Sorti quelques mois après la console Playstation 5, Ratchet & Clank : Rift Apart avait séduit par ses graphismes. Deux ans plus tard, ce constat est-il toujours de mise ? Et que vaut le jeu d'Insomniac Games, en termes vidéoludiques ? Réponse avec notre test de Ratchet & Clank : Rift Apart sur PS5 et PC.
Pitch de poche de Ratchet & Clank : Rift Apart
Dans le genre, Clank, c'est un bon ami. Pour aider son pote Ratchet à retrouver ses compères Lombax, le petit robot a créé un dimensionateur. Un appareil capable d'ouvrir des portails dimensionnels, comme ça, sur simple pression. Un ami en or, on vous dit. Enfin plutôt en métal.
Le seul souci, c'est que ce genre d'outils, il ne faut pas que ça tombe entre de mauvaises mains. Et c'est ce qui arrive justement, avec le docteur Nepharious qui ouvre des portails dimensionnels et plonge nos amis dans une nouvelle dimension.
Intervient alors Rivet, Lombax de son état, et double dimensionnel de Ratchet. Celle-ci retrouve Clank, et l'embarque dans des péripéties pour régler cette galère. À côté, Ratchet va faire la rencontre de Kit, et lui-même aider à résoudre tout ce charivari.
Quand à la recherche de la dimension des Lombax... On repassera. Il y a plus urgent.
Conditions de test
Le jeu a été testé sur PS5, à partir d'une version commerciale, téléchargée depuis le catalogue PS Plus Extra. Les paramètres ont été placés sur Performance afin d'accéder au 60 FPS minimum. À noter qu'une version PC sortira dans le courant de l'année 2023.
L'épopée dimensionnelle de Ratchet et Clank, et Rivet et Kit
Avant de se lancer dans cette aventure dimensionnelle, un point sur la série Ratchet & Clank était nécessaire.
Sorti en 2002 sur PS2, le premier opus avait réussi à se distinguer de l'autre binôme phare de la console, Jak & Daxter, grâce à un mélange des styles. Plutôt que d'axer l'essentiel de sa proposition sur la plateforme, le Lombax et le robot ont très vite inclus des gadgets et des armes. Ce dernier élément qui sera repris dans Jak II et sa suite, par ailleurs.
Alors que Naughty Dog s'aventurait sur les terres de Lara Croft et Indiana Jones avec Uncharted, Ratchet & Clank approfondissait son lore sur les consoles ultérieures de Sony. Au total, 15 jeux sont sortis, dont 12 sous la houlette de Insomniac Games.
En 2018, le plan de Sony pour la franchise était agressif. En ligne de mire : remake du premier Ratchet & Clank, combiné à une adaptation cinéma. La licence s'ouvrait ainsi à de nouveaux joueurs. Pas de chance pour ceux-ci, l'opus qui nous intéresse ici, Ratchet & Clank : Rift Apart n'est pas la suite directe de cet épisode remis au goût du jour.
Pour comprendre tous les tenants et aboutissants de la série, il faudra se tourner vers la tétralogie parue sur PS3. Opération Destruction, Quest for Booty, A Crack in Time et Nexus devraient être joués, idéalement, pour saisir l'ensemble des enjeux narratifs.
Qu'à cela ne tienne, Ratchet & Clank : Rift Apart fait partie des premières exclusivités de la PS5. À ce titre, il prône l'accessibilité. À quelques références près, le jeu reste parfaitement compréhensible dans sa narration, et l'aventure qu'il propose.
Ne reste plus qu'à vous immerger dans une nouvelle dimension, et espérer défaire les plans de Nefarious.
Un véritable film d'animation jouable comme un jeu vidéo
Comme dit auparavant, Rift Apart avait un statut important au sein de la ludothèque PS5 des premiers jours. La console à peine sortie, et très difficilement disponible, elle ne disposait pas vraiment de jeux forts.
