Vous en avez marre des open-worlds ? Il faut dire que la recette est assurément le genre proéminent de ces dernières années, avec d'illustres représentants à son bord. The Legend of Zelda : Breath of the Wild, Horizon Forbidden West, GTA V ou Assassin's Creed Valallah, sont les derniers représentants d'un genre surexploité.
Chorus, de son côté, dispose d'ambitions à la fois plus timides, mais également plus grandes que ses illustres aînés. Prenant pour toile de fond une lutte contre l'emprise d'une secte occulte, le jeu est une ode à la SF et au dogfight, avec de superbes graphismes en prime. Le jeu est-il exempt de tout défaut pour autant ? On va voir c'quon va voir.
C'est quoi le refrain de ce jeu vidéo, Chorus ?
Par le passé, le Culte aspirait à la libération et l'harmonie de toutes les parties de la Galaxie. Au fil du temps, son Grand Prophète devint de plus en plus incontrôlable, influençant sa plus fervente apprentie, Nara. Au cours d'une mission, elle est sommée de détruire entièrement une planète. Les cris de ses habitants la poursuivent, l'accablent, et l'obligent à fuir aux confins de l'Espace. Dans sa fuite, elle abandonne ses pouvoirs comme son fidèle vaisseau, Forsaken, doué de conscience.
Des années passent. Nara vit désormais une existence tranquille, composée de missions pour le bénéfice de Sav et Ree, deux personnes bienveillantes. Il semble cependant que le Culte souhaite étendre son emprise jusqu'à ce lieu reculé de la Galaxie, confrontant Nara avec ce qu'elle a été, et ce qu'elle refuse de redevenir. Pour braver les dangers, il va lui falloir se confronter à sa culpabilité, au mal qu'elle a fait, et l'ami abandonné au fin fond d'un temple.
Heureusement, alors que les attaques du Culte persistent, elle peut compter sur ses pouvoirs et les armes de son vaisseau, sans même mentionner ses admirables capacités de pilote.
Conditions du test
Le jeu a été testé à partir d'une version commerciale digitalisée, et jouée sur Playstation 5. Sur ce support, les paramètres ont été placés sur Performances, pour accéder à un taux de rafraîchissement constant de 60 FPS. Quelques rares clippings, lors de téléportations à certains points de la carte, se sont signalés ; hormis cela, le jeu est très solide d'un point de vue technique.
Un semi open-world dans l'Espace aux graphismes astucieux
Dans la forme, Chorus prend à son compte tous les codes (éculés) de l'open-world. À bord de son vaisseau, Nara devra arpenter différentes sections de la Galaxie ; accepter des missions ; récupérer quelques collectibles qui lui permettront d'améliorer son véhicule ou d'acheter des upgrades ; se faire interrompre dans ses pérégrinations par des évènements aléatoires.
Pas de grande révolution, donc, mais quel souffle de fraîcheur néanmoins ! En effet, Chorus privilégie tout d'abord sa narration à la pure liberté de mouvement. Preuve en est, par ailleurs, le fait que le jeu soit séparé en plusieurs régions auxquelles on accède une fois les missions principales des précédentes résolues.
Au gré de son avancée, Nara explore différents environnements, reconnaissables parmi cent, et bientôt les joueurs se trouvent à l'aise aussi bien dans une zone rocheuse qu'une autre avec une brèche en toile de fond. À ce titre, reconnaissons que la technique de Chorus confère un aspect carte-postale à tous les environnements. Le jeu est très agréable à parcourir grâce à ses effets de lumière et ses astuces pour distinguer les adversaires dans l'opaque immensité stellaire.
Trois vitesses permettent d'arpenter la Galaxie, avec une marche avant standard, un premier turbo, et une vitesse exacerbée, durant laquelle il ne sera pas possible de tirer. Durant les missions, celle-ci n'est généralement pas accessible, pour centrer le joueur sur les objectifs. Un bouton permet d'examiner, grâce au radar spirituel de Nara, les environs, détectant les points d'intérêt et les collectibles. Rien que de très traditionnel, donc, mais l'emplacement, l'Espace, confère un charme indéniable à la production de Deep Silver.
