Depuis quelques années, Microsoft brouille les pistes. Outre son rôle d'éditeur, l'entreprise fondée par Bill Gates a aussi axé son rôle vers la fourniture de services. Il semble bien loin le temps où la firme américaine n'était que le partenaire de Sega, pour l'arrivée de la Dreamcast. À dire vrai, on se demande de plus en plus si Microsoft est encore un constructeur de consoles, tant il endosse de nombreuses positions dans le milieu gaming. Aujourd'hui, il semble que c'est davantage Google et son service cloud Stadia qu'il considère comme un concurrent.
Une ancienne employée de Google Stadia recrutée par Microsoft
Comme en football, le mercato entre éditeurs ou entreprises du jeu vidéo indique bon nombre de choses sur l'orientation souhaitée par une firme. En l'état, le recrutement de Kim Swift par Microsoft ne peut pas être anodin. La femme, passée entre Valve, EA, et Google Stadia, devrait désormais diriger une équipe chez le créateur de consoles Xbox Series X.
L'intérêt pour Microsoft ne se situe pas réellement dans l'apport de Swift pour les jeux vidéo en eux-mêmes. Il s'agit avant toute chose de bénéficier de sa connaissance concernant le cloud gaming. À ce titre, le reponsable de publication pour Xbox Game Studios, Peter Wyse, n'a pas tardé à commenter cette arrivée. "Kim [Swift] va mettre en place une équipe axée sur les nouvelles expériences pour le cloud".
De ce fait, il est important de revenir sur l'expérience connue par la femme dans les studios de Google Stadia. Dans ces derniers, fermés en février 2021, la designer était en charge de développer des jeux natifs pour le cloud. On le sait : Stadia devait révolutionner l'univers gaming avec cette nouvelle pratique. Si la puissance de Google a échoué, Microsoft peut-il relever la barre, tel un James Cameron des temps modernes ?
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Le cloud, nouveau champ de bataille de l'univers gaming à venir ?
De manière similaire à la réalité virtuelle, le cloud gaming semble être une technologie prometteuse, mais actuellement balbutiante. Elle nécessite en premier lieu une connexion en fibre optique a minima, et non des moindres. Cela restreint inévitablement l'éligibilité de certains particuliers à l'accès au cloud. Pourtant, de plus en plus d'entreprises avancent leurs pions afin d'être dominants sur ce secteur-là du marché.
Jusqu'à présent, le cloud gaming sert essentiellement à utiliser des titres de certains supports sur d'autres plateformes. Il est par exemple possible de délaisser sa partie sur PC, avant de la reprendre, plus tard, depuis son smartphone. Ce n'est qu'un exemple, et les possibilités sont extrêmement variées ; possibilités auxquelles laissent libre accès Amazon Luna, Google Stadia, voire même le xCloud de ce même Microsoft qui nous intéresse ici.
Néanmoins, la perspective annoncée par l'embauche de Kim Swift change la donne. Celle-ci devrait désormais diriger l'édition de jeux natifs en cloud. Il serait ainsi possible de tirer profit d'une meilleure qualité visuelle, ainsi que de quelques autres performances rehaussées, inatteignables jusqu'alors. À se demander si Microsoft compte même, à terme, mettre à disposition un support pour jouer.
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La stratégie du service gagnant pour Microsoft
Une fois encore se pose cette question, à laquelle il est complexe de répondre depuis une génération de consoles. Peut-on encore considérer Microsoft comme un constructeur, au même titre que Sony ou Nintendo ? Plusieurs éléments penchent pour une réponse positive, comme la récente mise à disposition des Xbox Series S ou X. Toutefois, force est d'admettre que Microsoft court plusieurs lièvres à la fois.
Avec un temps d'avance sur la concurrence console, la firme de Bill Gates s'est très tôt mise à la fourniture de services. Une stratégie qui, pour le moment, se révèle gagnante, comme le révèle le plébiscite rencontré par les différentes itérations de Game Pass. Avec cette nouvelle incartade dans le cloud gaming, l'accessibilité de ses jeux sur d'autres supports, il semblerait que Microsoft dépasse désormais le simple statut de constructeur vidéoludique.
À ce titre, rappelons que l'entreprise a investi massivement sur l'édition de jeux video. Son récent rachat de Bethesda, voire celui de Double Fine, attestent de sa volonté de privilégier le contenu, au détriment du support. Indéniablement, le timing prévaut et renforce Microsoft dans cette optique. L'indisponibilité de ses consoles pour cause de Covid-19 légitime amplement de changer son fusil d'épaule. Google et Amazon sont prévenus : après des années de moins bien, le M des Gafam revient sur le devant de la scène.
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