Cyberpunk 2077 est sorti en grande pompe sur PS4, Xbox One et PC, pour des résultats plus que mitigés. Des années après, les gars de CD Projekt RED n'ont eu de cesse que de travailler. Cet effort acharné est-il payant avec les nouvelles versions, disponibles sur ordinateur, PS5 et Xbox Series X ? Attention aux espoirs déçus.
De quoi ça parle, Cyberpunk 2077 ?
Vous incarnez V, un mercenaire acceptant divers contrats après avoir subi une désillusion. Accompagné de son ami Jackie Welles, l'une des rares personnes de confiance dans la ville de Night City, il mène une mission pour récupérer une puce mythique, baptisée la Relique, des mains de la mégacorporation Arasaka.
Pas de chance, la mission tourne mal. Et c'est peu de le dire. Alors que le cambriolage s'effectue sans problème, les deux dirigeants de la société arrivent dans le salon. V et son acolyte assistent au meurtre de la tête pensante d'Arasaka des mains de son fils. Évidemment, bientôt la responsabilité de l'assassinat leur retombe dessus, les forçant à prendre la fuite.
Si Jackie décède durant cette évasion, V est sauvé de justesse par la puce, insérée dans sa tête. Vu que la chance est quelque chose de bien lointain dans cet univers impitoyable, il fallait que la personnalité d'un terroriste anarchiste très ronchon, Johnny Silverhand, soit présente sur cet outil électronique.
Progressivement, la personnalité de V est envahie par celle de l'ancien rockeur. Il va falloir trouver une solution à cela, et plutôt vite, au risque de voir Keanu Reeves partout où V se rendra.
Bienvenue dans Night City.
Conditions de test de Cyberpunk 2077
Le jeu a été testé depuis une version commerciale sur PS5, à partir de la version PS4. Cyberpunk 2077 bénéficiant d'une mise à niveau gratuite vers la PS5. Les paramètres ont été placés sur Performances, afin d'accéder au 60 FPS constant. Malgré le travail à rebours de CD Projekt RED, de nombreux bugs ont émaillé le parcours, particulièrement en fin d'aventure.
Cyberpunk 2077 : la révolution futuriste du jeu vidéo, ou camouflet de standing ?
Rarement jeu aura été aussi attendu que Cyberpunk 2077. Et, contrepartie oblige, rarement un jeu aura autant déçu au moment de sa sortie. Fort d'un marketing outrancier lors de sa parution, Cyberpunk 2077 aura suivi un chemin de croix afin d'enfin se faire apprécier auprès des joueurs.
Sorti en grande pompe en décembre 2020, le nouveau titre des développeurs de la saga The Witcher, CD Projekt RED, avait été présenté en 2013. Un teaser alléchant, ayant fait le bonheur des amateurs d'univers cyberpunk. Il faut le dire : ces environnements sont trop rares dans le monde du jeu vidéo.
Néanmoins, à sa sortie, le jeu fut pointé du doigt pour ses nombreux problèmes techniques. Si, sur PC, Cyberpunk 2077 pouvait être relativement plaisant, les versions PS4 et Xbox One furent rapidement cataloguées comme injouables. Au point que Sony puis Microsoft les retirèrent de leurs plateformes de vente digitalisée respectives.
Commençait alors pour cette production triple A, parmi les plus chères du secteur, une véritable opération de réhabilitation. Les développeurs ont repris le bleu de chauffe, étant à l'écoute de tous les soucis rencontrés, pour enfin faire renaître Night City de ses cendres.
Après les sorties sur consoles next-gen, que vaut Cyberpunk 2077 près de deux ans après sa sortie ? Bien aidé par le succès de l'anime Edgerunner sur Netflix, sa popularité n'a jamais été aussi haute. Tous les soucis ont-ils été réglés pour autant ? Et surtout, l'adaptation du jeu de plateau est-elle à la hauteur des ambitions affichées ?
Night City, un terrain de jeu marquant absolument somptueux
Dès les premiers instants passés au sein du jeu, l'ambiance de la ville marque durablement les esprits. Évoluer au sein des rues de Night City est particulièrement grisant. Son ambiance est affinée, travaillée, embellie par des couleurs néons et flashy qui projettent leurs meilleurs reflets sur les voitures et motos qui sillonnent le bitume.
Tout au long de l'aventure, plus d'une fois le joueur se prend à regarder des panoramas somptueux permis par la ville. Si, dans ses dimensions, le terrain de jeu de Cyberpunk 2077 est loin de rivaliser avec la concurrence, Just Cause et GTA V en tête, là n'est pas l'intérêt de cette cité nocturne.
Night City est particulièrement ramassée sur elle-même, avec une gestion de la verticalité parfois grisante. Celle-ci permet d'escalader plus ou moins aisément certains bâtiments. Armé de certains implants, double saut ou saut chargé en tête, votre personnage pourra souvent résoudre des missions en se glissant sur les toits d'immeubles, avant de se glisser auprès de l'objectif.
