L'un des jeux vidéo les plus créatifs de 2023 nous revient avec sa première extension. Night Springs, le DLC d'Alan Wake 2, est sorti le 8 juin 2024, 24 heures seulement après son annonce au cours du Summer Games Festival. Parvient-il à renouer avec l'esprit ô combien atypique du jeu originel ? Rien n'est moins sûr dans les ténèbres surréelles qui entourent la Zone X. Pardon : Night Springs.
Bienvenue dans Night Springs, l'anthologie télévisée écrite par Alan Wake
Chers téléspectateurs, il est parfois des mystères qui ne peuvent être expliqués par la logique humaine. Certains événements surviennent, et c'est tout ce que l'on peut en dire. Le programme de ce soir pour votre émission Night Springs est composé de trois histoires qui verront des individus découvrir les profondeurs abyssales que recèlent les ténèbres de la Zone X.
Une serveuse, une soeur à la recherche de son frère, et un shérif perdu dans le temps. Trois destins hors du commun, qui devront s'affranchir de toute idée préconçue pour revenir un jour à la lumière.
Je suis votre hôte, Warldin Door, et vous êtes les bienvenus dans la paisible bourgade de Night Springs.
Rose, Jesse, Tim : les malheureux héros de Night Springs, premiers DLC d'Alan Wake 2
Trois histoires, pour trois mystères. Plongez dans notre test du DLC Night Springs, d'Alan Wake 2.
Number One Fan : pas le temps de niaiser pour sauver son unique amour
La serveuse Rose est la plus grande fan d'Alan Wake. Selon vous, à quoi ressemble son paysage mental ?
C'est de cela dont parle "Number One Fan", le premier épisode de l'anthologie du DLC Night Springs, d'Alan Wake 2. Loin des éléments horrifiques du jeu originel, Remedy valorise ici sa maîtrise du pastiche.
Imaginez un périple un brin décérébré à la sauce John Wick, cette fois-ci bénéficiant de la "grâce" de Rose. Très drôle, complètement tourné vers l'action, "Number One Fan" est une réussite. Pas incontestable, trop peu consistante pour marquer les esprits, mais dans l'ensemble, c'est très fun.
North Star : l'excès de café est néfaste pour la santéé
Dans un parc d'attraction dédié au sombre breuvage qu'est le café, s'avance une jeune femme à la recherche de son frère. Oui, c'est assurément la surprise de ce DLC Night Springs. Jesse Faden est de la partie.
Si la future directrice du Bureau of Control n'a pas ses fameux pouvoirs, elle est toujours plongée dans un dialogue permanent avec Polaris. L'entité paranormale permet de se repérer plus aisément au sein de Coffee World, un environnement déjà présent dans le jeu originel.
Les éléments familiers se nourissent également du gameplay présent dans Alan Wake, du côté de l'écrivain. Néanmoins, il s'agit vraiment d'une histoire sans réelle conséquence. Cette conspiration qui vise le café de Coffee World n'est pas des plus passionnantes. Il faudra se contenter de la fin, plutôt bien menée, pour attendre Control 2.
Time Breaker : le multivers, c'est pas la Porte d'à-côté
La troisième et dernière histoire de cette anthologie est assurément la plus ambitieuse. Elle permet d'incarner une itération du shérif Breaker, incarné par Shawn Ashmore, dans un univers parallèle à ceux présents dans le jeu originel ainsi que Quantum Breaks.
Surtout, elle renoue avec la folie et l'inventivité saluées dans notre test d'Alan Wake 2. Les équipes de Remedy n'ont pas lésiné pour offrir a minima trois moments de bravoure, particulièrement exaltants et originaux, qui feront le bonheur des amateurs de leur univers connecté.
Désormais, on n'attend plus qu'une chose : l'annonce d'un remake de Quantum Break, afin que chacun puisse mettre la main dessus, et que la série soit mieux encore intégrée au Remedy Connected Universe (RCU).
Trois ambiances radicalement différentes pour des résultats inégaux
Vous l'aurez noté à la lecture des paragraphes précédents ; les trois histoires de Night Springs possèdent des tonalités très différentes. L'humour à travers le pastiche, pour Number One Fan ; l'horreur avec North Star ; enfin, la plongée méta chère à Remedy avec Time Breaker.
En fin de compte, chaque épisode représente un aspect précis du jeu originel. Cela représente à la fois une qualité, et l'un des défauts de l'expérience, dépendant des épisodes.
