Alors qu'elle faisait le bonheur des joueurs dans les années 90 et 2000, l'éclat de la saga Final Fantasy s'est tari. La faute à une trilogie du treizième épisode compliquée, et surtout d'un quinzième épisode à vouer aux gémonies. Avec Final Fantasy XVI, Square Enix n'a d'autre choix que de peaufiner son bébé. L'objectif : réconcilier les vieux fans, et séduire un nouveau public. La mission, loin d'être secondaire, est-elle réussie ? Réponse avec notre test de Final Fantasy XVI.
Le pitch de poche de Final Fantasy XVI
Dans le duché de Rosalia, Clive est le gardien de son frère, répondant ainsi à la fameuse question. Joshua est l'émissaire du Phénix, lui conférant des pouvoirs issus du Primordial de feu. Les deux frères et leur amie, Jill, vivent des jours heureux, alors que pointent les ténèbres à l'horizon.
Le fléau venu du Nord ravage les terres de Rosalia. Il faut reprendre le Cristal de Souffledrac pour espérer contrer cette menace. Son accès n'est pas aisé, puisque les Îles de fer en réclament la propriété. Alors que les troupes rosaliennes se rassemblent pour fomenter l'attaque, une offensive les surprend dans leur fort.
Pire : un nouveau Primordial de feu, Ifrit, combat et défait Phényx. Le souverain rosalien est tué, le pays ravagé, aux mains de l'Empire de Sangbèque.
13 ans plus tard, Clive Rosfield, devenu agent à la solde dudit Empire, se rébelle après avoir retrouvé une veille connaissance. Une épopée désespérée pour enrayer le fléau du Nord et l'influence néfaste des cristaux s'entame alors.
Conditions de test
Le jeu a été testé à partir d'une version commerciale standard sur Playstation 5. Les paramètres graphiques ont été placés sur Performance, pour atteindre le meilleur framerate possible. Spoiler alert : ce n'était pas une grande réussite.
Final Fantasy XVI : un épisode appelé à régner sur le J-RPG ?
La saga Final Fantasy a vécu de sacrés remous au cours des dernières années. Après avoir connu son âge d'or jusqu'à son douzième épisode, la franchise est loin de son prestige d'antan. La faute à une Fabula Nova Cristalis mal appréhendée, et un quinzième épisode particulièrement décevant.
Ces dernières années, Square Enix s'est surtout contenté de suites inopinées et de faux remakes pour redorer le blason de la saga. L'avenir était lointain, mais à force d'attendre, voici que la série phare du J-RPG tourne les yeux vers l'horizon. Enfin, Final Fantasy XVI sort, avec une lourde tâche qui lui incombe.
Rendre à la saga son prestige de naguère ; redéfinir les codes du J-RPG moderne ; s'orienter vers un public novice ; créer la première itération exclusive aux consoles next-gen. Des responsabilités conséquentes, qui bénéficient cependant de l'apport du studio Creative Business Unit III.
Réputée pour avoir sauvé le quatorzième épisode, entièrement jouable en ligne, cette équipe s'est suffisamment distinguée auprès de Square Enix pour mériter l'honneur de créer Final Fantasy XVI. Pour ce faire, le studio s'appuie sur un melting-pot d'influences, aussi bien vidéoludiques que télévisuels.
Difficile de ne pas mentionner Game of Thrones, tant le dernier-né de Square Enix multiplie les similarités avec la saga de G.R.R. Martin, adaptée en série par HBO. À côté, le jeu pioche allègrement du côté des productions plus ou moins récentes. De Tactics Ogre, pour la représentation de la carte, à Final Fantasy XII, pour la scission en zones, en passant par Nier, pour l'ambiance et l'unique personnage contrôlable, pour finir par... Devil May Cry. Oui, c'est plus surprenant.
Un ensemble plus qu'hétéroclite, pour un projet qui doit importer la saga Final Fantasy dans l'ère moderne du jeu vidéo. Pari réussi ? Hum. Le bilan, s'il est contrasté, laisse place à des considérations plus qu'intéressantes sur ce qu'est un jeu vidéo. Et a fortiori, un bon, ou un mauvais jeu.
Aurevoir le J-RPG : Final Fantasy XVI devient un beat'em all
Le premier choc venant de Final Fantasy XVI provient certainement du style de jeu qu'il arbore. Délaissant sans regret l'aspect J-RPG ayant fait la renommée de la saga, ce seizième opus entame un tournant beat'em all dans une pure veine Devil May Cry ou God of War : Ragnarok.
