Final Fantasy VI fait partie des épisodes les plus appréciés de la saga culte du J-RPG. Aux côtés du septième volet, cet opus nourrit d'amples souvenirs auprès des amateurs nostalgiques. Que se passe-t-il lorsqu'un nouveau joueur s'essaie, en 2023, à ce jeu de légende ? La sortie d'une nouvelle version pour PS4, Switch et PC était l'occasion de s'en rendre compte. Pas de surprise : ce test de Final Fantasy VI Pixel Remaster est à sens unique. Voilà un jeu qui transcende les générations.
Final Fantasy VI : une histoire épique confinant à la chimère
La guerre des Magi a ravagé le monde, provoquant la disparition de la magie dans le monde.
L'Empire utilise à mauvais escient une jeune femme amnésique, Terra. Dernière à être naturellement dotée de pouvoirs magiques, elle est contrôlée mentalement par l'oppresseur. Après un contact avec une Chimère enfouie, elle parvient à se défaire des liens qui la retenaient grâce à l'intervention de Locke, chasseur de trésors de son état.
Heureusement, ils seront très vite assistés de nouveaux compagnons pour faire face aux dangers. La menace la plus importante ? L'Empire, certes, mais également les nombreux monstres qui parcourent le monde. Et surtout, en filigrane, le terrifiant clown Kefka, et son rire enfiévré.
Le sort du monde est, ô surprise, entre vos mains. Saurez-vous montrer à la hauteur de la légende Final Fantasy VI Pixel Remaster ? Entre opéra chanté, château enseveli, mines désaffectées et adorables Chocobo, votre périple vous révélera maints secrets.
Conditions de test
Le jeu a été testé depuis une version commerciale et dématérialisée, sur PS4. Non mais, on allait pas non plus investir 1000€ pour avoir l'édition physique. Final Fantasy VI Pixel Remaster est issu de la version Super Nes. Aussi, faites une croix sur les cinématiques glanées lors du portage Playstation.
Comment redécouvrir une légende du J-RPG aux graphismes datés ?
S'essayer à Final Fantasy VI Pixel Remaster, c'est avant tout une intuition, et une envie avérée. Bon nombre de joueurs seront découragés par les graphismes datés, ou le gameplay loin d'être aussi dynamique que ce que proposent les productions modernes.
C'est, a contrario, ce qui m'a poussé vers le jeu, considéré comme une légende du jeu de rôle japonais, et désormais disponible dans sa version Pixel Remaster. Après la déception Final Fantasy XVI, je voulais voir comment ce dernier épisode se plaçait par rapport aux légendes de la saga de Square Enix.
Les opus III, IV, IX, X, XII et XIII parcourus par le passé m'avaient laissé un sentiment alternant entre l'enchantement et la sympathie. Jamais, jusqu'alors, je ne m'étais frotté à ce sixième épisode. Sa réputation le précède largement.
Pour peu que l'on s'intéresse quelque peu à la saga, Final Fantasy VI est souvent cité comme le meilleur épisode de la franchise. Aux côtés du bien connu septième épisode, dont on attend le second volet du remake.
S'essayer en 2023 à un J-RPG 16 bits, c'est bien entendu faire l'impasse sur quelques éléments. Point de système de combat dynamique ici ; oubliez les quêtes indiquées sur la carte ; pas davantage de véritable arbre de compétences affiché, d'ailleurs.
Ces quelques mentions ne me décourageaient pas pour autant, trop soucieux de me plonger dans une proposition radicalement différente de ce, on le rappelle, très décevant seizième épisode.
À quoi bon faire durer le suspens plus longtemps. Vous avez vu la note de ce test de Final Fantasy VI Pixel Remaster. Le jeu est excellent, et marque plus encore, plus d'un quart de siècle plus tard, par son audace. Reste à analyser les leviers qui font de cet épisode une réussite en tous points mémorable.
Final Fantasy VI Pixel Remaster garde le rythme tout au long de son aventure
God of War Ragnarök ; Horizon Forbidden West ; Final Fantasy XVI ; Cyberpunk 2077. Quatre références modernes, quatre types de jeux triple A. Et quatre propositions auxquelles Final Fantasy VI Pixel Remaster en remontre au niveau du rythme sur lequel se base son aventure.
Il est fascinant, trois décennies plus tard, de remarquer à quel point jamais le jeu ne se révèle lassant. Le sens de l'aventure porte à un dynamisme de tous les instants. Une ville ? Un donjon ? Un arc scénaristique ? Tout cela se parcourt avec grand plaisir. À aucun moment se prend-on à marteler un bouton pour passer des dialogues inutiles.