Le premier épisode du DLC d'Alan Wake 2 contraste le pastiche amoureux avec une brutalité tous azimuts. Rose, un personnage par trop secondaire des aventures de l'écrivain maudit, incarne parfaitement ici cette héroïne naïve et complètement décorrélée de toute réalité. Les arcs narratifs ne se privent pas pour mettre les pieds dans le plat dans l'humour absurde. Oui, la lycanthropie, c'est dommage de l'avoir.
Time Breaker constitue le véritable coup d'éclat de cette extension. Variant les modes de narration avec brio, proposant de manière très explicite un discours méta (avec le réalisateur précisant l'histoire auprès de l'acteur, Shawn Ashmore, voire la mise en abyme de personnages de jeux vidéo), il parvient également à changer de ton de manière agréable. Surprenant, déroutant, ce troisième épisode donne envie de voir Quantum Breaks revenir.
En revanche, que dire de North Star ? Remedy avait un boulevard pour faire du retour de Jesse Faden une réussite. Il n'en est rien. Trop routinier, peu propice à la surprise, le périple de la jeune femme souffre en outre de choix douteux. Quel dommage de n'avoir pas conservé ces ombres qui se dissipent lorsqu'elles ne revêtent pas de menace. Ici, tout ce qui se distingue véritablement est un ennemi, étiolant le sentiment horrifique au profit de l'action. À une séquence d'infiltration près, à la limite.
Le plaisir de retrouver l'univers d'Alan Wake 2, dans un premier DLC un brin paresseux
Il serait faux de dire que Night Springs déçoit. Pour quiconque a apprécié le jeu originel, et plus particulièrement ses personnages, il constitue une petite addition bienvenue. Il faudra compter un peu moins d'une heure pour chaque épisode. C'est court, certes, ce n'était pas indispensable non plus, d'accord, mais quand bien même : ce DLC d'Alan Wake 2 se parcourt avec plaisir.
Et cela, en dépit d'une certaine nonchalance qui le caractérise. À l'exception de certains décors du troisième épisode, tous les lieux présentés dans cette extension ont été repris directement du jeu originel. Un peu dommage, quand on sait que Night Springs / la Zone X est normalement une bourgade à part, bien éloignée de Cauldron Falls.
Pour renforcer cet aspect anecdotique, il est à souligner l'extrême facilité avec laquelle se joue le DLC d'Alan Wake 2. Chacun des personnages possède un arsenal très performant, et un nombre extravagant de munitions. Autant cet aspect ne choque pas pour Number One Fan, puisque cela va de pair avec le ton humoristique qui habille les aventures de Rose, mais un regret point à l'aûne du second épisode. Tout est bien trop facile, et ne bénéficie même pas de plusieurs difficultés.
Cela consolide l'idée que, pour toute plaisante qu'elle soit, cette anthologie de Night Springs est un brin anecdotique. Prise isolément, elle n'a guère d'intérêt. Et pourtant, Remedy en profite pour rappeler l'importance de son univers connecté.
Remedy consolide un peu plus les passerelles de son univers connecté
Davantage que les expériences à proprement parler, pas vraiment rattachées au jeu originel du fait du format anthologique de Night Springs, ce qui marque dans cette première extension d'Alan Wake 2, c'est sa volonté de relier les éléments du Remedy Connected Universe. Présentée par Warldin Door, écrite par l'écrivain maudit, la série télé inclut des têtes connues des fans des jeux Remedy.
Dans chaque épisode, Alan Wake apparaît, quand bien même il ne devrait pas être présent physiquement. La marque d'un auteur omniscient, et omnipotent, qui surveille ses créations. Lesquelles dépassent le simple cadre des jeux Alan Wake, en incluant non seulement Control, mais également une itération de Max Payne, et une autre de Quantum Breaks.
Si le studio finlandais n'a toujours pas récupéré les droits de cette dernière licence, il parvient, dans Night Springs, à contourner cet impair, tout en posant les bases d'un second volet. Une idée intéressante, astucieuse, qui donne réellement envie de retourner dans cet univers. Par ailleurs, l'apparition de Sam Lake, créateur du RCU, permet de véritablement saisir la portée de leur projet.
Rien n'est prohibé, tout est permis en termes d'inventivité. Et, une fois sorti du troisième épisode et de son final en fanfare, on n'attend plus qu'une chose : la sortie de la deuxième et dernière extension d'Alan Wake 2. Le DLC de La Maison du Lac devrait revenir sur l'écrivain et Saga Anderson. Pour un final en fanfare, et indiquant un peu plus les pistes du Remedy Connected Universe ?