Sorti à la fin de l'année 2020, Cyberpunk 2077 constituait autant un fantasme de joueur qu'il fut, finalement, un camouflet démesuré. Pourtant, près de deux ans après sa commercialisation, le jeu de CD Projekt RED renaît de ses cendres. Tel un Johnny Silverhand dissimulé dans nos cerveaux, l'idée a fait son bonhomme de chemin. Jusqu'à devenir un grand jeu ? Allons. Un bon jeu, c'est déjà pas mal.
1 million de joueurs quotidiens sur Cyberpunk 2077
En décembre 2020, vous n'avez pas pu y échapper. Toute l'actualité du jeu vidéo était concentrée autour du nouveau titre de CD Projekt, Cyberpunk 2077. Graphismes hors normes, liberté dantesque, fonctions RPG éprouvées, FPS de classe, l'incarnation du mode Keanu Reeves. Les publicités abreuvaient les joueurs, mettant en avant une promesse vidéoludique incroyable. Et, malheureusement, jamais tenue.
Le jeu, sorti sur PS4, Xbox One, et PC, a été un échec au niveau des critiques des joueurs. Les versions pour les consoles de Sony et Microsoft furent particulièrement ciblées. Perclus de bugs divers, théâtres de scènes vidées de tout public, Cyberpunk 2077 était un échec sur PS4 et Xbox One.
Pourtant, à l'instar d'un No Man's Sky, ou d'un Johnny Silverhand ressuscité dans les esprits, le jeu a su retrouver un nouveau souffle récemment. À tel point que les développeurs affirment que, la semaine dernière, chaque journée accueillait plus d'un million de joueurs dans les rues de Night City. Mieux encore : 20 millions d'exemplaires (physiques ou dématérialisés) de Cyberpunk 2077 se sont écoulés.
Over 20 million cyberpunks have been roaming the streets of Night City – partying with Jackie and getting to know Johnny, driving around with Panam and diving with Judy, hanging out with River and listening to Kerry’s songs.
Thank you and we hope to see you all in the Afterlife! pic.twitter.com/ifFLhg6npO
— Cyberpunk 2077 (@CyberpunkGame) September 28, 2022
Le jeu était d'ores et déjà rentable à sa sortie, en dépit même des remboursements effectués auprès des joueurs PS4 et Xbox One. Les promesses avancées avaient fait suffisamment tourner la tête des joueurs pour être un véritable hit-seller de précommandes.
À quoi doit-on ce revirement ? En premier lieu, à un jeu corrigé, tout d'abord, mais également au support de Netflix, comme naguère avec The Witcher 3.
Netflix + CD Projekt = Love
Intéressant à quel point deux entités comme Netflix et CD Projekt peuvent s'aider au gré des années. L'adaptation des aventures de Geralt de Riv sur le service SVOD ont connu un certain succès. À tel point que les itérations du jeu, The Witcher 3 en tête, se sont bien vendues grâce à la série TV figurant Henry Cavill dans le rôle titre.
Rebelote avec Cyberpunk 2077. Désormais épaulé par un anime, Cyberpunk 2077 : Edgerunners, loué par bon nombre de critiques, dont Hideo Kojima (qui n'a jamais été aussi près d'être le Stephen King du jeu vidéo), est un compagnon précieux pour le blockbuster néo-futuriste du studio polonais.
2/2
For my generation, the world view and visuals remind me of Yoshiaki Kawajiri's "Cyber City OEDO 808".— HIDEO_KOJIMA (@HIDEO_KOJIMA_EN) September 20, 2022
Conscient du filon à exploiter, ses équipes ont fait figurer l'équipement des personnages, et des missions complémentaires, dans le jeu de base. Tout est fait pour consolider les liens entre la production Netflix et le jeu. Sur PC, l'activité des mods atteste d'un regain d'intérêt pour Cyberpunk 2077, en 2022. Il est désormais possible de posséder l'implant du héros de l'anime ; bien sûr, cela tue un peu le jeu, le rendant inévitablement super facile.
Mais rendons à César ce qui agrémente sa salade ; le succès récent de Cyberpunk 2077, il le doit aussi bien à l'anime qu'au travail forcené des développeurs sur le jeu. Depuis 2020, le fantasmé dévidé a subi de profonds changements.
Si les versions PS4 et Xbox One n'en sont pas pour autant à recommander, la correction des bugs, et la mise à niveau gratuite sur PS5 ou Xbox Series X ont participé à ce regain d'intérêt.
Aujourd'hui, Cyberpunk 2077 est plaisant à jouer, de bout en bout. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le rédacteur de ces lignes s'y est enfin lancé. Bien entendu, un test surviendra tôt ou tard. Pourtant, qu'on se le dise, tout n'est pas encore rose au pays des netrunners et autres corpos.
Choom, c'est si bien que ça Cyberpunk 2077, en 2022 ?
Le soutien forcené des équipes de CD Projekt sur Cyberpunk 2077 est à saluer. D'autant que, rappelons-le, le studio n'avait pas d'impératif à le mener. Leur jeu était déjà rentable. Ils auraient pu se contenter de sortir un nouveau Cyberpunk, ayant appris des erreurs du passé, pour faire table rase. Bonjour, WatchDogs premier du nom.
Si le partenariat avec Netflix et cet investissement ont forcé le destin du jeu, tout est-il si rose dans Night City ? Pas tout à fait. On subodore grandement l'impact physique et émotionnel de ce soutien du projet, au gré des années ; ce n'est pas comme si l'éditeur n'avait pas une certaine culture du crunch, régulièrement pointée du doigt, n'est-ce pas ?
Certes, des voix, parmi les développeurs, attestent du soulagement ressenti à ce que le jeu connaisse enfin un succès d'estime auprès des joueurs. Néanmoins, Cyberpunk 2077 n'est pas à l'abri des polémiques.
La prochaine en date ? Récemment, les développeurs ont confirmé que l'unique extension du jeu ne serait pas accessible aux joueurs PS4 et Xbox One. Certes, les jeux peuvent être directement joués sur les consoles next-gen désormais. Nonobstant, ces systèmes de jeu ne sont, encore et toujours, pas aussi accessibles qu'on veut bien le faire croire.
Premier remous : Cyberprojekt s'est donc engagé à rembourser les acheteurs de la Xbox One collector, aux couleurs de Cyberpunk 2077. Ceux-ci avaient acheté l'extension à venir à travers ce pack.
Pour l'heure, gageons que de plus en plus de joueurs pourront explorer les rues de Night City, dans des conditions d'un confort croissant. Et, peut-être, constater qu'à défaut d'un grand jeu, Cyberpunk 2077 est loin d'en être un mauvais. C'était vraiment pas gagné, et c'est tout le mal que l'on souhaite aujourd'hui à CD Projekt Red.