Le found-footage est un genre cinématographique qui tend à souvent revenir et s’essouffler très vite. Il y a eu Le Projet Blair Witch (1999) qui a d’abord popularisé le genre, puis REC (2007) ou encore Cloverfield (2008). Le genre est éminemment associé à l’horreur et au film de monstre. C’est davantage à ce second genre qu’est lié Troll Hunter, sorti en 2010 en Norvège et arrivé en 2011 en France. Il n’aura pas fallu longtemps pour que le film d’André Øvredal acquière un certain statut culte. Il est désormais édité dans une nouvelle édition Blu-Ray et DVD par ESC Editions & Distributions.

Le pitch de poche de Troll Hunter

Un groupe d’étudiants en cinéma tournent un documentaire sur un chasseur d’ours suspect. Celui-ci ne sort que la nuit et n’a pas de licence. Les étudiants décident de le suivre et comprennent que loin de chasser les ours, l'homme chasse les trolls de Norvège pour le gouvernement. Un métier loin d'être bien rémunéré, et qui incite donc Hans à révéler l'existence de ces monstres devant une caméra.

Troll Hunter : « Il y a des trolls en Norvège », c’est pour ça qu’il y a des lignes haute tension

Le film utilise le found-footage non pas pour créer la peur comme ont pu le faire les trois films précédemment cités, mais pour basculer dans le comique. La première source de comique, c’est le personnage de Hans, le chasseur de trolls. Au début, il semble froid, bourru, comme un homme qui en a trop vu. En réalité, dès qu’il commence à révéler ce qu’il fait, il admet qu’il est prêt à tout balancer parce que c’est un travail mal payé et mal considéré, et que tout montrer à la TV pourrait faire changer les choses. Une attitude antihéroïque qui lui ajoute un capital sympathie assez important.

Dévoiler l'existence des trolls face caméra : il y a comme un hic

La comédie vient interrompre l’horreur à plusieurs reprises : le premier troll vu semble extrêmement dangereux, il menace de tuer le caméraman, puis on nous révèle que ce troll, comme tous les autres, est bête à littéralement manger des pneus ou sa propre queue, et que c’est un miracle qu’ils soient capables de se reproduire. Plus tard, tous les personnages sont coincés dans une grotte avec des trolls endormis. On passe de la menace (les trolls entrent dans la grotte) au comique (ils ont une démarche balourde et un nez massif), puis à la menace (les trolls bloquent la sortie) au comique (ils ronflent et pètent).

Par-dessus ce mélange des genres, Troll Hunter parvient à conserver une dimension épique et lyrique : les paysages de la Norvège sont tout simplement sublimes à chaque plan sur la nature. Les montages, les cascades, les champs et les plaines ajoutent bien une touche lyrique qui peut rappeler la peinture romantique du XIXe siècle, ou l’œuvre de Theodor Kittelsen ; et la rencontre avec un troll de plus de 50 mètres ponctue l’œuvre d’un souffle épique presque inattendu, mais diablement efficace.

Renouveler le found-footage : Troll Hunter est-il un film méta ?

Le found-footage est un genre qui peine à s’imposer et à se renouveler, et les perles sont encore assez rares auprès du grand public. Troll Hunter en fait partie, et c’est aussi parce qu’à sa façon, il questionne le genre du found-footage. Cela se ressent dès les cartons qui ouvrent le film. Ceux-ci expliquent que toutes les images ont été trouvées et qu’elles représentent 283 minutes de film.

Cependant, pour la diffusion, ces images ont été remontées afin de proposer un film de 103 minutes. Ce qui est dommage, c’est que certaines images semblent incohérentes avec le found-footage, comme quand on voit le véhicule du groupe rouler : qui filme dans ce cas ?

L’aveu est là : Troll Hunter un film, avec tous les procédés narratifs qui viennent avec, mais surtout avec les techniques de montage que l’on connaît pour impacter le rythme ou les émotions du spectateur. Avant même que le film commence, l’aveu de son aspect artificiel est fait. D’autant plus que le spectateur n’est clairement pas dupe et sait que rien n’est vrai. A priori, appelez-moi un sceptique, les trolls n’existent pas. Or, le spectateur s’attend à voir des trolls : c’est dans le titre !

Cette « blague » trouve un écho à la fin du film. Celui-ci se conclut sur un extrait d’une conférence de presse du premier ministre norvégien Jens Stoltenberg parlant de problèmes avec des lignes haute tension, et de la nécessité de celles-ci car « il y a des trolls en Norvège ». Le personnage de Finn Haugen, chargé de garder l’existence des trolls secrète dans le film, lui jette alors un regard effaré.

