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The Medium : test du jeu vidéo d’horreur transcendantale sur PS5, Xbox Series X et PC

Dernière mise à jour le 27 mai 2022

Depuis quelques années, le jeu vidéo d'horreur se tourne de plus en plus vers l'action, voire le FPS. À ce titre, l'arrivée de The Medium change radicalement les habitudes modernes des joueurs. Invoquant les souvenirs de Silent Hill en se concentrant sur la narration, le jeu de Blooper Team dénote. Ce côté désuet lui apporte-t-il un certain charme, ou plonge-t-il cette plongée auprès des fantômes de la Pologne dans l'oubli ? Verdict avec ce test.

Dans The Medium, l'histoire trouve son écho dans l'Histoire

Marianne est une jeune femme qui ne vit pas les moments les plus plaisants de son existence. Après avoir erré de famille d'accueil en famille d'accueil, elle a trouvé en Jack un père adoptif des plus compréhensifs. Deux dizaines d'années après, elle doit préparer les funérailles de son père adoptif.

Hantée par un rêve où une petite fille se fait tuer, elle reçoit un coup de fil étrange. Un dénommé Thomas, au courant de son songe, lui demande de venir instamment à Niwa, centre de résidence délabré en Pologne.

Les rumeurs vont bon train quant à ce qui a mené à son abandon. Sur place, les pouvoirs de médium de Marianne vont lui être utiles pour saisir la teneur des fugaces apparitions et fantômes qui errent dans ce lieu. Et, peut-être, savoir d'où elle vient, et quelle est la menace qui hante le complexe résidentiel polonais.

Blooper Team, l'éditeur horrifique qui progresse en silence

Désormais davantage réservé aux streamers qu'aux joueurs, le genre du survival horror a pris, ces dernières années, un mauvais tournant. Entre itérations de 5 Nights at Freddy's aussi originales qu'un nouvel opus de Fast and Furious, jeux faisant la part belle aux jump-scares à outrance, et suites de sagas iconiques bourrées de testostérone, les amateurs de profondeur et de narration éclairée doivent prendre leur mal en patience.

Certaines équipes de développement, toutefois, espèrent bien retrouver le brio qui caractérisait les productions d'antan. À cet égard, la Blooper Team fait honneur à l'héritage du survival horror. Avec quatre jeux à leur actif, le diptyque Layers of Fear, Observer et Blair Witch, le studio polonais a prouvé sa capacité à mélanger histoire et horreur pour des résultats auréolés de succès.

Leur première incursion sur consoles next-gen, The Medium, confirme-t-il cette tendance ? En tous les cas, elle est d'ores et déjà nimbée d'un retour aux sources du survival horror. Davantage inspiré par l'ère dorée de la saga Silent Hill, dotant son titre d'une coloration artistique imprégnée par l'œuvre de leur compatriote Zdzislaw Beksiński, ce titre se distingue visuellement du reste de la production horrifique de ces dernières années. Est-ce suffisant pour fédérer les joueurs autour du jeu en son ensemble ? C'est ce qu'on va voir.

Conditions de test

The Medium a été testé sur Playstation 5, à partir d'une version commerciale. Aucun paramètre graphique n'a été modifié ; en revanche, le testeur a fait le choix de désactiver l'étude d'éléments par le biais du capteur de mouvements.

Entre modernité et hommage, The Medium dénote

Dès les premiers instants, le ton est donné. Les plans fixes rappellent les premières heures de Resident Evil ; les caméras dynamiques avec des plans larges ressuscitent le souvenir de Silent Hill. Davantage qu'un Outlast, Slender man ou The Evil Within, The Medium est définitivement tourné vers le passé. Ce qui, il faut le dire, tombe plutôt bien au moment d'explorer les tourments passés d'un lieu de plaisance en Pologne.

Néanmoins, ce ne sont pas les seules influences qui se font prégnantes dès les premières heures de jeu. La contemplation et l'étude de documents en révélant davantage sur les jours heureux et les traumatismes vécus à Niwa, le lieu central du jeu, rappellent un genre plus prisé par les productions récentes.

Environnement lumineux dans The Medium test du jeu vidéo PS5 PC et Xbox Series X
Les passages sous un environnement lumineux sont rares, et font la part belle à l'exploration et à la narration.

L'aspect est par ailleurs renforcé par Marianne, commentant son parcours a posteriori par le biais d'une voix off. Son périple étant essentiellement solitaire, cette prégnance de ses commentaires pourra interpeller, voire lasser à terme. Comme si le jeu n'était jamais assez évocateur par sa pure représentation ; un problème étonnamment moderne pour un jeu pourtant tourné vers le passé à plus d'un égard. L'influence des walking simulator, tels que Dear Esther, What Remains of Edith Finch, ou Gone Home, se fait sentir tout au long du jeu.