Le système de combat est dynamique, loin du carcan des affrontements au tour par tour. En outre, on contrôle désormais exclusivement un unique personnage : Clive Rosfield, le protagoniste de cette épopée baignant dans la dark fantasy. Comme Kratos ou Dante, celui-ci dispose à terme de plusieurs pouvoirs magiques entre lesquels il faudra jongler ; une jauge de fureur permettant d'accroître les dégâts et de récupérer de la vie en donnant des coups ; et, sans trop en révéler, d'autres évolutions particulièrement spectaculaires.
Pour créer ce système de combat, Square Enix s'est entouré d'un expert du genre, en la personne de Ryota Suzuki, combat designer de Devil May Cry 5. En conséquence de quoi les affrontements se révèlent réellement nerveux... la plupart du temps.
Il faudra tout d'abord ôter tout équipement facilitant les combats, et se faire une raison. Dans Final Fantasy XVI, il y a les bons combats, et les mauvais combats.
Ces derniers, ce sont les affrontements avec des ennemis sans barre de déstabilisation. Il suffira de marteler le bouton d'attaque pour s'en défaire facilement, sans passion. Les autres joutes voient s'avancer des sacs à pavé sensibles au coup de trop, celui qui les déstabilise et les laisse à notre merci durant quelques dizaines de secondes.
Si le système de combat de Final Fantasy XVI est appréciable, il souffre toutefois de quelques impairs assez étonnants. En premier lieu vient l'impossibilité de passer d'un pouvoir A à un pouvoir C sans passer par le pouvoir B. Concrètement, il faudra appuyer plusieurs fois sur un bouton pour faire dérouler les types de magies possédées par notre héros. Un problème fondamental pour juguler simplement ses combos en alternant les styles, comme le suggère l'inspiration Devil May Cry.
Notre conseil pour les combats
Le jeu est globalement facile, surtout si l'on s'équipe des médaillons facilitateurs présents d'emblée. Pour palier cela, on vous recommande grandement d'opter pour d'autres équipements, et de ne jamais acheter de potions ou super potion. Le challenge, alors, sera plus intéressant.
Un scénario mature intéressant, mais qui se heurte à des tabous étonnants
Final Fantasy XVI, l'épisode de la maturité ? En s'inspirant de la dark fantasy et de Game of Thrones en particulier, cet opus revient à l'environnement médiéval ayant fait les belles heures de la saga. Entre conflits politiques et tonalité vachement dark, que retenir de l'histoire de Final Fantasy XVI ?
Géopolitique des cristaux de magie selon Final Fantasy XVI
Alors que le monde du jeu vidéo semble résolu à promouvoir l'open-world à tout va, le seizième épisode de Final Fantasy dénote. Il préfère scinder ses zones sur la carte, ne permettant que peu d'écarts avec la trame principale. Point de zones secondaires ; ici, il faut se rendre de destination en destination depuis une carte du monde. Avant de retourner, inéluctablement, dans son repaire, pour percevoir les conséquences de la trame principale.
L'opposition entre liberté et déterminisme est au cœur de bon nombre de jeux de cette saga. Néanmoins, le point pivot s'est fait entre les douzième et treizième épisodes, l'un étant particulièrement ouvert, lorsque l'autre s'avérait étriqué.
La frustration n'est pas la même avec Final Fantasy XVI, puisqu'il profite de cette succession de couloirs et de zones un peu plus vastes pour raconter un récit des plus complexes. Les personnages et concepts sont nombreux, et les progressions géopolitiques du monde de Valisthéa très régulières.
Il faudra ainsi s'accrocher pour percevoir tous les tenants et les aboutissants de cette histoire. Néanmoins, il s'agit d'un des points forts de Final Fantasy 16 : on se prend d'intérêt pour ces conflits parfois idéologiques entre les nations. Ça ne va pas chercher bien loin, et le récit s'avère globalement très établi et manichéen. La complexité du monde conçu force toutefois le respect.
À ce titre, notons quelques éléments enrichissant le confort du jeu. À tout moment, sur une pression maintenue d'un bouton, il est possible de lire des fiches sur les personnages, royaumes, lieux et factions dont il est question lors de ce passage. De plus, dans le repaire de Clive, deux personnages permettront de consulter toutes les évolutions des pouvoirs en présence, ainsi que les informations recensées au cours de l'aventure.
