Retour à Raccoon City. Près de 20 ans après le second épisode, sorti originellement sur PS One, Capcom a décidé d'en proposer un remake. Hautement attendu en 2019, quelques mois avant le confinement, cette nouvelle mouture fait-elle figure de référence dans le survival-horror. Réponse avec un test de Resident Evil 2 classé X, pour Mister X !
De quoi ça parle, Resident Evil 2, le remake ?
Bon, ce n'est pas par ce biais que le jeu de Capcom brille, mais allons-y. Resident Evil 2 Remake met en scène Leon, jeune diplômé de la police qui vient prendre son poste à Raccoon City. Sur son chemin, il croise la jeune Claire Redfield, à la recherche de son frère, qu'elle ne sait pas rescapé du manoir Spencer dans le premier Resident Evil.
Pas de chance ; après ledit manoir, le virus a gagné la ville. Des milliers d'habitants morts ou transformés, et beaucoup trop d'animaux contaminés font face à ce binôme. Premier abri : le commissariat local. Luxueux, avec de multiples étages et des pièces secrètes, ce lieu renferme bien des mystères.
Ceux-ci pourraient bien causer la perte de nos chers Leon et Claire, alors qu'un golgoth appelé Mister X les traque sans relâche.
Conditions de test
Produit testé à partir d'une version commerciale, achetée sur PS4 il y a quelques années. Le jeu a été joué entièrement sur Playstation 5, grâce à la mise à niveau gratuite. Les paramètres ont été mis sur Performances, afin d'accéder au 60 FPS, plus pratique pour viser les genoux de nos chers zombies.
La résurrection de l'un des épisodes les plus appréciés de Resident Evil
Il y a un précédent à ce remake. Le premier épisode de Resident Evil a bénéficié d'un remake, initialement sur GameCube, en 2002, soit 6 ans après le jeu originel. Si le jeu bénéficiait de graphismes superbes, encore tout-à-fait à propos 15 ans plus tard, les codes fondamentaux de la série n'étaient en rien changés.
Il a donc fallu attendre très longtemps avant de mettre la main sur le deuxième épisode revisité. Contrairement au premier remake, celui-ci adapte largement son gameplay aux attentes modernes. Exit les décors précalculés, bienvenue au temps réel, avec même la possibilité de marcher en tirant.
Il faut dire qu'entre temps, la saga de Capcom a versé dans l'action, avec plus ou moins de fortune selon les épisodes. Si Resident Evil 5 et 6 font office de cimetière pour la franchise, Resident Evil 7 avait donné de bons motifs d'espoir pour la suite. L'éditeur japonais prend un risque en révisant l'un des jeux les plus appréciés de sa franchise phare. Pari réussi ? Vous avez vu la note. C'est oui.
Resident Evil 2 Remake joue intelligemment avec la nostalgie et la peur
Par rapport à l'opus originel, le remake de Resident Evil 2 joue habilement des souvenirs et de la nostalgie des joueurs. Si le hall du commissariat est toujours aussi impressionnant esthétiquement, il n'est plus le refuge central que les joueurs connaissaient. Désormais, il faudra trouver des hâvres de paix ailleurs.
Ceux-ci se dévoilent par une musique apaisante, et comprennent généralement une machine à écrire, pour sauvegarder, et l'un des fameux coffres propres aux premiers épisodes de la licence. En-dehors de ces pièces, gare à vous : Resident Evil 2 n'aura guère de pitié envers les joueurs trop téméraires.
C'en est fini des morts-vivants amorphes, que l'on peut aisément contourner. Ceux-ci se font plus rapides et agressifs, et leur démarche bancale peut empêcher la mire de se porter sur la tête. Néanmoins, un élément est à louer dans ce remake : la localisation des dégâts. En tirant dans les genoux des adversaires, ceux-ci s'étaleront au sol. La pièce n'en sera que plus calme.
En-dehors de ces ennemis communs, le bestiaire est finalement moins développé qu'auparavant. Notons les lickers qui font leur retour, des adversaires végétaux, les chiens contaminés... Et voilà. Enfin, c'est sans compter sur Mister X.
Mister X, le stalker supérieur à Nemesis qui vous hantera longtemps
Mister X préfigurait le fameux Nemesis de Resident Evil 3. Monstre invincible et massif, cet adversaire poursuivait Leon dans la campagne originelle. Avec ce remake, il prend une toute autre ampleur.
