Après 4 épisodes sur PS2 et PS3, le Dieu de la Guerre profitait en 2018 d'un reboot avec God of War sur PS4. Considéré par beaucoup comme un jeu culte, et alors que sa suite n'a jamais été plus proche de sortir, que faut-il retenir de ce jeu first-party de Sony ? L'enchantement nordique est-il toujours de mise ? Retour sur ce titre avec le test du jeu vidéo.
L'histoire de God of War, le reboot de Santa Monica
Kratos s'est assagi. La divinité grecque, après le massacre des autres entités de l'Olympe lors de God of War 3, s'est exilée en terres nordiques. Désormais, il vit une existence paisible, aux côtés de son aimée, Faye, et de son enfant, Atreus.
La femme décède, laissant à Kratos le soin d'exaucer sa dernière volonté : disperser ses cendres au plus haut sommet des Neuf Royaumes. L'ancien dieu de la guerre va donc partir avec Atreus, afin de faire davantage connaissance avec son fils, et prolonger son éducation.
Néanmoins, dès l'entame du voyage, Baldur, insensible ennemi issu des dieux nordiques, lui fait obstacle. Si Kratos parvient à s'en défaire, la menace pèse. S'ensuit alors un vaste périple à travers les Royaumes d'Yggdrasil, constellé de folklore nordique.
Conditions de test
Le jeu a été testé dans sa version PS4, profitant du Game Boost octroyé par la PS5. Fluidité exemplaire et graphismes raffinés conciliés ; on se demande ce que pourra apporter le Ragnarök à cet enchanteur résultat.
Le retour de Kratos, pour une aventure sous un nouvel éclairage
Il aura fallu attendre quelques années pour que Kratos fasse son grand retour sur consoles. Succès surprise de la PS2, le premier opus bénéficia d'une communication particulièrement discrète. C'est par la seule force de ses qualités que God of War parvint à fédérer la critique et le public, et à se tailler une place de choix au panthéon des héros Sony.
Après deux autres épisodes canon de grande qualité, deux jeux PSP appréciables et puis, benh, Ascension, mais qui a envie d'en parler, l'arc Grec de Kratos se terminait. On aurait pu penser que c'était le cas pour Kratos tout court d'ailleurs, mais c'eût été mal le connaître.
Après 5 ans d'attente, revoilà l'ancien dieu grec qui revient, cette fois-ci exilé en territoire nordique. À Zeus succède Odin, à Athéna Freya, et à Hercule, Baldur ; un casting entièrement revisité, pour des aventures qui ont été plébiscité par le public.
4 ans après, à quelques mois de la sortie de sa suite Ragnarök, quelle place réserver à God of War au sein de la ludothèque Sony ? Le jeu a-t-il bien vieilli, et tient-il toujours la dragée haute aux derniers jeux first-party, Horizon Forbidden West en tête ? On va voir de quel bois se chauffe Kratos.
Midgard à toi : Kratos explore les Neuf Royaumes
Dans son gameplay, God of War reprend à son compte le genre de l'action-aventure. Un chamboulement tout en douceur pour le jeu, qui met bien davantage d'eau dans son verre que par le passé. L'exploration est de mise, bien plus que les affrontements qui faisaient le sel de la franchise jusqu'alors. Les quêtes secondaires, en grand nombre, permettent de découvrir les Royaumes d'Yggdrasil.
Une faible proportion, cependant, puisqu'à dire vrai, seuls 6 Royaumes seront accessibles au cours de l'aventure. Midgard fait office de hub central, et plus encore ; c'est ici le monde référentiel, dans lequel s'étalera la plus grande partie de l'aventure. Quelques incursions à Helheim, l'Enfer nordique, et d'autres à Alfheim composent l'essentiel du récit.
Malheureusement, Midgard proposant une variation de décors assez impressionnante, de maigres restes sont à disputer pour les Royaumes restants. À ce titre, si Alfheim bénéficie d'une remarquable direction artistique, on ne peut pas autant en dire de Helheim ou des royaumes optionnels, Niflheim et Muspleheim.
Ces deux derniers présentent toutefois l'avantage de proposer une variation de gameplay. Niflheim devient une série de défis à la difficulté croissante ; le second, pour sa part, met en place un système de rogue-lite réellement intéressant, avec un défi tortueux, qui permettra de farmer de manière très plaisante.
Tout l'inverse des autres déambulations dans les Royaumes, essentiellement pour réaliser des quêtes, obtenir différents collectibles, ou obtenir des équipements et les améliorer. Sur ce plan là, God of War échoue à choisir entre linéarité et exploration tous azimuts. Une déception, compte tenu de sa narration en forme de fable mythologique.
Heureusement, des personnages permettent de soutenir Kratos, et par son truchement, le récit dans son ensemble.