The Medium prend le temps de raconter son histoire, à tel point qu'il pourra être comparé, par endroits, à des histoires interactives, comme mises en avant dans Life is Strange ou les titres de Quantic Dream. Que les amateurs de frissons ne se découragent pas pour autant ; sans être purement horrifique, le jeu de Blooper Team immerge dans une atmosphère parfois anxiogène.

Certaines trouvailles visuelles, au détour d'un chemin, ou dans le reflet d'un miroir, sont très bien trouvées. On lui en saura gré, The Medium évite de sacrifier à la tendance des jumpscares. Sur une échelle cinématographique, il serait davantage à placer du côté d'un Abandonnée ou d'un Labyrinthe de Pan que The Conjuring ou Insidious, pour sa capacité à faire répondre l'horreur à son environnement historique et culturel, et délaisser au passage les sursauts gratuits. Prends ça, Five Night at Freddy's.

La double vision, garantie de voyants verts pour le gameplay ?

Un gameplay efficace et peaufiné vient souvent en opposition avec le genre du walking-simulator. Dans cette perspective, The Medium parvient à mélanger ses influences, afin de proposer de véritables phases de jeu. Durant les explorations, plusieurs types de puzzle sont ainsi proposés.

Beaucoup d'entre eux font la part belle à la double vision, don médiumnique dont est affublée Marianne. À ces moments, l'écran se scinde en deux ; une partie est réservée à la réalité, l'autre à la dimension immatérielle. La jeune femme peut, dans ces moments, sortir de son corps pour vagabonder durant un temps limité sur le plan irréel. Cet élément lui permet de trouver des objets et sources de pouvoirs pour franchir les obstacles bridant la progression dans le plan matériel.

Par ailleurs, plusieurs éléments et objets sont à observer. Certains sont à reconstituer à partir d'échos du passé, brèches dans la réalité issues de traumatismes. D'autres, en complément, nécessitent le don de vision de Marianne. Celui-ci lui permettra de trouver des indices ou des éléments cachés.

The Medium test du jeu sur PC, Xbox Series X et PS5 : inspiré par les tableaux d'un peintre polonais
The Medium est inspiré par l'esthétisme de l'oeuvre de Zdzisław Beksiński.

Outre les phases d'observation, quelques rares scènes plus portées sur l'action émaillent l'aventure. Celles-ci font essentiellement part belle à la fuite et l'infiltration, afin d'esquiver certains esprits malveillants. Le joueur pourra s'assister des pouvoirs psychiques de son héroïne à ce moment. Néanmoins, que l'on ne s'y trompe pas ; The Medium est avant tout une question de narration, ces épisodes plus nerveux étant bien plus rares, et moins enchanteurs.

La grande qualité du titre vient essentiellement de son aptitude à concilier la double vision. Si les environnements délabrés de Niwa sont glauques, le plan immatériel met en avant une esthétique soignée, inspirée par les travaux de Zdzislaw Beksiński. Cela donne une tonalité toute particulière au jeu de Blooper Team. Sur un pur plan pratique, le joueur pourra davantage se focaliser sur un plan que l'autre, selon le contexte.

L'hommage dommage : le jeu de Blooper Team n'est pas exempt de tout défaut

Mêlant avec plus ou moins d'habileté les influences récentes du walking simulator avec les classiques du survival horror, Silent Hill en tête, The Medium est en tous les cas une proposition intéressante, qui prouve un peu plus le talent de son éditeur et développeur, la Blooper Team.

Néanmoins, il serait faux d'estimer que le titre est parfait. Véritable représentation d'un parti-pris ludique, le titre se veut extrêmement rigide dans ses contrôles. Certes, dans cette perspective, il assume entièrement sa posture d'hommage aux survival horror d'antan. Toutefois, le peu de célérité dont font preuve les protagonistes au moment de courir a tendance à lasser, d'autant plus dans des environnements un peu vastes à explorer.

Dans cette même optique, le peu de dynamisme présent lors des très rares confrontations à des ennemis ou obstacles est prégnant. On pourra cependant arguer qu'il ne s'agit pas du cœur du jeu, loin s'en faut. Néanmoins, ces phases, à quelques exercices de fuite et de discrétion près, laissent l'impression qu'elles ont été rajoutées à la va-vite. Un peu à la manière des affrontements de Death Stranding ; un autre titre doté d'une filiation lointaine à Konami.

Niwa double vision dans le test du jeu vidéo The Medium
La double vision permet d'explorer sur deux plans à la fois l'environnement de Niwa.