Essentiellement présent dans le premier tiers du jeu, consacré au commissariat, il induit de nouvelles mécaniques de déplacement et de réflexion pour le joueur. Constamment, il poursuit Claire ou Leon à travers les différentes pièces. Au moindre bruit, qu'il s'agisse d'un coup de feu, d'une porte un peu trop vite ouverte, ou de pas précipités, il déboulera à la recherche des héros.
Surtout, il souligne le sound design brillantissime du jeu. Les joueurs peuvent suivre la position de Mister X avec ses bruits de pas lourds à travers le commissariat. Il faudra alors réfléchir, optimiser ses déplacements, se rappeler quels ennemis restent sur place.
Par conséquent, la première partie du remake de Resident Evil 2 est enrobée d'un stress continuel. Une tension constante et palpable empreint chaque action du joueur. L'ombre de Mister X plane, et malheureusement, s'estompe arrivé dans les deux derniers actes.
Une fin en queue de poisson, sans passion ni effusion
En dépit de toutes ses qualités, ce remake est le digne héritier de la saga. Comme chaque épisode, Resident Evil 2 plonge drastiquement dans sa seconde moitié. En fait, les égouts sont véritablement le ventre mou du jeu. L'unique nouvelle créature est trop grotesque pour effrayer, et au-delà d'une quête aux pièces d'échecs, elle représente une rude descente par rapport au commissariat.
La dernière ligne droite, située dans le laboratoire d'Umbrella, a quelques bons côtés. Les nouveaux ennemis, contaminés par la plante 43, rappelleront de bons souvenirs aux joueurs de Resident Evil 4, encore traumatisés par les Regenerados. Néanmoins, elle est bien trop courte et quelconque pour réellement marquer.
C'est là la grande cruauté du jeu : imposer des passages franchement réussis dès le départ, avant de se laisser aller, jusqu'à une fin un peu tristoune, sans passion. En cela, ce remake de Resident Evil 2 rejoint les quatrième et septième épisodes. Et aussi le souvenir du 6, où la campagne de Leon laissait promettait bien davantage que cette débacle complète.
Des campagnes complémentaires dépourvues de toute logique
Comme son pendant de 1998, Resident Evil 2 Remake présente des campagnes complémentaires. Grosso modo :
- en commençant par la campagne de Claire, le scénario bis de Leon sera disponible à l'issue du jeu. Avec un nouveau point de départ, une nouvelle entrée dans le commissariat, et des arcs narratifs spécifiques ;
- de même, en commençant par Leon, le scénario bis de Claire proposera des variations exclusives.
Sur le principe, cette position est particulièrement prometteuse. D'ailleurs, démarrer les scénarios bis permet une amorce plus franche et plus violente une fois entré dans le commissariat. Les zombies ont changé de position, et Mister X arrive bien plus rapidement dans l'aventure.
Pourtant, tout s'écroule comme un château de cartes. D'une part, les différences sont trop minimes sur la durée. D'autre part, cette distinction aboutit à un véritable paradoxe spatio-temporel. Le protagoniste du scénario bis devra trouver des clés normalement en la possession du personnage principal ; rouvrir les mêmes portes ; combattre les mêmes boss.
À la fin du jeu, c'est encore plus étrange. Tyrant meurt deux fois, et une certaine scientifique également. Pourtant, quand enfin Claire et Leon se retrouvent, les deux univers parallèles fusionnent enfin pour n'en faire qu'un. Sans que cela soit franchement problématique pour le gameplay, cette promesse non-tenue déçoit largement.
L'horreur, c'est plus beau qu'en 1998 avec Resident Evil 2
Rendons hommage, pour finir, à l'un des leviers ayant permis la réussite incontestable qu'est Resident Evil 2. Le moteur maison, RE Engine, déjà intronisé dans Resident Evil 7, fait des merveilles. Les éclairages sont dynamiques, les ombres portées superbes, et les détails parfaitement retranscrits à l'écran.
Au final, les décors précalculés du Resident Evil 2 originel, pourtant loués à l'époque, sont bel et bien dépassés. Jamais les lickers n'ont été aussi effrayants, les zombies aussi détaillés. Le moteur RE Engine participe activement à la réussite d'ambiance proposée dans le premier tiers de l'aventure.
Jusque dans les ultimes péripéties de l'aventure, à la faveur d'un sas de décontamination où s'amoncellent brume, eau et poussière, le moteur fait des petits miracles. Avec celui-ci, Capcom tient un formidable outil graphique, qui nacre également les récents Resident Evil, et Devil May Cry 5.