Atreus, Mimir : un casting de personnages attachants aux interactions avisées
Au cours des précédents épisodes, Kratos était essentiellement seul. Certes, des personnages parsemaient ses aventures, mais il n'était jamais accompagné tout du long. Avec cet épisode toutefois, l'aspect sauvage de l'ancien dieu grec persiste, mais s'érode légèrement au contact de figures plus amicales de prime abord.
Atreus, le fils, sera à la fois le soutien de Kratos et l'enjeu de l'aventure. Non seulement le joueur assiste-t-il à une forme d'éducation donnée sur le fil, mais il comprend l'exigence et la détermination du père d'en faire un jeune homme sage, compétent et avisé.
Plus loin dans l'aventure, un nouveau personnage se greffe littéralement au duo. Mimir, ancien serviteur d'Odin avant d'en devenir la victime, apporte un vent de fraîcheur à l'aventure. Ses remarques et anecdotes, les diverses interactions qu'il peut avoir avec Atreus et Kratos permettent d'insuffler un supplément d'humanité à l'ensemble.
Ces deux personnages contrebalancent parfaitement le quasi-mutisme de Kratos. Ils confèrent à God of War une identité propre, permettant de s'immerger comme jamais dans les méandres du folklore nordique. Deux forgerons nains seront également là pour seconder ce casting de personnages attachants, en dispensant notamment certaines quêtes secondaires.
Si le dieu de la guerre s'est assagi, il sait s'entourer de personnes de confiance. Et l'aventure n'en est que plus belle ainsi.
Un jeu à hauteur dieu sur un plan séquence magistral
God of War est une prouesse technique, à plusieurs niveaux. Rarement la Playstation 4 a-t-elle pu produire des décors aussi magistraux, faisant ressentir la maîtrise que les développeurs ont de la machine en fin de vie de Sony. S'ajoute à cela une vélléité cinématographique intéressante et impressionnante.
Contrairement à ses prédécesseurs, ce reboot de God of War est un plan séquence. S'étirant sur 20 à 40 heures, selon le degré de complétion obtenu par le joueur, cette caméra suivant constamment Kratos permet de s'immerger comme jamais dans la peau du dieu grec.
Ce choix de mise en scène permet de voir le monde à la hauteur du personnage, ainsi que ce que fait Atreus. Certes, il peut y avoir bien plus de hors champ qu'auparavant, et potentiellement, les combats peuvent en souffrir. Néanmoins, pour retranscrire les merveilles graphiques composant les Neuf Royaumes d'Yggdrasil, ce parti pris reste avisé.
Une question toutefois ; pourquoi ne pas avoir essayé de se passer de menus, ou de les introduire de manière diégétique ? Un peu à la manière de Dead Space et de cet inventaire brillamment inséré au cours du jeu. Par ce biais, God of War aurait pu être un plan séquence constant de très haute volée. Étonnant d'avoir cédé à l'appel du menu, qui rompt radicalement le plan séquence.
God of War est-il le meilleur jeu de la PS4 pour Sony ?
À l'heure de l'écriture de ce test de God of War, quatre années se sont écoulées depuis sa sortie. Si le jeu est devenu un succès incontestable, récompensé par de nombreux prix et une réussite commerciale et critique indéniable, il constitue également l'un des derniers chants du cygne de la PS4. D'un point de vue graphique et narratif, il partage avec The Last of Us 2 bien des points communs.
Au moment où le Ragnarök s'apprête à se déclencher sur PS4 et PS5 dans la suite, quelle place attribuer à God of War ? D'emblée, le jeu impressionne par sa dimension cinématographique. Le plan séquence et la caméra à l'épaule permettent de s'immerger dans la peau de Kratos, et de mieux saisir les subtilités relationnelles qu'il entretient avec les autres personnages.
Le jeu est-il exempt de tout défaut ? Pas totalement. En combat, dans certains moments nerveux, une pression sur le joystick analogique gauche peut faire effectuer un demi-tour alors que celui-ci attaque. Combien cela peut-il être frustrant ; heureusement, la résistance de Kratos permet généralement de passer outre les dommages occasionnés par cette maladresse. À une reine Valkyrie près.
De plus, une certaine lassitude peut être ressentie au gré de la progression. Généralement, le parti pris entre exploration et narration est bien mené, mais il faudra néanmoins patienter le dernier tiers du jeu pour exploiter le plein potentiel de la découverte des décors. En bon metroidvania qu'il est, God of War se fait attendre.
Quelques écueils, donc, mais qui n'enlèvent nullement la place de God of War au panthéon des jeux de la PS4. En revanche, il n'apporte pas de réelle réflexion sur le média, contrairement à The Last of Us Part 2, dont la profondeur est à ce jour inégalable. Outre le bijou controversé de Naughty Dog, Kratos règne en maître sur le reste des productions first-party.