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Éclatée, la narration voit poindre des arcs très maîtrisés
L'un des grands dangers de l'open-world est de ne pas pouvoir rythmer la progression du joueur, par le biais d'évènements scriptés. De ce point de vue là, il est vrai que Chorus rencontre certains de ses défauts. Le jeu est parsemé d'éléments de lore, approfondissant de manière conséquente l'univers établi. Entre la création des Sans-visages, la menace imminente du Culte, le passé de Nara et les personnages secondaires, les joueurs devront conserver leur attention pour saisir toute la portée de Chorus.
D'autant que bon nombre de dialogues ont lieu lors des phases de combat. Dans ces moments, il est extrêmement compliqué d'à la fois manœuvrer le vaisseau, et de lire les échanges que celui-ci a avec sa pilote. Car oui, le vaisseau spatial est doué de conscience, et se prénomme Forsaken. La relation entre Nara et son véhicule constitue d'ailleurs l'un des grands points forts de l'aventure.
Si Nara est percluse de culpabilité, et souhaite se défaire des exactions perpétrées par le passé, Forsaken est dans le ressentiment, à juste raison. Délaissé pendant des années au fin fond d'une grotte, Forsaken souhaite s'émanciper du contrôle des humains, et particulièrement de Nara, sur sa personne. Cela aura pour conséquence certaines des missions les plus mémorables de l'aventure, avec une véritable profondeur donnée au vaisseau de l'ancienne membre du Culte.
Au-delà de ça, les missions secondaires parviennent à se greffer de manière harmonieuse à l'aventure, pour les principales en tous les cas. Bon nombre de petites quêtes sont complètement anecdotiques, nécessitant d'escorter tel vaisseau, ou de détruire des débris. Là où la mise en scène se révèle plus embêtante, c'est dans les cut-scenes. Incroyablement datées dans la technique, elles ne font pas honneur aux qualités du jeu et brisent le rythme instauré.
On a quelques doutes, mais on le met ici
Forsaken est-il inspiré par le jeu vidéo du même nom sorti sur PC, PSOne et Nintendo 64 en 1997 ? Nul ne le sait, mais ce ne serait pas absurde non plus !
Pilotage et pouvoirs spéciaux : le combo gagnant de Chorus
Si Chorus est une réussite, il le doit justement au rythme imposé par les dogfights spatiaux. Nerveux et dynamiques, ils profitent des divers pouvoirs et de l'arsenal militaire du duo Nara-Forsaken. Véritable combo gagnant, cette association permet de piloter idéalement à travers les astéroïdes, en proie ou traquant les ennemis, pirates, Cultistes ou Sans-visage.
Au fil de l'aventure, Nara pourra s'équiper de nombreuses compétences. La première, c'est celle de se téléporter derrière un vaisseau adverse ; la seconde, celle de drifter, peut-être la plus technique de ses compétences. Drifter, ou dériver, dans la langue de Lagaf', signifie conserver sa trajectoire tout en changeant l'axe du vaisseau. Concrètement, cette possibilité permet de se retourner directement après une joute spatiale pour canarder son ennemi.
Avec la perturbation, Nara pourra aussi rendre confus les pilotes ennemis. Ceux-ci ne seront plus maîtres de leurs véhicules pendant quelques instants, risquant de s'écraser contre un pan du décor. À ce titre, il faut souligner le soin mis en œuvre par les développeurs pour diversifier les approches. Non content de proposer un bestiaire assez conséquent, entre vaisseaux rapides, blindés, lançant des mines, ou des lasers nécessitant une vrille pour les esquiver, Chorus inclut également un système d'objectifs de styles.
Extra-diégétique, celui-ci induit des seuils à atteindre pour améliorer les capacités du vaisseau. Ainsi, en exécutant 5 vrilles parfaites pour esquiver des lasers, le rang 2 sera obtenu, autorisant des dégâts moins conséquents pour les tirs adverses. Il existe 15 objectifs différents, chacun doté de 5 paliers à atteindre. Si l'on rajoute à ça les armes et modules à équiper sur Forsaken, Chorus est un jeu de tir spatial complet, nerveux, et hyper agréable à jouer.