L'un des principaux soucis, dans une logique de cohésion narrative qui eût pu renforcer l'immersion, est l'impossibilité d'accéder au jeu en VOST. Comprenez qu'il n'y a que la langue anglaise d'accessible, aussi bien pour les voix des protagonistes que les écrits. De fait, pour un jeu se passant essentiellement dans les ruines d'un complexe polonais, étudier des documents uniquement présentés en anglais a de quoi interpeller.

Par ailleurs, si la présence du compositeur de Silent Hill, Akira Yamaoka, a de quoi enthousiasmer, ses musiques restent assez mineures. L'accompagnement sonore est de qualité, mais trop anecdotique en regard de ses précédentes productions. Son implication aurait tendance à relever davantage de l'hommage appuyé, à nouveau.

L'horreur en Pologne : séjour recommandé, ou on Niwa pas ?

En dépit de ces quelques éléments, le charme de The Medium fait son effet. Il n'est pas la réinvention complète du survival horror d'antan, mais une proposition à juste titre désuète, conformément à son histoire.

À ce titre, le jeu aborde des thèmes sensibles et matures. Sans entrer dans les détails, par souci de préserver la surprise, et, de manière concomitante, l'ambiance et l'atmosphère, The Medium permet de pleinement entrer dans la psyché de ses personnages, et par extension, d'un pays entier. Les traumatismes vécus par la Pologne durant la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences trouvent une caisse de résonance à travers la résidence de vacances délabrée, et le passé oublié de Marianne.

Double vision dans jeu vidéo The Medium test PS5 Xbox Series X et PC
Des personnages marquants émaillent le jeu.

L'horreur n'est pas gratuite ; elle a une justification narrative, et ne fait que souligner un contexte douloureux. Le fameux devoir de mémoire est à la fois le thème et le rhème du jeu. Pas étonnant à ce que le choix d'un Médium, ressuscitant le souvenir des morts, soit doublé par la découverte de ses origines. À plus d'un égard, The Medium est largement plus intelligent que le reste de la production horrifique de ces dernières années.

The Medium n'est peut-être pas un grand jeu ; mais, dans une certaine mesure, il s'agit d'une œuvre importante, a fortiori pour comprendre et s'immerger dans les affres du régime communiste polonais de l'époque, ses exactions et paradoxes. Comme dans toutes les meilleures œuvres fantastiques, le surnaturel ne vient que mettre en exergue l'horreur de la nature humaine.

Certaines maladresses persistent dans cette optique ; néanmoins, The Medium prouve une ambition nouvelle pour la Blooper Team. Le studio concilie avec succès une représentation vidéoludique des traumatismes de l'Histoire, avec une atmosphère horrifique, à travers des personnages marquants, et aux antipodes d'un traitement manichéen.

Les plus

  • La personnalité de la protagoniste, Marianne
  • Un environnement original
  • Les effets sonores, savamment maîtrisés
  • La direction artistique
  • Des influences bien assimilées
  • Des thèmes matures et sensibles, abordés avec finesse
  • Un récit parfaitement adapté à l’environnement et à l’ambition des thèmes évoqués.

Les moins

  • Les constantes remarques solitaires de Marianne
  • Un gameplay assez minimaliste, faisant la part belle à la narration
  • En Pologne, tout le monde parle et écrit en anglais, même dans le temps de la République Populaire
  • Les contrôles, très rigides
  • Un enrobage musical peut-être trop discret, compte tenu des talents en présence.
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Le mot de la fin

Après déjà plusieurs productions à son actif, la Blooper Team dénote au sein de la culture gaming horrifique. The Medium la voit plus que jamais peu inclinée à fournir sursaut sur sursaut, et on l'en remercie. Comme une œuvre mûrement réfléchie, l'histoire vient parfaitement appuyer l'environnement et les thèmes abordés, dans une cohésion quasiment parfaite.

The Medium pourra séduire les amateurs d'horreur vidéoludique old-fashion, en laissant de côté les joueurs plus modernes. Parfois trop coincé dans l'hommage appuyé aux références d'antan, Silent Hill en tête, le titre trouve tout de même son identité par le biais de ses sujets sensibles, et son ambition nouvelle pour le studio de développement.

Certes pas exempt de tout défaut, notamment d'un point de vue purement ludique, The Medium n'est pas un grand jeu ; à n'en pas douter, toutefois, il peut constituer une œuvre importante pour beaucoup des joueurs qui s'y adonneront.

À propos de l'auteur

Solan
A passé un nombre indécent d’heures sur Rocket League pour finalement être Grand Champion. Préfère poster des bons plans aériens depuis.

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Prolongations

Si vous avez aimé The Medium, jetez-vous sur :

  • Silent Hill 1, 2, 3 et 4
  • What Remains of Edith Finch
  • Blair Witch
  • Layers of Fear
  • Le Labyrinthe de Pan, film de Guillermo del Toro
  • Hérédité, film de Ari Aster.

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