Il s’agit là d’une simple astuce de montage et d’une incrustation qui fait écho auxdits cartons. Le langage cinématographique dit « tout est faux » alors que les mots disent « les trolls sont vrais ». Une belle pirouette et un beau trait d’humour.

L’univers de Troll Hunter : un found-foutage de grande gueule ?

Bon, OK, Troll Hunter utilise quelques codes du found-footage d’horreur et de monstre, mais finalement, c’est clairement une comédie, et même une comédie un peu méta. La bonne chose ici, c’est que le film ne hurle pas son côté méta pour dire « regardez, je suis intelligent » comme le font de nombreuses productions grand public. Au lieu de cela, il joue la carte du « toujours plus loin ». Pour notre grand soulagement, il n'inaugure pas ici le found-foutage de gueule.

Des trolls de parfois plusieurs dizaines de mètres, ça laisse des traces. « Les gens trouvent toujours des explications naturelles » nous dit Hans. Mais en réalité, un pont brisé ou un champ dévasté : c’est un Troll. Le gouvernement ment, c’est aussi simple que cela. Et des trolls, il en a de plusieurs sortes, plus ou moins grand, plus ou moins moche, et plus ou moins bêtes.

Parmi les espèces citées, on a les Rois de la Montage ou encore le Jotnar. De nombreux éléments sont inspirés des contes et du folklore Norvégiens, les amateurs de ces derniers ne seront ainsi pas perdus. Chasseur de trolls n’est pas un travail facile en plus, les trolls sont violents et agressifs envers les humains. Surtout envers les chrétiens : les trolls peuvent les sentir.

André Øvredal ajoute toujours des détails pour donner de la profondeur à son univers, pour rendre crédible la présence des trolls avec une organisation qui les cache. Il y a la classification des trolls, mais aussi cette histoire de lignes haute tension qui font un cercle et ne servent qu’à délimiter l’espace de vie dans la réserve de trolls. Puis il y a les fausses attaques d’ours pour détourner l’attention. Tout est absurde dans les actions du gouvernement, tout est trop gros pour être vrai et rappeler que non, on ne pourrait pas cacher l’existence de trolls en Norvège.

Bonus et caractéristiques du nouveau Blu-Ray de Troll Hunter

Troll Hunter vient d’être réédité en Blu-Ray en France par E.S.C. Editions, qui a aussi récemment réédité Planète Hurlante ou encore le Robin des bois de Kevin Reynolds (mais si, celui avec Kevin Costner, Morgan Freeman, ou encore Alan Rickman en Sheriff de Nottingham). L’édition est ici très simple visuellement : une pochette cartonnée autour de la boîte en plastique, mais une pochette avec un très beau visuel. La qualité d’image est au rendez-vous et cette édition propose une expérience de qualité pour le film. Le film est disponible en VO norvégienne 5.1 DTS HD, ou en Français 5.1 DTS HD. Un effort a donc été fait pour proposer une aussi bonne qualité de son en VF comme en VO. Les sous-titres français sont évidemment disponibles. Pour le format d’image, le film est en 16/9 compatible 4/3.

Concernant les bonus, on y trouve :

• 3 minutes de scènes coupées ;
• 8 minutes de scènes allongées ;
• 2 minutes de bêtisier ;
• 6 minutes sur les effets spéciaux, dédiés à la création des trolls ;
• 24 minutes sur les coulisses du tournage ;
• une galerie photo de 6 minutes.

Les scènes coupées sont assez sympas, et il semble que peu de choses aient finalement été retirées du montage final de Troll Hunter. Les éléments centraux de ces bonus, ce sont les effets spéciaux et les coulisses. Concernant les effets spéciaux, il ne s’agit que de modèles 3D à différentes étapes de leur création, mais sans aucune explication sur leur intégration au film. Tout défile trop vite, sans aucun son et, en fin de compte, on n’apprend rien. En revanche, les coulisses de tournages expliquent davantage d’éléments sur la façon dont les modèles 3D et les VFX ont été intégrés au film. Fonds bleus, explosions contrôlées, gestion des lumières et conditions de tournage sont au rendez-vous, et c’est la seule section qui nous apprend des choses sur la production, et le fait assez bien.

Pour un prix de 12,99€ en DVD et 16,99€ en Blu-Ray hors promotion, il s’agit d’une très bonne édition de Troll Hunter. Les fans du film peuvent mettre la main dessus facilement, et ceux qui souhaitent le découvrir ne prennent pas de grands risques.

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