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Chorus : des choix délibérés ou forcés qui allourdissent l'expérience
Si, par bien des aspects, Chorus est une réussite, certains défauts sont à relever au cours du périple qu'il propose. Ces écueils sont le plus souvent pardonnables, dus aux moyens limités de l'équipe de développement ; pour quelques-uns toutefois, il s'agit davantage de choix délibérés et maladroits. Parce que tout n'est pas rose, voici un contrepoint sur le jeu Chorus.
Un jeu vidéo aux moyens limités mais aux grandes ambitions
L'astuce dont font preuve les développeurs de Deep Silver cache parfaitement certains défauts techniques. Les graphismes, touchant au sublime, atteignent leurs limites sur les animations faciales de Nara, trop souvent mises en scène dans les cinématiques. Il est difficile de s'attacher au personnage principal, en dépit d'une histoire qui aborde des sujets sensibles, tels que la culpabilité, le poids des responsabilités, et la fidélité envers et contre tout à un esprit de groupe qui se mue, à terme, au culte de la personne.
Par ailleurs, le monde de Chorus est vide. Ce n'est pas un souci, la plupart du temps, tant l'Espace se prête à ce type de représentations. Néanmoins, une fois arrivé dans des milieux urbains, la donne ne change pas tellement. Des bâtiments sont présents, mais on voit mal comment des personnes peuvent vivre dans semblables environnements. Se dégage du jeu une impression de bac à sable qui ne porte pas son nom, avec finalement des possibilités très linéaires de missions, aussi bien secondaires que principales.
La plupart du temps, le jeu de Deepsilver applique sagement la formule de l'open-world. Le joueur voit un point d'intérêt sur la carte, s'y rend, et devra effectuer la mission. Régulièrement, il est interrompu par des évènements aléatoires, qu'il est possible de refuser. À cela, il faut peut-être appliquer une piste de réflexion.
Chorus est le premier jeu, fait de A à Z, par le studio Fishlabs sur console. Par le passé, il a pu s'illustrer par des portages de jeux sur d'autres supports, tels que les Saints Row : the Third et le quatrième opus sur Nintendo Switch. Jusqu'alors, le mobile accueillait la plupart de leurs jeux, notamment la saga Galaxy on Fire, qui augurait déjà de Chorus. Pour cette première aventure, le studio a disposé d'un budget moindre que pour les open-worlds les plus célèbres ; néanmoins, il l'utilise à bon escient, notamment grâce à une esthétique ravissante.
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Narration et murmure : l'agaçant problème de Chorus
On l'a dit : le combo Forsaken - Nara fonctionne particulièrement bien. Néanmoins, la protagoniste principale a souvent tendance à murmurer une sorte de punchline à la fin de chaque échange. Une ritournelle qui ne choquera pas au premier abord, mais après près de 20 heures de jeu pourra lasser. Les misophones prendront vite en grippe cette tendance ; pire, l'entourage domestique qui entendra ces murmures demandera vite au joueur d'utiliser un casque ou de baisser le son.
Ce concept de marmonarration, tel que théorisé par le YouTubeur Pseudoless, plombe un peu les intentions du jeu. Ce ne serait pas un écueil véritable si les conditions de récits autres étaient idéales. Et malheureusement, ce n'est pas le cas. Trop souvent, pris dans des combats nécessitant une grande concentration, les personnages se lancent dans des discussions éclairant des points de l'histoire. Le joueur peut attentif, trop prompt à tirer sur les adversaires, risque alors de rater de nombreuses informations.
Par ailleurs, on peut se poser la question de la pertinence de mettre en scène Nara dans des scènes externes à son vaisseau spatial au gré des cinématiques. Jamais, dans le jeu, elle ne quittera le véhicule. Pourtant, dans les cut-scenes, souvent la voit-on utiliser ses pouvoirs sans l'entremise de son vaisseau. Une question se pose alors : des scènes de jeu à pieds étaient-elles prévues ? Il y a fort à parier. Dans les faits, cela aurait proposé une variété de gameplay bienvenue. Peut-être pour un futur Chorus 2 ?