Depuis lundi 11 juillet, l'opprobre s'est emparé des joueurs, avec une cible en tête : Ubisoft. Première entreprise française de jeu vidéo, l'éditeur ressemble de plus en plus à une mauvaise caricature d'Electronic Arts version tricolore.
Pourtant, une fois n'est pas coutume, le procès qui lui incombe n'est pas tout à fait mérité. Il indique en revanche les pires signaux pour les joueurs, quant au devenir des plateformes de jeu, et l'indice de propriété de leur ludothèque.
Ubisoft retire Assassin's Creed HD Liberation et d'autres jeux de Steam, et c'est la panique
Depuis bientôt 24h, c'est la panique sur les réseaux sociaux et les différentes plateformes parlant de jeux vidéo. Sur certaines pages de jeux vidéo sur la boutique Steam, il n'est plus possible de procéder à l'achat de ces titres Ubisoft.
Tous sont signés de l'éditeur français, et le premier jeu à avoir été porté sous le feu des projecteurs, nul autre que Assassin's Creed Liberation HD. Deux mentions y paraissent :
- À la demande de l'éditeur, Assassin's Creed Liberation HD n'est plus disponible à l'achat sur Steam
- Veuillez prendre note que ce titre ne sera plus accessible à partir du 1er septembre 2022.
Dès lors, les sirènes de la catastrophe enchantent les quelques oreilles sensibles à leur chant, et Ubisoft désigné comme coupable idéal. Il faut dire que le studio abuse en la matière, puisqu'outre ce portage du jeu initialement paru sur Playstation Vita, d'autres titres ce son catalogue hériteront de la même date couperet.
Splinter Cell Blacklist, qui n'a jamais aussi bien porté son nom, et Prince of Persia : Les Sables Oubliés font aussi partie de cette liste. La polémique enfle, au point de forcer Ubisoft de prendre la parole, et de changer le message affiché sur Steam. Celui-ci évoque désormais :
- Les DLC pour ce produit et les éléments en ligne deviendront inaccessibles à partir du 1er septembre. Le jeu de base continuera à être jouable.
Ouf, les jeux resteront présents dans les bibliothèques Steam des joueurs. Cependant, les deniers dépensés dans l'acquisition des contenus additionnels, seront pour leur part irrémédiablement perdus. Un aveu d'échec quant à la politique d'édition des jeux digitalisés, qui peut laisser présager du pire.
Loin du catastrophisme ambiant, un retrait de jeu qui questionne sur l'avenir du jeu digitalisé
En dépit de l'opprobre public, Ubisoft reste solide sur ses bases : certains de ses jeux se verront amputés de parties ayant parfois nécessité l'investissement financier des joueurs. Ce désaveu, a minima de Steam, a de quoi laisser songeur quant à la pérennité du marché des jeux digitalisés.
Certes, l'éditeur possède sa propre boutique marchande digitalisée, U-Play ; les joueurs Steam pouvaient par ailleurs lier leurs jeux avec la plateforme, lorsqu'ils n'étaient pas obligés de s'y créer un compte. Ces dernières années, Electronic Arts avait lui aussi commencé à valoriser davantage sa plateforme Origin que Steam, avant de revenir sur ses pas.
Si l'on compare le marché du jeu vidéo à celui du service de streaming vidéo, Netflix a progressivement vu certains des films présents dans son catalogue retiré au profit des plateformes propriétaires des majors : Disney+, HBO Max, ou encore Paramount, pour ne citer qu'eux.
Le souci, c'est que la pratique est tolérée dans le cadre d'un abonnement, de type Game Pass Ultimate ou PS+ Premium. Lorsqu'un joueur investit de l'argent dans l'acquisition d'un jeu, il s'attend à en posséder la propriété ad vitam aeternam. Toutefois, en vertu de différents paramètres, il ne faut pas se leurrer : le prix d'un jeu PC pas cher à télécharger est bien plus onéreux que son prix d'achat au cours des soldes d'été Steam.
Frais de serveurs, accords avec les éditeurs, les détenteurs de droits des OST à télécharger ; nombreux sont les paramètres à prendre en compte. Le cas d'aujourd'hui, concernant Ubisoft, pourrait affecter, à terme, l'ensemble du marché.
Pour le moment, seul Sony a intronisé un tel mécanisme, avec des films achetés retirés au visionnage. Espérons pour tout le monde, et pour la conservation des œuvres, que la démarche ne se démocratise, à l'heure où les jeux PC sont de moins en moins trouvables sur CD ou DVD.