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Critique Beau is Afraid : Beaubeau is You dans le film d’Ari Aster

Dernière mise à jour le 5 mai 2023

Après Hérédité et Midsommar, véritables chefs-d’œuvre du film de genre, le troisième film d'Ari Aster était particulièrement attendu. Avec un casting porté notamment par Joaquin Phoenix, la comédie horrifique se faisait plus intrigante encore. Après trois heures de plongée en apnée dans l'anxiété d'un homme tourmenté, que pense-t-on de ce film ? Réponse avec notre critique de Beau is Afraid.

Plongez dans le cauchemar de Joaquin Phoenix

Beau est un homme tourmenté. Sujet à l'anxiété, il n'hésite pas à avaler des médicaments pour espérer se défaire de ses angoisses. Lesquelles reviennent plus fortes que jamais au moment de rendre visite à sa mère.

Rien ne se passe comme prévu, et il sera bientôt obligé de se plier au rite d'un voyage qui lui fera découvrir bien des choses. Ou plutôt cauchemarder. Enfin, on sait pas trop, à dire vrai.

Ce qui est sûr, c'est que le drame existentialiste d'Ari Aster marquera les esprits par son humour grinçant et son esthétique affirmée. Sur son chemin, Beau fera la rencontre d'un couple endeuillé, d'une communauté d'acteurs, et de voisins particulièrement envahissants. Tout en tentant de garder un oeil sur un appareil génital bien trop préoccupant.

Oui, Beau is Afraid, et nous on rigole. Si c'est pas triste.

Beau is Afraid : le jour de la marotte d'Ari Aster

Trois films, ça peut paraître anecdotique pour certains réalisateurs bien ancrés, certes. Davantage encore, cela permet de se faire une idée du potentiel et des principes des metteurs en scène émergents.

Depuis quelques années, la scène horrifique voit poindre des nouveaux talents. Jordan Peele, David Robert Mitchell, Robert Eggers, Brandon Cronenberg et Ari Aster ont chacun marqué les esprits avec, a minima, une perle, et un autre film très bien accueilli par la critique. Difficile d'être passé à côté de Get Out, It Follows, The Witch, Possessor, pour qui s'intéresse un peu au cinéma de genre.

Film 2023 critique Beau is Afraid réalisateur Ari Aster avec Joacquin Phoenix
Alternant les moments de bravoure, Beau is Afraid n'hésite pas pas à aligner des hommages : Oz, le Procès, entre autres.

Pourtant, les troisièmes films consécutifs à cette notoriété naissante ont toujours été compliqués. Pour l'adhésion unanime à ces révélations, la réception a été plus complexe pour, respectivement, Nope, The Northman, voire Under the Silver Lake. Si l'on attend Infinity Pool, troisième effort de Cronenberg Junior, Ari Aster se lance dans la bataille avec Beau is Afraid.

Cette vague de réalisateurs prometteurs possède un point commun. Le registre horrifique prôné à leurs débuts était une manière de se distinguer favorablement aux yeux du grand public et de l'industrie. Ce faisant, Peele, Eggers et Aster pouvaient ainsi se lancer dans des projets plus personnels, illustrant davantage leurs marottes.

C'est le cas avec Beau is Afraid. De son propre aveu, Ari Aster souhaitait réaliser ce film avant Hérédité et Midsommar. Son troisième film est plus fidèle à sa personnalité, son univers, et, surtout, son sens de l'humour. Vu le résultat, on attend son stand-up comme la prochaine saison de Black Mirror.

Notre avis

Midsommar director's cut : la critique

Chaos organisé en quatre actes inégaux

Sur le papier, ce troisième long-métrage d'Ari Aster abrite une structure assez scolaire. Décomposé en quatre actes, Beau is Afraid donne à boire et à manger à différents publics. Pourtant, difficile de ne pas en valoriser certains, et de ne pas en retirer un sentiment déçu au sujet d'autres.

Un cauchemar plongeant dans l'angoisse existentialiste

Et puis, on dit que c'est scolaire, mais il n'en est rien à dire vrai. Vous avez déjà entendu parler du "troisième acte", censé conclure la plupart des intrigues. Ici, on préfère désorienter entièrement le public, qui se retrouve plongé en plein cauchemar. Un rêve maudit, à la mesure de l'anxiété ressentie au quotidien par Beau, parfaitement interprété par Joaquin Phoenix.

Critique Beau is Afraid, un film Ari Aster avec Joacquin Phoenix
Qui n'a jamais rêvé de se réveiller comme une princesse d'un cauchemar ? Oui, l'ambiguïté est voulue.