Certes, le remake de Demon's Souls est un excellent jeu. Néanmoins, pour les titres exclusifs à la PS5, et justifiant de débourser 500€, c'était assez maigre. Arriva ainsi Ratchet & Clank : Rift Apart, premier épisode de la franchise à être entouré d'autant d'attentes.
Visuellement, le jeu d'Insomniac Games répond en tous points à celles-ci. Deux ans après, c'est encore incroyablement beau. Peut-être le jeu le plus convaincant graphiquement que la PS5 ait pu accueillir. Et cela, en dépit des sorties de Horizon Forbidden West, Returnal et God of War : Ragnarök.
L'expérience acquise dans le long-métrage d'animation renforce un peu plus cette idée. Avec Rift Apart, Ratchet & Clank semblent complètement immergés dans un film. À cet égard, on ne vous recommande que trop de passer en mode "Performance". Les animations seront plus fluides, sans rien enlever à la maestria visuelle promise.
Tout semble bouger. L'horizon est très lointain, et affiche des ennemis aux prises avec la faune locale. La direction artistique valorise tous les choix graphiques, en se tenant, à juste raison, éloigné du réalisme à tout prix.
Et il faut voir ces innombrables boulons tournoyer autour de nos protagonistes. Indéniablement, Insomniac Games parvient à exploiter de belle manière les capacités de la PS5, six mois seulement après son arrivée sur le marché.
Ratchet & Clank : Rift Apart, une aventure ambitieuse aux enjeux narratifs étonnants
Si Ratchet & Clank : Rift Apart est une superbe réussite visuelle, parvient-il à changer de dimension en termes narratifs ?
Selon l'affect porté à la franchise, cet épisode pourrait avoir des relents déceptifs. Initialement, le dimensionateur est créé par Clank afin d'accéder à la dimension dans laquelle se sont réfugiés les Lombax. Ratchet pourrait ainsi découvrir ce qu'il est advenu des membres de son espèce.
Pourtant, très vite, l'immission de Nepharious dans l'affaire cannibalise l'histoire. Au final, il sera ici question de le défaire, et non pas de répondre à une question ayant traversé l'ensemble de la franchise. Un opus pour ne rien dire, donc ?
Disons que l'arrivée d'un nouveau duo, Rivet et Kit, est une nouveauté bienvenue. Elle pourra apporter un regain de fraîcheur, et une nouvelle perspective aux futurs épisodes. Dans la pratique, toutefois, Rift Apart se fait le reflet sensible des précédents opus.
Un reflet explosif, et brillamment réalisé, mais traditionnel avant tout. L'idée est avant tout une histoire simple, accessible à tous, néophytes comme joueurs confirmés de la franchise.
Impossible de ne pas noter le soin tout particulier dont ont fait l'objet les doublages et la localisation en français. Tout pointe vers l'envie d'un film d'animation jouable de bout en bout. C'est peut-être ça, finalement, l'évolution vers laquelle tend la série Ratchet & Clank.
De l'impossibilité d'une dimension
Au final, il s'agira de vadrouiller de planète en planète afin de faire progresser l'histoire. L'exploration galactique, déjà vue par le passé, prend le pas sur les promesses dimensionnelles. N'attendez pas à ce qu'il soit aussi réfléchi, à cet égard, qu'un Spider-man : Into the Spiderverse, ou que le film The Flash pour le thème du multiverse.
À quelques reprises, toutefois, le jeu permet d'avoir vent des possibilités offertes. C'est le cas, par exemple, sur la planète Blizar I, où il faudra changer régulièrement de dimension pour progresser. Pour le reste, Ratchet & Clank : Rift Apart reste une pérégrination classique du duo.
C'est regrettable, tant il y avait de possibilités à ce niveau. Il suffit de regarder vers les Zelda et leurs allers-retours temporels, pour les épisodes Oracle of Time, of Ages et Seasons. Peut-être que Rift Apart n'a pas osé se donner les moyens de rivaliser avec son concept. Peut-être n'en avait-il tout simplement pas l'ambition.
