'antagoniste réagit aux bruits des personnages, forçant le joueur à réfléchir aux meilleurs trajets avant de les effectuer. Un level-design de classe mondiale, pour un jeu d'anthologie.
Si proche d'être parfait. Si ce remake de Resident Evil 2 fait date, il conserve quelques soucis. L'aventure est inégale, avec un gros ventre mou dans les égouts. On peut également regretter d'innombrables incohérences entre les campagnes de Leon et Claire, censées être interconnectées. Rien qui n'empêche le jeu d'être parfaitement recommandable, à part pour les personnes cardiaques.
Note : 8/10.
Resident Evil 4 : l'alpha et l'omega de la franchise de Capcom
Du tourisme en Europe. Désormais aux ordres du président des États-Unis, Leon S. Kennedy, rare rescapé du drame de Raccoon City, doit affronter ses vieux démons. En espérant sauver la fille du Potus, retenue en otage quelque part en Espagne, l'agent va découvrir une nouvelle infection transformant de paisibles villageois en personnes assoiffées de sang. Et ce n'est que le commencement.
Pourquoi c'est le meilleur Resident Evil. Depuis le premier épisode, la série n'avait jamais vu ses codes bouleversés. Le retour du créateur originel aux manettes, Shinji Mikami, permet de dépoussiérer une formule vieillissante.
En résulte le meilleur Resident Evil à ce jour, mais pas uniquement. Il s'agit également d'une révolution pour le jeu vidéo, dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui.
En proposant une aventure davantage orientée action, Resident Evil 4 n'oublie pas pour autant une atmosphère tendue et propice à la nervosité la plus extrême manette en main.
Le jeu a la bonne idée de commencer pied au plancher, avec l'arrivée dans un village où les habitants sont devenus fous et meurtriers. Une séquence absolument mémorable, qui prouve l'audace de ce jeu.
Bien plus long que ses prédécesseurs, le titre se fait également plus varié et riche. À noter également l'excellente gestion de l'inventaire avec la manette, une idée qui étonnamment n'aura jamais été reconduite dans ses suites directes. Resident Evil 4 est un épisode incroyable, qu'on a hâte de redécouvrir avec le remake de 2023.
La perfection n'est pas de ce monde, même pour Resident Evil 4. On pourra reprocher à l'épisode originel quelques défauts, comme l'impossibilité de tirer en marchant, un penchant pour le cringe dû à Leon, ou encore le fardeau que peut composer Ashley lorsqu'on la protège.
L'aventure est également inégale, avec un dernier tiers décevant. Cela reste le meilleur épisode de la saga Resident Evil, quand bien même.
Note : 8/10.