C'est simple : de l'entrée en matière, absolument fascinante, cartoonesque et brillamment rythmée, jusqu'au dénouement, abrupt et détournant ses attentes, le spectateur sera progressivement déboussolé. Une perte de l'orientation qui se ressentira après la sortie des salles obscures - ou de votre canapé, si par ailleurs vous le regardez chez vous.

Néanmoins, comme souvent, cette scission en actes, pour intéressante qu'elle soit, présente aussi le défaut de faire languir le public. Pour toute séquence qui ne le happe pas, et il y en aura forcément, celui-ci prend son mal en patience et attend que le prisme change.

L'anxiété de Beau, reflet des fonds du lac argenté

Impossible de ne pas penser à Under the Silver Lake, de David Robert Mitchell, en regardant Beau is Afraid. Les deux projets semblent être une concrétisation des principes des réalisateurs, alors étudiants. En témoignent les courts-métrages connus pour chacun, reflétant leurs obsessions respectives.

Cependant, là où Under the Silver Lake alternait les pistes narratives, dans un fourre-tout pop, pétulant et détonnant, Beau is Afraid préfère les distinguer partie après partie. Par conséquent, l'ensemble manque de liant, mais reprend les caractéristiques d'un rêve, où le sujet est porté d'endroit en endroit sans logique apparente.

La thématique de la culpabilité ravive également le souvenir de Men. Curieuse coïncidence : il s'agit également d'un troisième long-métrage (décidément), particulièrement abouti sur le plan esthétique, mais un peu creux, ou simpliste en regard de la thématique.

Décidément, cette nouvelle vague de réalisateurs, d'Alex Garland à Ari Aster, en passant par Mitchell et Peele, aura fort à faire pour ses prochains films. Après ces risques commerciaux, nul doute que les producteurs seront plus critiques de leurs prochaines créations.

Trois heures pour rire de l'angoisse existentielle

Hérédité s'illustrait par son ambiance particulièrement sombre et désespérée. Midsommar, plus lumineux, dissimulait dans sa lumière des exactions latentes et structurantes pour la communauté mise en avant.

En deux longs-métrages, Ari Aster devenait l'une des plus grandes promesses du registre d'horreur, véritable contrepied à James Wan en privilégiant une angoisse basée sur l'ambiance, et non sur le sursaut.

Ne vous attendez pas à retrouver cette tendance à la peur dans Beau is Afraid. Au contraire, même : le troisième effort du réalisateur américain s'illustre par son humour. Joaquin Phoenix l'admet : il trouve ce film franchement fendard. Le réalisateur incite les journalistes présents en projection privée à ne pas hésiter à rire.

Chronique et critique film Beau is Afraid 2023
Par moments, Ari Aster ressuscite la noirceur de ses précédents efforts.

Le spectateur se surprendra à ricaner sans trop comprendre, stupéfait devant la cavalcade d'évènements que doit affronter Beau, notamment au sein de la première partie. Si le second acte reste très appréciable, le troisième cède un peu le pas à une émotion plus prégnante et moins propice à l'humour.

Quant au quatrième et dernier acte, il interpelle par sa vision de l'ensemble, avec twist, moment absurde par excellence, et résolution abrupte.

Beau is Afraid, en invoquant son souvenir, ne peut que rappeler les conditions d'écriture du Procès de Kafka. Véritable cauchemar existentialiste et administratif, le roman de l'auteur était lu, le soir, à ses amis ; chacun, alors, riait de bon cœur, percevant dans ce drame une sacrément bonne blague sur la condition humaine.

Comme Charlie Booker avec son Black Mirror, Ari Aster insiste sur les abus de la société moderne pour en grossir les traits, formant un tout aussi crispant que drolatique, finalement.

Avis

Critique du film Men d'Alex Garland

Beau is Afraid, mais bâiller est autorisé

Le problème, c'est que l'ensemble ne marche pas parfaitement. En s'octroyant ce qui est à ce jour le projet de ses rêves, Ari Aster a laissé libre cours à ses envies. Un aspect franchement positif, tant on porte aux nimbes la personnalité créative des auteurs.

Néanmoins, Beau is Afraid valorise, également, en creux, la figure de l'éditeur, ou d'un producteur bienveillant.

Il aurait à coup sûr mérité un avis éclairé afin de ne pas laisser le film se perdre comme il le fait dans le troisième acte. Si celui-ci inclut une séquence d'animation du plus bel effet, il perdra aisément les spectateurs qui ne tarderont pas à bâiller, en se demandant où on les mène également.

Beau is Afraid film 2023 critique
On est loin du quotidien des influenceurs à Dubai.

Si suivre la structure narrative d'un cauchemar est avisé, rappelons une évidence. Un songe, cela dure quelques minutes effectives, et on dort déjà. Ici, au bout de trois heures de films au sens surréaliste affirmé, on se prend à rêver d'un oreiller pour joindre l'utile à l'agréable.

