Batman est le super-héros étant le plus apparu sur grands écrans. Avec 10 films, voire 11 si l'on distingue la version Zack Snyder de Justice League, le Chevalier Noir a déjà connu bon nombre de succès au box-office. Entre certains succès éclatants (The Dark Knight, Batman le défi) et naufrages incontestables (Batman & Robin, Justice League), le justicier de Gotham souffle toutefois le chaud et le froid sur le public. Qu'en est-il de cette nouvelle adaptation signée Matt Reeves, avec Robert Pattincou ça ira mieux dans le rôle-titre ?
Le pitch de poche de The Batman
Gotham est une ville abandonnée par les puissants, où la criminalité règne avant toute chose. Paralysée par la lutte contre le collyre, une drogue infiltrant jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir, la police s'en remet depuis une année à un vigilante pour mener à bien la guerre contre la pègre. Alors que les élections municipales approchent, le maire est assassiné par un mystérieux individu. L'inspecteur James Gordon fait alors appel à Batman pour enquêter sur ce crime.
Sombre et torturé, The Batman sous le feu des projecteurs
Certes, il y a le fameux diptyque de Tim Burton, ou encore la trilogie globalement réussie de Nolan ; néanmoins, deux films de Joel Schumacher, une tentative absolument médiocre de Joss Whedon et un bilan mitigé pour Zack Snyder le prouvent : adapter le vigilante chéiroptérophile de Gotham n'est jamais chose aisée, et bon nombre de réalisateurs s'y sont cassé les dents.
De ce point de vue, admettons-le : The Batman revient de loin. D'abord annoncé comme un film réalisé par Ben Affleck, le long-métrage a été ensuite repris sous l'égide de Matt Reeves. Le réalisateur de l'impressionnant Cloverfield et du remake américain de Morse, Let me in, a subi les affres du Covid-19 sur la production de cette adaptation.
Entre l'annonce de son projet, un petit grain de sable s'est glissé dans sa chambre : l'éclatant succès de Joker, de Todd Philipps. Sombre, torturé, le remake inavoué de la Valse des Pantins représentait une ville de Gotham poisseuse et tourmentée par les luttes entre les classes sociales. La grande force de The Batman est sans aucun doute d'avoir réussi à reprendre à son compte cet héritage.
Si The Batman est centré sur le personnage éponyme, il n'oublie pas de mettre en avant cette ville, notamment à travers une première scène d'introduction de Batman tout simplement impressionnante. La réalisation, la plupart du temps centrée sur son héros, n'est pas éclatante, mais se permet quelques tours de force au gré des (rares) scènes d'action
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Un film interprété par des acteurs tous plus bat les uns que les autres
Après plus de dix ans de projets issus du Marvel Cinematic Universe, il paraît aisé, aujourd'hui, d'affirmer que le DC Universe n'a pas réussi à concurrencer les productions Disney. Après de nombreux essais, bien moins grand public, pour des résultats assez mitigés, le Batman de Ben Affleck fait la place à un nouvel acteur pour endosser la cape du justicier de Gotham : Robert Pattinson.
Qu'il s'agisse de James Bond ou du Chevalier Noir, un élément commun se distingue : l'appréhension des fans lors de l'annonce d'un nouvel acteur. Les spectateurs n'ayant jamais vu ou entendu parler de Robert Pattinson que par le biais de Twilight craignaient le pire ; ceux qui avaient jeté un œil au reste de sa filmographie, pour leur part, restaient confiants.
Outre ces péripéties vampiresques, où il entrait dans la cour de Wharlberg et Reeves pour le titre de meilleur non-acteur, Pattinson cumule aussi de franches réussites d'interprétation. On ne saurait que trop recommander The Lighthouse ; la version Cronenberg du roman de Don Delillo, Cosmopolis ; ou encore l'adaptation de l'incroyable roman de Donald Ray Pollock, Le Diable tout le temps, pour convaincre les réfractaires. Reste qu'aujourd'hui, Pattinson fait figure de Batman convaincant, avec un axe plus juvénile.