Néanmoins, cette mobilité exacerbée n'est pas toujours utile. Aucune manière, par exemple, de se laisser descendre, petit à petit, des plus hautes cimes de la cité jusqu'à ses ruelles les plus basses. Dommage ; la sensation de liberté en prend un peu pour son grade. Ce constat donne un peu plus le ton d'un jeu qui se voulait révolutionnaire, mais qui reste particulièrement entravé par les codes connus de l'open-world.
Un panaché d'influence pour un gameplay qui manque de peps
Dans la pratique, Cyberpunk 2077 fait de son mieux pour concilier le meilleur de plusieurs références plus ou moins récentes.
La possibilité d'aborder une même situation par différents angles fera bien sûr penser aux immersive sims, Deux Ex : Human Revolution et Dishonored en tête. Les combats, pour leur part, s'ancrent entièrement dans la tradition de hack n' slash / RPG érigée en modèle par la saga Borderlands. D'un autre côté, le ton polémique et provocateur, et les piratages, feront penser à deux références récentes du genre, GTA V et Watch Dogs.
En dépit de toutes ces influences, jamais le jeu de CD Projekt ne parvient à surpasser ses modèles. Chaque aspect est relativement agréable, sans réussir à proposer quelque chose d'entièrement neuf. C'est déjà un petit miracle en soi que Cyberpunk 2077 soit doté d'une identité propre, bien aidé par ses protagonistes, son univers, et son lore.
Faussement compliqué, avec ses innombrables modifications et arbres de compétences pour développer son joueur, le jeu n'en ressort jamais grandi. Cyberpunk 2077 semble avoir le séant entre deux chaises, en ne choisissant jamais entre une aventure scriptée et une promesse non tenue de liberté.
Pourtant, il y avait un effort, cohérent d'un point de vue diégétique, à fournir de ce point de vue là. Très tôt, toutefois, les joueurs se verront confinés dans une approche très bourrine du FPS. Et pas forcément valorisante, au niveau des compétences et stratégies demandées.
Le joueur peut ainsi équiper des implants sur lui, modifiant ses capacités sur tout son corps. Ces capacités peuvent elles-mêmes s'améliorer par le biais d'un arbre de compétence, divisé en 5 troncs, dont l'un restera inaccessible durant l'entièreté du jeu. Selon la méthode d'approche, les troncs gagneront de l'expérience, alors que le joueur progressera parallèlement en niveau global.
Un système qui paraît complexe, mais bien artificiel en regard des méthodes à privilégier pour surmonter les obstacles présentés.
L'important, c'est la quête dans Cyberpunk 2077
Cyberpunk 2077 a le bon goût de proposer un filtre dynamique pour sa carte. Fort heureusement, tant les activités pointées sur celles-ci peuvent se faire aussi intrusives que dans vos pires cauchemars d'open-world signés Ubisoft.
Au-delà des missions principales, le jeu regorge d'activités tierces. Récupération de voitures ; activités de la police ; contrats établis par des fixers, entremetteurs du monde de Cyberpunk ; missions annexes ; élimination de personnes atteintes de cyberpsychose ; rien n'est épargné aux joueurs. Si les contrats et les missions annexes peuvent présenter certains intérêts, leur écriture est souvent inconstante.
Un petit truc sympathique se glisse dans l'aventure ; la possibilité de concrétiser ses connaissances musicales à travers le nom des missions, chacune nommée d'après une chanson (plutôt rock, d'ailleurs). Il s'agira là de la seule satisfaction à aborder une nouvelle mission.
La plupart d'entre elles se résument à une montagne de documentation, présentant les enjeux et cimentant un peu plus l'univers. Pourtant, pour l'essentiel, chacune des activités tierces se résume à se rendre dans un lieu hostile, dégommer les quelques personnes présentes, récupérer un individu ou un objet, et ressortir, potentiellement avec un corps entre les bras.
Peu de variété, donc, et surtout la possibilité d'aborder des situations différemment assez peu valorisée. Que vous soyez portés sur l'infiltration, et utilisiez des piratages rapides pour éliminer vos cibles, le jeu sera d'une simplicité extrême. Si en revanche vous comptez sur la force brute, aucune qualité et skill de joueur ne sera spécialement demandée. Le jeu se contente de dérouler son modus operandi, sans jamais vouloir révolutionner sa formule.
Vous visitez Night City ? Ça tombe bien, ses habitants aussi
Certains personnages secondaires resteront dans les mémoires (River Ward, Judy Alvares, Jefferson Peraltez, Claire), beaucoup sont mal intégrés dans l'univers du jeu, donnant l'impression qu'il ne sait pas où donner de la toute. C'est simple : d'un jeu aux ambitions démesurées, Cyberpunk devient très rapidement un fourre-tout géant, qui ne réussit jamais à se canaliser pour ordonner un ensemble cohérent.