Dans cette veine parfaitement absurde, Ari Aster semble partager nombre d'accointances avec Quentin Dupieux. Il suffit de voir Beau manipuler un enregistrement vidéo pour se rappeler le surréalisme prôné par le réalisateur français dans l'excellent Réalité. Sauf que celui-ci a le bon goût de durer moins de 90 minutes, laissant tout lieu au spectateur de savourer l'uppercut reçu.

Chronique

Critique du film The Northman

Le film le plus personnel et le plus imparfait d'Ari Aster

Entre Midsommar et Hérédité, chacun trouvera son content, l'œuvre qui définissait, jusqu'alors, le mieux la maestria dont est capable Ari Aster. Avec Beau is Afraid, le réalisateur pioche allègrement en confectionnant le film de ses rêves, ou du moins de ses cauchemars. Qui se révélera loin de faire la même unanimité que naguère.

Entamé tambour battant, porté par un casting exceptionnel, doté d'une réalisation parfaitement maîtrisée, ce troisième film se révèle également épuisant, étiré à l'excès, et finalement, très mitigé. Un crève-cœur, quand on perçoit tout le potentiel d'une œuvre qui aurait pu faire date à force de concision et de coupe avisée en montage.

Critique Beau is Afraid film Ari Aster 2023
La composition des plans est toujours parfaitement maîtrisée.

Toutefois, le film est suffisamment généreux en morceaux de bravoure pour s'attacher les faveurs d'un public cinéphile. Gageons, de plus, qu'il gagnera à l'analyse et aux commentaires pour comprendre certains éléments plus obscurs. De cette manière, Midsommar avait bénéficié par exemple du décryptage de la Théorie de Graham.

Dans son ambition, élevée, et sa concrétisation, Beau is Afraid se fait l'égal de Nope et Under the Silver Lake. Une œuvre certes imparfaite, mais reflétant les obsessions de son réalisateur, son univers. Un projet d'étudiant bénéficiant d'un budget conséquent, et d'une vision d'auteur évidente.

Ne reste plus qu'à croiser les doigts pour que celui-ci ne contraigne pas le réalisateur à revenir dans un registre qu'il a exploré, par pur opportunisme commercial, et sans envie. Ari Aster possède une vraie patte d'auteur, qu'il s'agit désormais d'encadrer un brin, sans rogner sur sa foisonnante créativité.

En tous les cas, son quatrième long métrage sera, plus que jamais, attendu au tournant.

Les plus

  • Un casting au diapason ;
  • C’est très drôle, étrangement ;
  • Une première partie d’excellente facture ;
  • Des idées de réalisation parfaitement abouties ;
  • Un troll parfait durant le générique de fin ;
  • Excellente gestion de l’environnement sonore.

Les moins

  • Trop long ;
  • Le troisième acte ;
  • Un trop plein d’idées un brin boursouflé ;
  • Une résolution abrupte, mais pas dénuée d’intérêt pourtant ;
  • Vivement un échange sur la signification de tout cela.
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Le mot de la fin

Imparfait en diable, Beau is Afraid reste un film par moments captivant, parvenant à fasciner par la force de la réalisation et du sens de la narration d'Ari Aster. Malheureusement, son trop plein d'idées et sa longueur étirée risquent de laisser la plupart des spectateurs sur le carreau.

En dépit d'une réalisation formelle très aboutie, d'un casting parfait, ce cauchemar immergeant dans la peau d'un anxieux chronique ne fera pas la même unanimité.

Si les hommages appuyés à l'œuvre de Kafka sont une clé de lecture, son ambition dantesque aurait mérité l'apport d'un travail d'édition pour canaliser un peu plus le long-métrage.

Bien entendu, il aura des fans féroces et convaincus qu'il s'agit d'un chef-d’œuvre. Après tout, il est très loin d'être inintéressant, et pourrait se révéler au gré d'innombrables visionnages. Néanmoins, avec une durée de 3 heures, il s'avère trop long pour son propre bien.

On espère surtout qu'un pari aussi risqué n'obligera pas Ari Aster à revenir à des projets moins personnels. En dépit d'un troisième effort plus mitigé, le réalisateur confirme un peu plus son talent évident, et une véritable patte d'auteur.

À propos de l'auteur

Solan
A passé un nombre indécent d’heures sur Rocket League pour finalement être Grand Champion. Préfère poster des bons plans aériens depuis.

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Prolongations

Si vous avez aimé Beau is Afraid, n'hésitez pas à jeter un œil sur :

  • Réalité de Quentin Dupieux ;
  • Under the Silver Lake de David Robert Mitchell ;
  • Men d'Alex Garland ;
  • Muholland Drive de David Lynch ;
  • Le Procès, livre de Franz Kafka.

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