Par ailleurs, tout le reste du cast se met au diapason des attentes portées sur The Batman. Zoe Kravitz, en Selina Kyle (le nom de Catwoman n'est jamais prononcé), Colin Farrell (méconnaissable en Oswald Cobblepot), ou encore Jeffrey Wright comme James Gordon sont parfaits en incarnation de ces personnages de comics.
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La meilleure adaptation du plus grand détective au monde
Ce 11ème film live consacré à The Batman prend un parti-pris assez différent des autres longs-métrages. Plutôt que de montrer l'homme d'action qu'est le super-héros, le but avoué de Matt Reeves était de se rapprocher de son côté détective. Pour cela, il pioche du côté de bon nombre d'œuvres chères aux aficionados de comics. La date à laquelle commence The Batman n'est pas anodine ; elle le rapproche directement d'Un Long Halloween, avec lequel le film partage bon nombre de thèmes communs.
Par ailleurs, mettre en scène la seconde année d'activité du Chevalier Noir ramène forcément à Batman Year One, emblématique comics de Frank Miller. Au-delà de ces éléments purement chronologiques, les thématiques personnelles ayant trait à l'alter-ego de Batman, Bruce Wayne, se rapprochent davantage des productions plus récentes liées au milliardaire.
Ainsi, enquêter sur les failles morales de Thomas Wayne, père de, rapproche beaucoup The Batman du Joker de Todd Philipps, des adaptations Telltale, ou encore des séries de comics de Gregg Capullo et Scott Snyder, la Cour des Hiboux en tête. D'ailleurs, on rêverait qu'un second volet signé Matt Reeves adapte cet arc, mais... on y reviendra.
Pour la première fois, à notre connaissance, la figure maternelle est aussi explorée. Arbitrairement affiliée à la famille Arkham désormais, Martha Wayne n'est plus lisse, et c'est une bonne nouvelle. Le long-métrage fait une place, certes minime, à la mère de Bruce Wayne. Celle-ci est représentée dans son humanité, et non pas en vertu de la cristallisation chère à Stendhal qui la poussait presque vers une caricature de bienveillance.
Matt Reeves pioche dans les arcs les plus modernes de Batman, et à leur faire une place sur grand écran. Une réussite indéniable sur ce plan.
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The Batman : qu'en est-il du film à proprement parler ?
Si The Batman fera le bonheur des amoureux du Chevalier Noir, le film n'est pas dépourvu de défauts ; loin s'en faut. Tout d'abord, sa durée n'est pas tout à fait justifiée ; les trois heures, si elles ne passent pas trop lentement, auraient mérité un petit cut sur certaines scènes. Par ailleurs, certaines réactions très à fleur de peau de Bruce Wayne et Selina Kyle sont un peu déplacées. Rappelons que l'on ne parle pas d'adolescents, mais de personnages sur la fin de vingtaine, joués par des trentenaires.
En outre, la figure de l'Homme-Mystère est problématique à plus d'un titre. S'inspirant d'une représentation par médias interposés, le personnage fascine de prime abord. Dans son traitement, il rappelle beaucoup celui du Mandarin, dans Iron Man 3. Ses objectifs ne sont finalement pas si éloignés de ceux de Batman. À ce titre, le parallélisme entre les deux protagonistes se reflète dans la mise en scène à de nombreux endroits.
Néanmoins, le troisième acte lasse dans son penchant super-héroïque. Après avoir accumulé les indices permettant de démêler les tenants et aboutissants de la pègre, dans une cohésion jusqu'alors très juste, The Batman plonge dans une caricature qui fait un peu peine. The Riddler aurait peut-être mérité de rester un personnage de l'ombre, avant de passer à l'action. Ce dernier tiers est bâclé, et tranche avec l'atmosphère érigée avec réussite par le passé dans le long-métrage.
Il s'agit aussi de revenir sur les facilités scénaristiques. Certains développements se font par le pur biais du hasard ; la présence inopinée d'un personnage donnant une information pour résoudre une énigme. Le film force le développement de l'intrigue comme de ses personnages. S'il constitue une réussite à de nombreux égards, il est globalement mal écrit ; tout cela pour forcer l'évolution de la vision du héros.