Il s'agit là d'une des idées assez brillantes de Final Fantasy XVI. Malheureusement bâillonnée par une tonalité un peu trop monocorde, blasée, qui s'érige en posture surfaite.
L'inspiration HBO, sans le sexe, le sang, mais avec les bons sentiments
Comme évoqué plus haut, Final Fantasy XVI se nourrit sans fard de l'influence de Game of Thrones. L'émérite série de HBO adaptant les romans de Georges R.R. Martin (qui pour sa part participe à la création du monde d'Elden Ring) est une inspiration essentielle du jeu de Square Enix.
Preuve en est, tout d'abord, l'interdiction aux moins de 16 ans affichée sur la jaquette du jeu. Généralement, celui-ci prémunit les jeunes joueurs contre une violence poussée et un érotisme un peu exacerbée. Effectivement, Final Fantasy XVI est sanglant. Il ne sera pas rare de voir de l'hémoglobine éclabousser les personnages, des cadavres pendus, ou d'entendre le fameux F-word prononcé régulièrement.
Ne vous attendez toutefois à des scènes aussi crues que dans The Witcher 3 ou Cyberpunk. Tout cela reste très prude. Pas foncièrement un mal, mais qui est regrettable lorsqu'une tête décapitée dans une boîte a un impact dans la narration, sans que jamais elle ne soit montrée ou même suggérée. Autrement que par la fameuse boîte, et les pleurs du personnage la contemplant.
Final Fantasy XVI, épisode de la maturité ? Si elle veut à tout prix faire croire qu'après quatre décennies, la série de Square Enix est enfin adulte, elle n'en demeure pas moins franchement ancrée dans des archétypes adolescents. Les personnages principaux sont calqués sur les Stark de Game of Thrones, avec tout ce que cela suggère de tonalité héroïque morne et désillusionnée. On inviterait pas Clive en soirée, comme on aurait pu le faire naguère de Djidane ou Barrett, si vous préférez.
Il ne suffit pas de parler avec une voix rocailleuse pour être pris au sérieux. Final Fantasy XVI n'alterne jamais ses tonalités, et se révèle, au final, fastidieusement sombre, comme un adolescent coincé dans sa chambre à peindre des figurines Warhammer en écoutant Evanescence. C'est dark, mais pas très attachant, et surtout, digne d'une posture un peu trop surfaite.
L'équipée sauvage qui ne voulait pas avoir d'osmose
En choisissant un personnage unique à contrôler, Final Fantasy XVI fait fi du sentiment de camaraderie et d'équipe qui animait les précédents opus de la saga. Un regret tangible, tant les interactions avec les autres personnages ne permettent que de les esquisser en surface. Il ne faut pas compter sur les quêtes annexes pour approfondir les développements humains d'ailleurs.
Mieux vaut être seul que mal accompagné dans Final Fantasy XVI
Cid, Jill et Talgor sont autant de personnages qui vous accompagneront au cours de vos pérégrinations. S'il faut compter une quarantaine d'heures en ligne droite pour voir le générique de fin, la temporalité inhérente au jeu couvre plusieurs décennies.
Aussi, les attaches faisant la proximité, aurait-on rêvé que ces années passées ensemble déploient une cohésion d'équipe, une synergie, un véritable esprit habitant chacun des personnages alliés. Il s'agissait d'une des réussites historiques de la saga, particulièrement présentes dans les neuvième et septième épisodes, remake inclus.
À notre grande surprise, il n'en est rien. Rarement les personnages échangeront-ils des bons mots, des petites piques ou des blagues. Les longs trajets à pieds effectués par leur soin ne sont que très ponctuellement interrompus par des remarques. C'est bien simple : on a trop souvent l'impression que Jill et Talgor, respectivement une jeune femme et un chien, font preuve d'autant de personnalité l'un que l'autre.
Et c'est un immense souci, comme l'est la considération des femmes dans cet épisode. Non pas que Jill ou Benedekta soit dénuée de tout intérêt. Absolument pas ; leur histoire est marquante, et les personnages, par leurs réactions, montrent un comportement plus subtil que de prime abord. Pourtant, jamais le jeu ne s'attarde sur leurs caractères, et ces protagonistes ne sont que de vagues reflets aseptisés du potentiel qu'ils possèdent.