Le changement dimensionnel relève davantage du gadget que de l'idée pleinement exploitée. Le problème, c'est que cela va de pair avec une progression quelque peu illogique.
En changeant de personnage d'une planète à l'autre, on se rendra vite compte d'un impair fondamental. Lorsque Ratchet se dote d'un gadget, Rivet en profite également. Et inversement.
Autant cet élément est-il justifié maladroitement pour les armes, autant l'acquisition des gadgets et compétences par l'autre moitié des héros ne répond à aucune logique. On pourra passer outre cette considération, mais celui-ci révèle tout de même un manque de considération de l'histoire, ou du joueur. Le fameux "La ferme c'est de la SF interdimensionnelle", sans doute.
Quand la plateforme prend le pas sur le jeu de tir
Depuis le premier épisode de la série, Ratchet et Clank n'ont jamais vraiment changé de dimension. Chaque planète, ou zone, présente une ou deux surfaces centrales, donnant accès à des endroits propices à l'accomplissement de missions secondaires et la recherche de collectibles.
Parfois se dresseront contre nos personnages des robots, des boss, ou des représentants de la faune locale. Ne vous restera plus qu'à défourailler tout ce bazar, de manière assez aisée, la difficulté n'étant pas très relevée. Là encore, on prône l'accessibilité.
Il est toutefois étonnant de voir qu'en dépit du nombre d'armes (une vingtaine), de leur diversité (certaines étant vraiment bien pensées), le tir n'est pas l'axe fort de Ratchet & Clank : Rift Apart. Tout aussi étonnant, d'ailleurs, d'en ressentir un certain soulagement. En dépit de toutes les évidentes qualités citées précédemment, supportées par une direction artistique et un volet visuel parfaitement maîtrisés.
Dans les scènes de tir, il n'est pas possible de locker un ennemi. Pire, surtout, aucun bouton ne permet de recaler la caméra. Ce qui se montrera quelque peu handicapant au moment de sauter en arrière, alors qu'un fossé nous sépare d'une autre plateforme. Dans le feu de l'action, pareille manœuvre est assez complexe.
En revanche, l'exploration et la plateforme sont les principes dominants de ce dernier jeu de Ratchet & Clank. C'est ici que le titre se révèle diaboliquement efficace, permettant aux jeunes joueurs de s'y essayer sans problème.
Première incursion sur la planète Playstation 5 réussie pour Ratchet et Clank
Petite surprise pour la franchise, qui n'avait jamais été habituée à jouer les premiers rôles des consoles Sony, Ratchet & Clank : Rift Apart constitue une addition réellement bienvenue à la ludothèque PS5. Ses graphismes, son ton humoristique - bien qu'un peu moins absurde qu'auparavant, et sa maniabilité secondée par un confort de jeu optimisé en font l'un des indispensables de la console de Sony.
Indispensable ? Contre toute attente, oui. Tous les âges y trouveront leur content. Cette conception subit un petit revers lorsqu'est considéré le prix du jeu en neuf. 80€, c'est cher, d'autant que le jeu se finit relativement vite. Comptez dix à quinze heures pour tout voir et tout récupérer.
Néanmoins, quand on considère le plaisir ressenti à accompagner Ratchet, Rivet, Clank et Kit dans leurs aventures, le jeu en vaut la chandelle. Il n'est clairement pas l'épisode qui fera changer la série de dimension, mais se révèle amplement satisfaisant, jusque dans son humilité.
On est ici loin des propositions un brin prétentieuses et génériques formulées par un certain dieu de la guerre, ou une guerrière Nora. Loin de tout ce foin médiatique, Ratchet & Clank tracent leur route, et il est assez jouissif de les retrouver, ponctuellement.