Cette dimension se perçoit dans l'univers même du jeu. Toute la communication graphique, telle que perçue à travers la télévision, les spots de publicité, ou les émissions de radio, donnent une tonalité très portée sur le scandale, la polémique et le sexe. Néanmoins, jamais dans les interactions avec les personnages secondaires, cet aspect sera confirmé. C'est comme si V et ses alliés avaient été transportés dans Night City, sans jamais en avoir appris, par habitus, les codes inhérents à son fonctionnement.
En dépit des différentes fins proposées, il est un élément qui pêche grandement dans Cyberpunk. Impossible de faire du personnage principal un antihéros. V se transforme inlassablement en Yes-Man prônant la liberté, l'amitié, et ce genre de choses. Jamais il ne peut épouser des principes contraires à ce qui est ordinairement considéré comme "le Bien".
Dans la plupart des jeux, cela ne poserait aucun souci. Mais dans un microcosme social aussi disparate, conflictuel et complexe que Night City, représenter certaines tensions intrinsèques à un résident des lieux aurait pu avoir son intérêt. Au final, le jeu est à l'image de son prologue. Qu'importe l'origine que vous choisirez, vous finirez toujours dans le même moule.
Et cela, alors même que Johnny Silverhand, incarné par Keanu Reeves, est un terroriste anarchiste. Le joueur est prévenu que la personnalité de V s'effacera au profit du défunt rockeur envahissant son cerveau. Dans les faits, toutefois, n'en résultent juste que quelques sautes d'humeur en plus, des prises de position un peu plus sociales, et des cigarettes additionnelles.
Un ensemble assez décevant, provoquant un effet de dissonance ludo-narrative assez rare. Le personnage fait trop de place à des principes très politiquement corrects. Alors même que son berceau, Night City, aurait dû l'influencer avec d'autres tendances.
Les bugs, les grands ennemis de Cyberpunk, ont-ils disparu ?
La bonne nouvelle, en revanche, c'est qu'après son démarrage houleux, Cyberpunk 2077 est enfin jouable. Les bugs ont déserté Night City, du moins sur consoles next-gen et version PC.
Enfin, tout est relatif, et il convient plutôt de rectifier la sentence précédente. Cyberpunk 2077 peut se terminer. C'est déjà une chouette chose en l'état ; néanmoins, quand on fait un foin du travail effectué, à rebours, sur le jeu des années après sa parution, la présente version fait encore peur à voir.
Passants et voitures qui disparaissent d'un coup ; personnages décapités qui entament des conversations pour finir les quêtes ; ennemis bloqués dans des véhicules ; passants fixes, immobiles dans la rue ; tout cela paraît peu peaufiné. Surtout, jamais un GTA V, dès sa sortie, n'avait eu ce type de problèmes, pour un modèle et un budget équivalents.
Plus embêtant encore, certains bugs empêchent le bon déroulement de l'aventure. Certains véhicules conduits par des PNJ peuvent se bloquer pendant de longues minutes si vous êtes à leur bord. Certains objets de missions être tout simplement intouchables à leur approche. Face à ce type de problème, votre aimable testeur n'a eu d'autre choix que de recourir à une solution censée être obsolète ; recharger un ancien point de sauvegarde.
Et courage à ceux qui espèrent obtenir tous les trophées. Certaines quêtes, les voitures à acheter en première instance, se déclenchent de manière très inconstante. Et cela sans même parler des intitulés de trophées assez mal énoncés.
Cyberpunk 2077 est-il un bon jeu, des années après sa sortie ?
Jusqu'à présent, le test donne l'impression d'un portrait à charge. Pourtant, Cyberpunk 2077 réussit à être captivant, et franchement enthousiasmant, par à coups. Ces fulgurances, le titre de CD Projekt RED les doit aussi bien à son univers qu'à certains de ses personnages. Par ailleurs, le gameplay FPS, aussi bourrin soit-il, peut se montrer parfois chouette dans les sensations procurées, bien aidées par les vibrations des manettes.
L'immersion est le maître-mot de Cyberpunk 2077. Le terrain de jeu est vaste et ramassé à la fois, bien découpé, avec chaque région aisément reconnaissable. Néanmoins, pour un jeu disposant d'un tel budget, et censé être une avancée signifiante pour le jeu vidéo, on ne peut qu'être déçu.
C'est de cette révolution échouée que ce test se fait le miroir. A posteriori, une fois les effluves du bitume de Night City évanouies, on ne pourra que le comparer à d'autres oeuvres. À ce titre, sur cette idée d'un environnement urbain rêvé qui engloutit les âmes y résidant, la cohésion et le propos de GTA IV étaient bien plus aboutis, plus d'une dizaine d'années avant.
Si Cyberpunk 2077 est un jeu sympathique, désormais jouable, et par moments enthousiasmants, il ne s'agit à aucun moment d'un grand jeu. On pourra reprocher, à cet égard, la communication de CD Projekt RED, ou peut-être le surplus d'attentes après le succès de The Witcher 3.
Toujours est-il que la visite dans les rues de Night City, aussi grisante puisse-t-elle être par moments, ne reste pas dans les mémoires. Les souvenirs sont très vites dépassés par d'autres, plus mémorables, et bien moins prétentieux dans leur communication.