Alors que le projet de remake de Final Fantasy VII, jeu légendaire du J-RPG, est bien avancé, Square Enix a pensé à ressortir le prologue. Bénéficiant lui aussi d'un remake, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion nous met aux commandes de Zack. Nouvelle version d'un jeu sorti à l'époque sur PSP, ce préquel est-il forcément indispensable ? Réponse avec notre test de Crisis Core : Final Fantasy Reunion sur PS4, PS5, Switch, Xbox One, Series, et PC.
Le prologue de Final Fantasy VII : de quoi ça parle, Crisis Core ?
Zack Fair fait partie du SOLDAT, une troupe d'élite de la Shinra, qui gouverne Midgar. Son tuteur, Angeal, disparaît après avoir effectué une mission contre une milice du Wutai. Se pourrait-il que le déserteur du SOLDAT, Genesis, soit responsable de cette disparition ?
Zack va devoir élucider ce mystère. Son quotidien sera composé de missions de routine menées pour la Shinra et d'autres commanditaires, mais également d'une investigation sur les remous subis par la multinationale de Midgar.
Quel rôle a Genesis derrière tout cela ? Angeal pourrait-il être son allié ? Et quelles conséquences cela peut-il avoir sur la psyché de Sephiroth, héros du SOLDAT, et proche de ses deux collègues ?
Bienvenue dans le foisonnant univers de Final Fantasy VII, étendu pour l'occasion grâce à ce prologue détonnant.
Conditions de test
Le jeu a été testé depuis une version commerciale Playstation 4, mais mise à niveau gratuitement sur Playstation 5. Le jeu tourne parfaitement bien, mais ne présente aucun choix graphique entre le mode performance et fidélité. Aucun bug ne s'est fait ressentir pendant l'aventure de Zack Fair.
Crisis Core, 7 ans avant Final Fantasy VII, mais aussi 12 ans après
Qui n'a jamais entendu parler de Final Fantasy VII ? L'opus, légende du J-RPG, de la saga, et tout simplement du jeu vidéo, a fait les belles heures de Square Enix et de la PS One. Après avoir pendant des années parler d'un remake, Square Enix a préféré en sortir un prologue, Crisis Core, paru sur PSP en 2007.
Après l'accueil critique et public laudateur de Final Fantasy VII Remake, l'éditeur japonais a choisi d'adapter son prologue pour les consoles plus récentes. En 2007 au Japon, puis en 2008 en Occident, sa parution avait été saluée par les fans, en dépit de problèmes structurels évidents. Le revoir, plus de dix ans après, dans une nouvelle mouture a de quoi faire plaisir.
Évidemment, parcourir les origines d'un épisode fondateur est l'occasion d'un fan service tous azimuts. Cependant, au-delà de cette considération, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion est aussi le meilleur moyen de se plonger dans cet univers, ou de le découvrir.
Les environnements de Midgar correspondant davantage à ceux mis en avant au sein de FFVII Remake ; le système de combat est également amélioré, plus dynamique et nerveux. Et que dire des graphismes, qui, sans être au niveau du remake, sont magnifiés dans cette mouture.
C'est le cas de le dire : Square Enix n'a pas chômé pour ce remake. Seul bémol à recenser, une ossature similaire à celle présente dans la version de 2007. De quoi handicaper grandement le jeu ? Et benh, c'est à dire que... Oui.
Toutefois, avant d'entrer dans ces considérations, mettons une emphase sur les qualités de ce nouveau Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion.
Une appréhension précieuse des enjeux narratifs
Tout l'intérêt de Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion est de faire davantage connaissance avec Zack Fair. Ce personnage, éminemment absent du jeu de 1997, joue pourtant un rôle central auprès des protagonistes de cet épisode.
Loin de l'humeur morose et renfrognée de Cloud, Zack se révèle solaire, optimiste, et un brin idiot. Impossible de ne pas penser à Luffy, le héros de One Piece, sur lequel son caractère semble décalqué. Fort bien en a pris Square Enix, par ailleurs. Personnage central, et le seul jouable de ce prologue, Zack parvient à s'attacher facilement la sympathie des joueurs et des personnages l'environnant.
D'ailleurs, puisqu'il s'agira de l'un des enjeux, force est de constater que le caractère pétulant d'Aerith a été inspiré par celui de Zack. Une belle idée, pour renforcer les liens entre les deux jeux, et un peu plus justifier l'existence de ce prologue.
Les fans en seront pour leurs frais, tant le fan service est assuré. Entre la présence d'une très jeune Yuffie, au cœur de pérégrinations drôlatiques bien qu'annexes, un Cloud juvénile, bien évidemment Sephiroth, errent aussi des apparitions de Caith Sith, bien plus superficielles et moins convaincantes.
Néanmoins, Square Enix semble avoir travaillé avec soin sur ce prologue de FF VII. Contrairement au remake de l'épisode principal, il y aura à la fois à manger pour les néophytes, et pour les connaisseurs. Un équilibre appréciable, pour une aventure qui, sans faire date, saura satisfaire différents publics.