Un immense crève-cœur, quand on se rappelle l'attachement ressenti avec un drôle de personnage tel que Kweena, ou même Aerith dans la dernière version de Final Fantasy VII. Et ne vous attendez pas à espérer vous investir dans l'avenir des personnages par le biais des quêtes annexes. On en rit déjà.
Des quêtes vraiment annexes qui entravent le rythme de Final Fantasy XVI
Ces dernières années, un effort conséquent a été fait sur la narration dans les quêtes annexes. Qu'il s'agisse de The Witcher 3, Elden Ring et ses indices opaques, Horizon Forbidden West ou God of War : Ragnarök, toutes essayaient de les caractériser non pas comme des éléments superflus, mais de véritables compléments à l'histoire principale.
Cette perspective prend toute son importance au contact des quêtes annexes de Final Fantasy XVI. Il s'agit, peut-être, de ce qui constitue le plus grand point faible du jeu. Non seulement ne bénéficient-elles pas de la moindre mise en scène intéressante, mais elles n'éclairent en outre absolument pas le lore du jeu, ou ne participent à la caractérisation des personnages. Pire : elles se révèlent franchement inintéressantes à jouer.
L'exemple le plus flagrant est ce passage qui consiste à distribuer des repas à trois personnes se situant chacune à dix mètres les unes des autres. Aucun combat, aucun challenge : juste la satisfaction d'accomplir une quête. Évidemment influencée par l'aspect MMO, compte tenu de son expérience sur Final Fantasy XIV, l'équipe de Creative Business Unit III a rejeté tout ce qui faisait le sel de ces missions secondaires lors des précédents Final Fantasy.
Alors oui, il y aura bien une chasse aux monstres qui se déclenchera passé le premier tiers du jeu. Quand bien même, cet aspect-là ne présente pas le même challenge que, pour ne citer qu'eux, FF XII ou XIII. On ose l'affirmer : Final Fantasy XVI propose les pires quêtes annexes vues dans un jeu vidéo solo depuis 20 ans. Oui, ça fait mal.
Le jeu se perd en plus en plaçant certaines de ces missions annexes dans l'histoire principale. Vous souhaitez attaquer une place forte appartenant à une armée ennemie ? Vous serez heureux de pouvoir rendre service à une mère maquerelle en enquêtant sur la disparition d'une de ses demoiselles à l'hospitalité négociable tout d'abord.
Tout cela participe éhontément à entraver le rythme de Final Fantasy XVI. Un peu comme le remake du septième épisode, finalement, mais en pire, sur tous les plans.
Final Fantasy XVI se noie dans la next-gen
S'il y a un aspect qui a largement fait la réputation de la franchise de Square Enix, c'est bien son aspect graphique. Sur Super Nes, PS One et PS2, Final Fantasy a toujours constitué un parangon de ce qui pouvait se faire de mieux au niveau de l'esthétique. Avec les deux dernières générations de consoles, la série avait marqué le pas, et ce seizième épisode avait à cœur de redorer le blason d'une série aux standards élevés.
Final Fantasy XVI se révèle assez ambivalent à cet égard. Les cinématiques sont somptueuses, avec une mise en scène généralement soignée et des panoramas photoréalistes par moments. Sans être révolutionnaire pour autant, les cut-scenes et cinématiques marquent la rétine comme aux premières heures de Final Fantasy X.
Il en va, malheureusement, tout autrement du ressenti manette en main. En jeu, Final Fantasy XVI est le jouet des environnements parfois peu inspirés dans lesquels évoluent les personnages. La gamme de couleurs assez fade (parce que bon, vous savez, HBO c'est trop dark et c'est trop bien) s'illumine bien à la faveur de quelques effets pyrotechniques pas piqués des hannetons. Néanmoins, l'ensemble est assez terne, la plupart du temps.
Surtout, il souffre de problèmes de fluidité conséquents. Même en mode Performance, la PS5 ne parvient pas à afficher du 60 FPS constant, pour des résultats moins impressionnants que les références graphiques de la console. Que ce soit God of War : Ragnarök, ou Horizon Forbidden West, les deux titres parviennent à surpasser l'aspect visuel de Final Fantasy XVI en jeu.
