L’action-aventure : un genre si vaste qu’on pourrait y placer n’importe quel jeu dont le protagoniste se meut sur quelques membres, affronte des ennemis, et y fouille divers contenants. Difficile d’innover dans un tel contexte. Et ça tombe bien, parce que Kena : Bridge of Spirit n’a pas la prétention de révolutionner le genre. Au lieu de ça, le jeu s’appuie sur de solides bases et capitalise sur son partenariat avec Sparx, un studio d’animation franco-vietnamien dont la réputation n’est plus à faire.
Dans la vallée (hoho) de Kena (lalilala) : on connaît la chanson ?
La vallée est corrompue. Un sombre mal aux origines inconnues semble avoir eu raison de la chatoyante verdure qui la composait autrefois. L’eau qui s’y écoule, par le passé si limpide, est aujourd'hui empoisonnée, et la forêt est peuplée d’ignobles créatures, attaquant toute personne qui oserait s’y aventurer.
C’est alors qu’arrive une jeune Guide Spirituelle du nom de Kena, bien décidée à se rendre au temple sacré situé en haut de la montagne. Il ne faudra pas longtemps à cette dernière pour comprendre que la vallée, autrefois peuplée par une communauté pleine de vie et d’une nature empreinte d'énergie, se trouve à présent sous le joug d'Esprits Corrompus. La mission de Kena se fait alors on ne peut plus claire : apaiser ces esprits pour ramener la vie dans la vallée.
Un vrai sentiment de fausse liberté
Si vous êtes accro aux open-world, ne passez pas votre chemin mais soyez prêt à quelques déconvenues. Certes, la beauté des environnements n’est pas à remettre en question. Les quelques villages disséminés sur la carte, l'immense forêt propice à l'aventure ; le souci du joli détail est exemplaire. Cet environnement soigné donne aisément des envies d'exploration.
Néanmoins, Kena se balade dans un monde fermé et somme toute assez linéaire. Une dure réalité souvent rappelée au joueur de la manière la plus brutale qu’il soit : les murs invisibles. Quoi de plus frustrant que de vouloir sauter par-dessus un caillou ou passer au travers d’un buisson et d’essuyer un immense refus de la part d’une entité invisible.
Comme une main venant de justesse rattraper le joueur, lui rappelant de la plus abrupte des façons qu'il s'agit d'un jeu vidéo. Certains considèrent ça comme un détail... et, après tout, sans un certain titre sorti sur Switch, nul ne leur en tiendrait gré. Tous les jeux ne peuvent pas être Skyrim ou The Legend of Zelda : Breath of the Wild.
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Zelda, Pikmin, Dark Souls : Kena jamais joué à ces jeux ?
Du fait de l’importance du scénario et de la narration, le jeu se veut assez linéaire. Notre héroïne a une mission à réaliser, et elle compte bien tout faire pour ramener la paix dans les esprits de la vallée. Elle devra pour cela alterner entre divers gameplay. Les phases d’exploration, de plateforme et de puzzle s'alternent assez habilement dans une ambiance tantôt bucolique, tantôt caverneuse, en laissant tout de même la part belle à des combats de boss épiques.
Des boss qui n’hésitent pas à montrer de quel bois ils se chauffent
Côté combat d’ailleurs, le jeu est agréable à prendre en main, les combats sont plutôt rythmés et même assez difficiles. À ce titre, notons le soin particulier dont ont bénéficié les affrontements avec les boss du jeu. Épiques, ils resteront dans la mémoire des joueurs s'y frottant. Certes loin des titres de From Software, Kena semble conscient de leur existence comme en atteste la difficulté ressentie lors de ces phases de gameplay.
En effet, peu de chance de vaincre certains boss du premier coup. Ces affreux belliqueux mettront le protagoniste KO en quelques pichenettes ; les possibilités de se soigner en combat, notons-le, sont d'ailleurs assez limitées. Il faudra sans doute quelques essais pour tâcher de comprendre leur schéma d'attaque afin de venir à bout de ces Esprits Corrompus. Un défi appréciable, puisque le jeu est quant à lui assez simple dans le mode de difficulté initial. Les plus courageux n'hésiteront ainsi pas à augmenter le niveau pour ressentir l'âpreté des affrontements.
Que l'on se rassure toutefois ; Kena est plus accessible que les pairs de Dark Souls. Pas de mort définitive, privant le joueur de son équipement jusqu'à ce qu'il le retrouve entre deux squelettes malodorants.
Rien de tel que de lâcher un bon Rot pour vaincre ses ennemis
Cependant, notre chère Kena ne sera pas seule face à ces monstres. L'héroïne du titre sera accompagnée dans son aventure par toute une tripotée d'acolytes : les Rots. Ces petites bestioles au character design extrêmement kawaii se récoltent sur les bords des chemins (comme des champignons) ou à l’issue de combats de boss (pas comme les champignons). Outre leur aspect mignon, les Rot permettent à notre protagoniste de gagner de l'expérience afin de développer de nouvelles compétences.
Ces délicieuses créatures sont en partie contrôlées par Kena, qui va pouvoir leur donner des ordres de manière à leur faire porter des objets ou d’attaquer un ennemi pour le ralentir. Cette mécanique n’est pas sans rappeler celle de Pikmin ; du déjà-vu donc mais qui reste plutôt originale quant à son utilisation dans un combat de boss.
Cependant, hormis quelques passages du jeu, l'exploitation des Rots pour servir nos vils desseins est rarement obligatoire. Par conséquent, en combat, l'utilisation des Rots devient assez marginale, le joueur préférant se tourner vers d'autres moyens plus directs. Une mécanique sympa sur le papier, mais qui aurait mérité d’être un peu plus exploitée.
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Kena, Bridge of Spirits : une aventure spirituelle et contemplative
Si Kena : Bridge of Spirits ne se démarque pas outre mesure par son gameplay, il n’en reste pas moins une pépite en termes de photographie et de narration. Son univers s’approprie efficacement nombre d’éléments de la culture du continent asiatique, des décors jusqu'à la dernière note de musique.
Si les décors sont de toute beauté, les cinématiques sont pour leur part dignes du grand écran. En plus de la qualité de réalisation et d'exécution, elles permettent d’approfondir les personnages et de leur donner de la substance. Difficile de ne pas s’attacher aux personnages, même les plus secondaires, au fur et à mesure que l’on découvre leur passé et la cause du mal qui ronge la vallée.
Enfin, le jeu pousse le joueur à la contemplation jusque dans son gameplay. En effet, il sera possible pour les joueurs les plus aguerris de trouver des lieux plus ou moins cachés qui permettront à Kena de méditer. Une possibilité originale, mais surtout en accord avec l’univers du jeu. Elle permettra au joueur de profiter un peu du paysage en mode cinématique, avec pour fond sonore les bruits de la nature qui l’entoure.
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3 réponses
Ca donne envie en tout cas. Belle review.
P.S: beau titre.
Moi je trouve qu’il sent un peu trop la galette.
Oui