La livraison gratuite est un argument très important pour se distinguer favorablement auprès des consommateurs. À ce titre, nul ne souhaite payer 5€ de frais de port pour un article de moins de 10€. Pourtant, alors que les enseignes e-commerce telles que la Fnac ou Amazon en faisaient l'un de leurs principaux avantages, la chose pourrait bientôt évoluer.
Pour les libraires indépendants, la mesure ne pourrait qu'être bénéfique ; néanmoins, celle-ci pourrait s'élargir à toutes les transactions de biens physiques culturels. La raison ? Un équilibre financier entre grandes enseignes et moindres, ainsi que l'inflation des prix des matières premières.
Amazon : une hausse des frais de livraison en vigueur dès la mi-mai 2022
Jusqu'à présent, bon nombre d'enseignes, telles que la Fnac et Amazon, proposaient la livraison gratuite à partir d'un seuil d'achat minimum, conjuguée à l'adhésion à un programme fidélité. Qu'il s'agisse de la carte Fnac+ ou de l'abonnement Amazon Prime, ces services valorisaient des frais de port réduits ou nuls pour de très nombreuses commandes.
Néanmoins, la donne va changer dans très peu de temps. D'ici une semaine, à la moitié du mois de mai, Amazon augmentera ses tarifs de livraison. Pour les consommateurs, cette hausse est estimée à 20 centimes d'euro en moyenne. En revanche, les frais de traitement liés aux retours de commandes n'impliqueraient pas de frais supplémentaires pour les clients.
Amazon explique ce changement de paradigme par une hausse des coûts des matières premières. Il y a quelques mois de cela, effectuer une tournée de livraisons à domicile coûtait 33% moins cher en carburant et essence. Afin de pouvoir rentrer dans leurs frais, les enseignes doivent ainsi répercuter cette augmentation sur le prix des expéditions.
Si pour le géant mondial de l'e-commerce, la décision est prise, d'autres marchands pourraient bientôt suivre. Cdiscount ou la Fnac, pour ne citer qu'eux, proposent chacun des adhésions premium présentant la livraison gratuite comme un avantage à la souscription. Néanmoins, pour d'autres secteurs que la grande distribution, ce changement de tarif pourrait avoir des effets bénéfiques.
Le livre, produit culturel de dissension économique
En France, le prix du livre et la distribution de ce bien culturel constituent des sujets sensibles. Depuis la loi Lang, qui a instauré le prix unique du livre, un déséquilibre est tout de même apparu entre grandes enseignes et libraires indépendants. En raison de la forte capacité des pairs de la Fnac et Amazon à livrer massivement des biens culturels, les frais de livraison sont souvent dérisoires ou nuls pour le livre.
En outre, la Fnac permet de retirer ou d'acheter des livres en magasin avec la réduction maximale autorisée de 5%, pour peu que l'on ait adhéré à son programme adhérent Fnac+. Pour les libraires de tailles moindres, cela constitue un manque à gagner certain ; plutôt que d'acheter chez eux, les lecteurs assidus se tourneront plus aisément vers les grands noms de la distribution.
Au-delà du coût de la livraison, la disposition d'entrepôts gigantesques et la présence de vendeurs tiers sur leurs plateformes permettent de couvrir un catalogue extrêmement large de références littéraires. Le prix de livraison des livres devrait ainsi être uniforme et commun à toutes les enseignes e-commerce, afin de ne pas déséquilibrer davantage encore ce secteur.
C'est à cette fin que l'Arcep lance une consultation du 28 avril au 27 mai. Dans les recommandations, l'autorité de régulation propose d'établir un tarif fixe de livraison de 3€ minimum par colis. Néanmoins, un principe dégressif de ce prix, selon le nombre de livres commandés, pourrait être maintenu. Actuellement, Amazon paie à cet égard 0,01€ de frais de port, que le consommateur ne perçoit généralement pas.
Finis, les bons plans à moins de 10€ livrés à prix coûtant chez soi ?
Le secteur du livre est un cas à part en France. Les demandes allant dans le sens d'une plus grande équité entre marchands omnipotents de la grande distribution et libraires plus modestes ne cessent de se faire entendre depuis des années. Néanmoins, c'est toute la livraison de produits culturels ou high tech qui pourrait être affectée par les prochaines mesures.
À ce titre, de nombreux commerçants affirment qu'il ne serait financièrement plus viable de proposer des articles à moins de 10€ à la livraison. Si le prix final, livraison incluse, excède de 40% le tarif initial, l'achat risque d'en être dissuadé.
Qu'il s'agisse de commandes de jeux de société pas chers, jeux vidéo, hardware ou encore produits dérivés, toutes seraient concernées. Afin de pallier cela, les marchands pensent à réduire la taille ou la composition des emballages. L'objectif ? Diminuer le plus possible les frais de port, afin de valoriser les tarifs les plus bas.
Au-delà de l'annonce de la hausse des coûts de livraison chez Amazon, rien n'est pour l'instant fixé. Il s'agit pour l'essentiel d'une décision au cas par cas, propre à chaque enseigne. Néanmoins, on peut imaginer un futur proche dans lequel chaque livraison aurait un impact conséquent sur facture finale. Une raison supplémentaire, s'il en fallait, de profiter des French Days de Printemps disponibles jusqu'à lundi.