Loin d'être bavard, Final Fantasy VI possède un réel penchant cinématographique. Oui, en dépit de ses graphismes datés, difficile de ne pas penser à ce que donnerait cet épisode culte en série télé, ou sur grand écran. Il y a tout, dans cette histoire : du drame, de l'humour, de l'amour, de l'aventure avec un grand A majuscule comme dans Admirable.
La première dizaine d'heures du jeu établit ce constat. Avec ce jeu, l'éditeur autrefois appelé Squaresoft était au firmament de son art. Faisant passer le joueur d'un endroit à l'autre sans interruption, ne l'habituant jamais à un gameplay simpliste. Les situations sont variées, les cartes constamment rebattues, et l'intérêt du joueur sans cesse renouvelé.
Il s'agit tout bonnement d'une prouesse, surtout considérée la morne proposition des jeux modernes triple A. Final Fantasy VI Pixel Remaster parvient constamment à fasciner, enchanter, intriguer, et, finalement, impliquer. Cela, il le doit tout autant qu'à cette force cinétique que possède le périple, qu'à ses personnages, parmi les plus attachants de la saga de Square Enix.
Une mise en scène valorisant des personnages attachants
Une jeune femme amnésique ; un chasseur de trésors ; un prince dragueur ; une générale adverse ; un gamin ayant grandi dans la nature ; un mystérieux ninja ; un spécialiste des arts martiaux ; un guerrier endeuillé.
Difficile de trouver une cohérence à ce roster de personnages. Et c'est pourtant ce que parvient à faire sans rougir Final Fantasy VI Pixel Remaster. La qualité première du jeu est de se servir des interactions entre ses protagonistes pour bâtir un récit fort. Le fond et la forme s'aglomèrent de façon presque miraculeuse, à travers une mise en scène favorisant les moments épiques aussi bien que les temps plus calmes.
Pour s'en rendre compte, il suffit de visiter par hasard une ville avec un certain personnage. Là, les habitants le reconnaîtront, et un pan de son tragique passé se dévoilera devant ses compagnons. Parfaitement équilibrée, la narration n'hésite pas à séparer le groupe afin de renforcer les liens.
Certes, comme dans bon nombre de Final Fantasy, le joueur sera prompt à délaisser certains protagonistes au profit d'autres. Certains personnages, tels que Gau, peuvent se réveler complexes à appréhender ; d'autres, en retour, pourront faire un peu doublon.
Chacun, pourtant, est doté d'une personnalité et d'un passé lui étant propre. Davantage que des avatars, il s'agit véritablement de personnages à part entière remarquablement écrits, surtout si l'on considère l'âge désormais vénérable de Final Fantasy VI.
L'amour, l'inimité, l'amitié : autant de variations sur lesquelles le jeu de Square Enix danse avec brio. Ces différents aspects renforcent l'immersion au sein de l'histoire, le joueur étant investi et impliqué dans le devenir de ces protagonistes.
De la complexité d'un gameplay pas tout à fait calibré à l'ère moderne
Final Fantasy VI est une réussite incontestable, réussissant à transparaître en dépit des années qui s'écoulent. Force est de reconnaître que des éléments paraissent aujourd'hui obsolètes. Ils pourraient constituer un frein à l'appréhension de cette version Pixel Remaster, fignolée par Square Enix. Voilà les quelques rares griefs que l'on pourra opposer à l'excellence qui entoure le jeu de 1994.
Il ne suffit pas de marteler "Attaquer" pour gagner dans Final Fantasy VI
Cela ne surprendra personne ici : Final Fantasy VI Pixel Remaster est un jeu de rôle japonais dans la tradition de l'art. Loin du système dynamique promu à partir du douzième épisode, éloigné des changements intempestifs de combattants inhérents au dixième volet, ce titre valorise les affrontements au tour par tour, seulement régulés par la jauge ATB introduite dans le cinquième opus.
Jusqu'à quatre participants peuvent faire face aux menaces. Comme d'accoutumée, les personnages possèdent plusieurs types de commandes : Attaquer, Objets, Magie, et une dernière propre à chaque protagoniste. L'évolution se fait deux plans.
D'une part, les joueurs récoltent de l'expérience, leur permettant d'obtenir, le cas échéant, un niveau supplémentaire augmentant leurs caractéristiques, voire de leur débloquer des pouvoirs additionnels. D'autre part, les ennemis laissent des Points d'Apprentissage pour assimiler des magies par le biais des Chimères équipées.
Si tout cela peut paraître très clair, dans la pratique, la méthode est un peu plus opaque. Les pouvoirs des Chimères ne sont à proprement détaillés qu'une fois équipés. Certains pouvoirs auxquelles elles donnent accès peuvent par ailleurs s'obtenir naturellement, en faisant progresser son personnage. Difficile, ainsi, de savoir quelle perspective adopter selon les combattants.