Petit prix pour Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion sur Xbox One / Series X
Au revoir le jeu de rôle, bienvenue aux combats tous azimuts
D'ordinaire, qui dit Final Fantasy, dit jeu de rôle. Et, au-delà du très décevant seizième épisode, qui dit jeu de rôle, dit dialogue, synergie d'équipe, complicité, aventure et exploration.
Crisis Core se fait le complet opposé de ce postulat. La structure, héritée de l'épisode portable, n'a pas été révisée avec ce remake. Aussi l'équipe de développement valorise-t-elle des séquences courtes, alternant exploration brèves de Midgar, missions extérieures, et quêtes annexes.
Le jeu étant divisé en dix chapitres, lesquels présentent plusieurs zones cloisonnées en périmètres. Oui, les mêmes limites qui restreignaient l'épisode initial, configuré pour la console portable de Sony.
Évidemment, ce parti-pris s'accompagne par une emphase toute particulière sur les combats, prenant une place prépondérante dans le rythme du jeu. Comme dit auparavant, Zack est le seul personnage jouable. Les oppositions se jouent avec un système dynamique, proche d'un beat'em all, loin du tour par tour des épisodes traditionnels de la saga.
Un système de loterie, l'OCN, inclut une dimension aléatoire. Celle-ci permettra de bénéficier d'effets bonus, d'invocations, ou de transcendance, selon les résultats obtenus. À noter que ce mécanisme a été remanié dans ce remake. Désormais, les résultats ne prennent pas tout l'écran, mais la loterie se joue dans le coin supérieur gauche, afin de laisser l'emphase sur le combat.
Une bonne idée, qui donne des combats riches, étonnamment stratégiques, surtout en difficile. Un pari gagnant pour Square Enix qui prouve un peu plus le soin apporté à ce remake de Crisis Core.
Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion repose sur un équilibre précaire
Toutefois, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion est, à la vérité, trop généreux pour son propre bien. Ou plutôt subit-il les affres du remplissage, pour une aventure "narrative" finalement assez courte.
En ligne droite, il faudra une dizaine d'heures pour voir le générique de fin de ce prologue. En revanche, pour qui vise les 100% de complétion, il est largement possible de tripler ce total. La raison : les quêtes annexes, au nombre de, bon sang de bonsoir, 300.
Si certaines bénéficient de certains liens narratifs, dont la présence de Yuffie, par exemple, la plupart mettent en avant des zones exiguës, habitées par un ennemi principal à abattre, hantées par d'autres rencontres aléatoires, et quelques objets à ramasser. Cela ne pourrait pas être un mal, mais le sentiment prédominant, à mi-chemin, est que l'équilibre de Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion est terriblement précaire.
La plupart de ces missions dramatiquement annexes s'effectuent en un rien de temps. Toutefois, sur la fin, la plupart des ennemis ne sont ni plus ni moins que des sacs à PV. La chose paraît normale, et ne devrait pas être problématique.
Le problème, c'est que ces adversaires disposent de très peu de capacités de mouvements. Aussi faudra-t-il réaliser, pendant plusieurs minutes, les mêmes mouvements pour esquiver les attaques, trouver la faille pour faire des coups critiques, se soigner, etc.
Cela laisse un sentiment amer à l'esprit, et incite à une lassitude qui gâche l'expérience du jeu. Quel dommage que Square Enix n'ait pas davantage fait attention à cet impair, aisément corrigeable. En rajoutant des attaques aux adversaires, en baissant légèrement leurs PV, en diminuant le nombre de missions annexes ou en les liant davantage au fil narratif, il y avait sûrement de quoi remédier à ce sentiment, finalement déceptif.
Le remake de Crisis Core : une expérience enthousiasmante, mais foncièrement clivante
Loin d'être indispensable, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion n'en demeure pas moins un bon jeu. Inespéré, même, lorsqu'on considère le soin globalement apporté au remake, depuis sa parution sur PSP jusqu'aux consoles les plus récentes.
Néanmoins, le jeu n'a pas vraiment été adapté pour des consoles de salon. Crisis Core conserve entièrement sa structure, parfaite pour la PSP, mais qui prend ici un sacré coup de vieux. Scinder l'intrigue principale, et une quantité improbable de missions entièrement annexe - 300, pour rappel - n'est pas vraiment un service à rendre à ce remake.
Ainsi, plusieurs catégories de joueurs appréhenderont de manières différentes le préquel de FF VII.
- les néophytes trouveront un parfait allié pour commencer leur expérience de Final Fantasy VII, à poursuivre avec le Remake, puis l'épisode Rebirth ;
- les fans de la première heure approfondiront le lore de l'ensemble, en découvrant plus avant le (très bon) personnage de Zack Fair ;
- les pro du 100% soupireront grandement en parcourant de manière répétitive les missions annexes ;
- les amateurs de J-RPG apprécieront les liens entre les personnages, mais pourront être rebutés par le système de combat, pourtant très bon, loin de la formule au tour par tour.
Chacun verra ainsi midi à sa porte. Globalement, s'il est loin d'être parfait, Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion est un prologue convaincant, en plus d'un remake accompli, réussissant pleinement sa mission. Après tout, celle-ci n'était-elle pas d'approfondir le lore de l'ensemble, et de faciliter l'appréhension des événements dramatiques de l'opus original ?