Et si on vous disait qu'une production parvient à mêler des éléments de films et de jeu vidéo dans un film horrifique fauché, mais hautement attachant ? Que le tout parvient à s'inscrire dans une temporalité moderne, en jouant de la mode du streaming façon Twitch pour accrocher les spectateurs ? Ce petit miracle a pour nom Deadstream, film dont il est question dans cette critique.
La picth de poche de Deadstream
Shawn Ruddy est dans la panade. L'influenceur, porte-étendard de nombreux services de streaming, a une fois de trop provoqué la conscience du grand public. Suite à sa dernière vidéo, ayant créé la polémique, ses sponsors l'ont abandonné.
Ne reste plus pour lui qu'un chemin : la repentance, et le grand pardon. Pour cela, il décide de revenir avec un concept des plus accrocheurs. Lui qui a peur du noir, il lui faudra passer une nuit complète dans une maison hantée, en streaming live. Une condition à respecter : si un événement survient, il est obligé d'aller regarder. Et surtout, il ne peut pas fuir.
Pour ce faire, ses méthodes sont extrêmes. Il enlève un élément essentiel à sa voiture, et le jette dans la forêt. Puis, tant qu'à faire, s'enferme littéralement dans la maison hantée, en en cachant la clé. Au moins, il n'y a plus de retour en arrière possible.
Le problème est justement là : il n'y a plus de retour en arrière possible. Et si cette maison hantée était véritablement habitée par des esprits peu réceptifs à l'ère du streaming ?
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Un concept accrocheur, dans l'air du temps
Accompagner Shawn Ruddy dans son excursion nocturne au sein de la maison hantée qu'il visite, c'est aussi se confronter à un dispositif particulièrement élaboré en matière de mise en scène. Tout, dans le film, est particulièrement calculé pour représenter cette nouvelle frange de vidéastes à l'ère du streaming façon Twitch ou Tiktok.
De la perche à selfie, jusqu'aux Go Pro, en passant par les multiples caméras attachées à chaque recoin de la maison : chaque élément est parfaitement justifié diégétiquement, et le long métrage de Joseph et Vanessa Winter parvient à retranscrire l'émulsion, la frénésie de ce nouveau type de visionnage.
En marge, les spectateurs peuvent la plupart du temps lire les commentaires des followers. Ces commentaires ajoutent indéniablement un plus au revisionnage. Peut-on parler de replay-value ici ? Ils permettent à la fois de davantage caractériser le personnage principal, la perception qu'en ont ses fans ou détracteurs, et, à l'occasion, de bien faire rire.
Ce dispositif, apporté au traditionnel found footage, permet à Deadstream d'éminemment se distinguer de la masse de films horrifiques. En dépit de ses moyens fauchés, disons-le : rares sont les candidats à se montrer aussi truculents que ce long métrage là.
Avec des moyens minimes, Deadstream parvient à faire de son personnage un antihéros aussi attachant qu'il est agaçant. Véritable pilier du film, l'acteur Joseph Winter parvient à accaparer l'attention des spectateurs. Et les plonger dans un concept parfaitement maîtrisé, peu avare en influences.
Evil Dead, Resident Evil, Blair Witch : le mélange d'influences de Deadstream
Pour qui a une certaine connaissance du cinéma horrifique, ou des survival-horror, Deadstream est un véritable bonbon. Chaque séquence témoigne d'un amour quant au registre de l'horreur, avec des inspirations modernes et assimilées.
Impossible de ne pas penser, dans la présence d'un deuxième personnage, à la compagne d'Ethan Winter dans Resident Evil 7 biohazard. Sa silhouette et son visage rappelleront évidemment Mia, y compris dans son développement.
Il faut le dire, également : Deadstream est fauché. Cela se perçoit par des maquillages et déguisements grotesques, très proches de la série Z. Impossible, toutefois, de ne pas y voir une déclaration d'amour à l'égard du premier Evil Dead.
Le premier film de Sam Raimi, et (cela n'engage que votre humble serviteur) le plus réussi dans son mélange d'horreur et de comédie, est littéralement cité à travers les différentes créatures abritées dans la maison hantée.
Bien sûr, qui dit found footage, dit également Blair Witch. Le premier film de cette franchise est une référence du genre, et la culture du hors champ afin de dissimuler un budget minime est parfaitement comprise par Deadstream.
En dépit du caractère de son personnage, de ses petits moyens, Deadstream possède également une franche inclinaison à l'horreur. Dans certains moments, le long métrage parvient à élaborer une ambiance particulièrement bien vue, à moindres frais. Une prouesse, que l'on n'espérait pas.
En consolidant ces influences, le film de Vanessa et Joseph Winter est une franche réussite. Deadstream se découvre, se déguste, se revoit, et se partage. Franchement recommandé.