Dans un autre temps, certaines capacités spéciales semblent faire doublon avec l'attaque normale. Si l'objectif n'est pas de bêtement marteler le bouton de validation au gré des combats, le manque de valeur ajoutée d'une action à l'autre est regrettable.
Ce ne sont là, bien sûr, que des considérations personnelles. Néanmoins, devant l'excellence singulière qui illumine l'ensemble de Final Fantasy VI, ces quelques éléments ont dénoté sur l'expérience de jeu. D'autant plus que les combats, s'ils ne sont pas intempestifs, peuvent se montrer relevés passé le premier quart du jeu. N'allez pas sur l'île accesible uniquement en aéronef immédiatement après son acquisition, d'ailleurs. Un petit conseil.
Ah, donc là j'ai plus de mage blanc, bien bien bien...
Comme mentionné plus haut, Final Fantasy VI Pixel Remaster rivalise d'inventivité pour toujours renouveler sa proposition. Cette posture se perçoit devant la variété de situations auxquelles font face les personnages.
Des événements pourront impliquer une phase de défense, annonçant les futurs tower defense à venir dans le monde du jeu vidéo. Il s'agira alors de diviser ses troupes en trois équipes, et d'empêcher que les milices adverses atteignent un point défini de la carte.
Néanmoins, c'est davantage dans son sens du récit que Final Fantasy VI surprend. À la faveur de points pivots du scénario, le groupe pourra arbitrairement se scinder. Pire, et c'est là le point le plus embêtant parfois, un personnage sera retiré de l'équipe pour des raisons diégétiques.
Certes, ces passages sont parfaitement justifiés narrativement. Ils pourront toutefois placer les joueurs dans l'embarras. Lorsqu'à l'issue d'un donjon, l'inventaire ne comporte plus de potions, et qu'un mage blanc est retiré de l'équipe, les choses se compliquent sensiblement.
Ce n'est pas un défaut à proprement parler, loin s'en faut. Simplement un développement surprenant, aussi là pour rebattre les cartes et changer les habitudes du joueur. Toutefois ces bouleversements peuvent-ils rapidement devenir désagréables, une fois considérés les points de sauvegarde parfois franchement éloignés.
On ne peut s'empêcher de penser que le même jeu, produit en 2023, aurait fait l'impasse sur ces éléments. Ces changements faciliteraient l'appréhension de Final Fantasy VI Pixel Remaster, certes. Toutefois, ils enlèveraient par la même une part indéniable de ce jeu, à la hauteur de l'excellente réputation qu'il a glanée au cours des années.
Un épisode de Final Fantasy à la hauteur de sa légende
Impressionnante, cette capacité que possède Final Fantasy VI à s'affranchir de son époque pour toujours briller. Avant-gardiste, le jeu parvient à concilier des thématiques modernes, tout en mettant au point des personnages forts.
Que dire des personnages de Terra et Celes, remarquablement caractérisés ? À aucun moment ne faut-il comparer ces moteurs de l'intrigue aux protagonistes féminins des Final Fantasy modernes, sous peine de manger votre chapeau. En cela, la saga de Square Enix a effectué le chemin inverse des considérations actuelles.
Il suffit de quelques pixels pour accentuer le caractère humoristique de certaines situations ; quelques notes de musique pour souligner un passage éminemment émouvant. Tout cela, Final Fantasy VI parvient à l'insuffler à merveille, concrétisant l'idée de l'âge d'or de la licence culte de l'éditeur japonais.
Cette version Pixel Remaster rend parfaitement hommage à cette aventure unique en son genre. L'accès à une mise en scène retravaillée lors des scènes clés (ah, l'opéra), ainsi qu'à des musiques réorchestrées est un véritable coup de maître. L'humble rédacteur de ces lignes en a fait l'expérience ; il s'agit actuellement de la meilleure manière de redécouvrir ce jeu largement vanté, et à la hauteur de sa laudatrice réputation.
Les ajouts de cette version incluent également des artworks, un bestiaire, et la possibilité de changer la police du texte pour un rendu moderne, ou d'époque. De plus, les amateurs de l'accessibilité apprécieront la possibilité de multiplier l'expérience par quatre, d'accélérer le jeu, ou d'enlever les combats aléatoires.
Las, que vous effectuiez ou non ces changements, soyez-en sûr. Lorsque votre envie sera là, et que vous serez assez patient pour vous lancer pleinement dans ce jeu, celui-ci vous le rendra bien. Un Final Fantasy absolument majeur, parmi les touts meilleurs de la saga, avec le neuf.
On a tous nos préférés, que voulez-vous !