Il y aura bien quelques moments où la direction artistique fera mouche, notamment le passage sur Souffledrac, beau à s'en décrocher la mâchoire, mais le sentiment reste. Le jeu de Creative Business Unit III est un chouïa décevant sur l'aspect graphique, et subit des chutes de framerate trop fréquentes. C'est sans même parler des visages des PNJ, particulièrement génériques. Et malheureusement, ceux-là, vous allez les voir.
L'épique domine les tendances estivales dans Valisthéa
Jusqu'alors, on jurerait que c'est un portrait à charge qui accable Final Fantasy XVI dans ce test. Il faut le dire : le jeu ne manque pas de failles, d'un caractère ambivalent, entre rénovation et obsolescence. Pourtant, parcourir l'aventure n'aura pas été infâme, loin s'en faut.
Il y a tout d'abord ce prologue très solide, porté dans la démo livrée deux semaines avant la commercialisation du jeu vidéo. Et, surtout, les combats contre des boss. À ce moment, le jeu effectue une révolution, passant du seinen morne (un manga pour adultes) au shonen décomplexé (vous connaissez tous Dragon Ball).
Les coups spéciaux pleuvent, les effets pyrotechniques sont dantesques, sans que pourtant rien ne soit enlevé à la lisibilité de l'action. C'est dans ces moments que Final Fantasy XVI prend tout son allant : lorsqu'il parvient à juguler ses personnages trop peu dessinés par le passé, et les met au service, ainsi que leurs traumas, au service d'une action débridée et spectaculaire.
Si, trop souvent, ces passages prennent la forme de cinématiques un peu longuettes, elles laissent le joueur sur le séant. Le rythme est alors soutenu, et on aurait adoré un jeu qui laisse de côté ces quêtes annexes à la noix, ou qui parviennent à les considérer comme telles. Outre la géopolitique et l'aspect humain, Final Fantasy XVI sait se montrer plaisant, voire enthousiasmant dans ses meilleurs moments.
La note ne vient donc pas sanctionner les côtés spectaculaires de Final Fantasy XVI, nombreux. Bien davantage une tendance à ne pas savoir harmoniser son propos, son contenu, et son gameplay. Il y avait un véritable bijou brut dans cette proposition, que par peur ou maladresse, Square Enix n'est pas tout à fait parvenu à polir.
Final Fantasy XVI : l'étrange alchimie bancale
Peut-être en attendait-on trop. Peut-être le souvenir et l'importance revêtus par les épisodes de l'âge d'or de Final Fantasy étaient-ils trop prégnants. Probablement, même. En conséquence de quoi, Final Fantasy XVI demeure une déception.
Pas un mauvais jeu sous tous ses aspects, hein. Loin s'en faut. Mais le dernier rejeton d'une saga bien aimée du jeu vidéo souffre de trop d'impairs pour enchanter comme aux premières heures de la série. Constamment coincée entre désir de séduire un nouveau public, de rendre hommage aux épisodes précédents, et de créer une histoire complexe pour amateurs de Game of Thrones, Final Fantasy XVI en oublie de peaufiner son concept.
Par exemple, pour tout désir d'introduire une accessibilité bienvenue, par le biais de médaillons réduisant la difficulté, le jeu ne propose pas de mini-cartes pour se repérer. Un manquement absurde, incohérent et ô combien étonnant.
Pour toute bonne surprise dans l'histoire principale, il y a ces quêtes annexes complètement obsolètes en 2023.
Et pour tout système de combat nerveux et chouette sur le papier, il y a ces affrontements sans intérêt contre des petits monstres de passage, et l'impossibilité de passer d'un pouvoir à l'autre directement.
Derrière ces défauts et ces ambivalences, il y a pourtant un jeu qui a bénéficié d'un soin particulier. Il est évident que Creative Business Unit III était en mission : celle de redorer le blason de la franchise Final Fantasy. Pour accomplir son objectif, il y a cependant mêlé bien trop d'influences, en perdant, au passage, l'identité qui faisait d'un Final Fantasy, plus que tout autre, un Final Fantasy. Un fleuron du J-RPG, l'un de ses rares héritiers modernes, qui désormais renie la succession.
Final Fantasy XVI laisse un trône vacant, et une image un peu plus ternie d'une série autrefois essentielle au jeu vidéo. Dépassé lorsqu'il se veut moderne, et parfois radicalement conservateur, ce seizième jeu possède pourtant des arguments pour être mémorable voire très bon. Comme ses personnages secondaires, toutefois, jamais n'aura-t-on pu entendre ce qu'il avait réellement à nous dire.