La date butoir de la réforme de la chronologie des médias a été fixée au 22 février par la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. En cette fin d'année 2021, les choses ne font que s'accélérer pour aboutir à une valorisation des SVOD et chaînes privées pour la diffusion de films. Le premier gagnant n'est autre que Canal+, fidèle allié du cinéma français ; Netflix, Disney+, Prime Vidéo et consorts ne devraient pas non plus si mal s'en sortir, pour peu qu'ils jouent le jeu.
Quelle décision pour la réforme de la chronologie des médias ?
La chronologie des médias est un système exclusif à la France, provoquant l'ire des investisseurs étrangers et permettant, en substance, de protéger le cinéma hexagonal. Suivant certaines conditions, le délai de diffusion d'un film peut être plus ou moins long selon le support considéré. Jusqu'à présent, les services de streaming par abonnement, ou SVOD, étaient les grands perdants de ce mécanisme.
Depuis plusieurs mois, toutefois, la colère grondait, pas seulement du fait de Netflix, Disney+ et Amazon Prime Vidéo, mais également par le biais de Canal+. Ce dernier, considéré comme un mécène indispensable du cinéma français, devrait s'apaiser ; les premières réformes touchant à la chronologie du média sont désormais connues, et vont en sa faveur.
Canal+, grand patron du cinéma français pour quelques années encore
La réforme de la chronologie des médias avait été entamée essentiellement par rapport aux SVOD, provoquant la gronde de Canal+. Il faut admettre que l'investissement historique de la désormais firme de Vincent Bolloré est sans égal. Devant la pression générée par Netflix, puis les rivaux apparus plus tardivement dans le paysage audiovisuel hexagonal, la chaîne cryptée et ses services craignaient de perdre la main sur la diffusion des films.
Il n'en sera finalement rien. En investissant 600 millions d'euros sur trois ans, soit 200 millions d'euros par an, Canal+ a fait coup double. Non seulement sa fenêtre de diffusion est-elle plus courte, passant de 8 à 6 mois après la première apparition de l’œuvre concernée au cinéma, mais il protège son privilège. Durant les neuf mois suivants, Canal+ et son service myCanal détiennent l'exclusivité de la diffusion.
Avec cet accord, Canal+ relègue, à l'échelle hexagonale tout du moins, un peu plus la concurrence. Celle-ci n'est pas à plaindre cependant, et bénéficie d'un traitement de faveur à l'aune des nouvelles directives de la chronologie des médias.
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Un délai de diffusion ramené à 15 mois pour les services de streaming par abonnement
Jusqu'à présent, Netflix, Disney+, Amazon Prime Video et les futures entités SVOD n'étaient pas privilégiées par la chronologie des médias. Il fallait alors attendre 36 mois pour les films ayant réalisé plus de 100 000 entrées dans les salles obscures, après 4 semaines d'exploitation. Une sorte de paradoxe était apparu depuis l'apparition de studio produisant des films, et propriétaire de services de streaming ; ceux-ci ne pouvaient pas diffuser leurs films avant la fin de ce délai. C'est la raison pour laquelle de nombreuses personnes furent surprises de ne pouvoir regarder Avengers Endgame, voire Infinity War lors de l'arrivée de Disney+ sur le marché français.
Là encore, la nouvelle mouture de la chronologie des médias devrait remédier à cela. Alors qu'un délai initial de diffusion de 12 mois après l'exploitation en salle était visé, celui-ci s'accroît de 3 mois. Il faudra ainsi attendre une année et trois mois après la diffusion au cinéma pour regarder un nouveau film chez Netflix, Prime Video, et Disney+. La donne n'est pas encore fixée, et des négociations ont encore lieu à l'heure où ces lignes sont écrites. Néanmoins, en termes de délai, les SVOD sont peut-être les grands gagnants de cette réforme, passant de trois années d'attente à moins d'une année et demie désormais.
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Chaînes publiques, investissements en France : les changements de la chronologie des médias 2022
Lorsqu'elle sera définitivement promulguée, la nouvelle chronologie des médias devrait amorcer de nombreux changements. En premier lieu, et comme établi auparavant, les délais de diffusion devraient être raccourcis, aussi bien pour Canal+ que pour ses concurrents SVOD. Cependant, la directive SMA, Services de Médias Audiovisuels, indique que 30% d’œuvres européennes devront composer leurs catalogues respectifs. Netflix et Amazon semblent être sur la bonne voie, avec des séries et films comme la Casa de Papel, Dark, Ne montre jamais ça à personne, ou encore l'acclamé Brutus vs. César (on plaisante, c'est un navet, malgré toute l'affection portée à la filmographie de Kheiron).
La chronologie des médias 2.0 dessert cependant les chaînes gratuites. TF1, M6, ou les chaînes de France Télévision participent également au financement du cinéma français. Selon les divers scénarii envisagés actuellement, elles pourraient être défavorablement impactées par les nouvelles normes à venir. Première conséquence assurée : les services de replay ne pourraient proposer que 10 films simultanément. Heureusement que Salto est là pour sauver la face du PAF français...
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