Ne reste plus qu'un épisode au projet de remake d'un jeu de légende. Avec ce second volet, Square Enix réussit-il à convaincre du bien-fondé de sa proposition ? Réponse avec notre test de Final Fantasy VII Rebirth.
De quoi ça parle déjà, Final Fantasy VII Rebirth ?
L'équipe de choc composée de Cloud, Aerith, Tifa, Barret et Red XIII a réussi à s'échapper de Midgar. Les personnages rentrent dans un monde inconnu ; non seulement l'extérieur de la ville industrielle est inexploré, mais en défaisant les Fileurs dans le final ahurissant du précédent épisode, ils ont a priori défait le destin.
Que peut leur réserver la suite de l'aventure ? L'objectif, pour l'heure, est de retrouver Sephiroth. Pour ce faire, il va falloir suivre ces individus vêtus d'un manteau noir. Ceux-ci vont les mener dans les régions reculées de la Prairie, Junon, Costa del Sol, et peut-être jusqu'à un dénouement, que l'on espère moins fatal qu'il y a trente ans.
Conditions de test
Le jeu a été testé sur PS5, à partir d'une version commerciale. Privilégiant la fluidité aux dépens des graphismes, votre humble serviteur a placé les paramètres sur les Performances. Le jeu est très beau, bien que pas franchement impressionnant au final.
Le second d'une trilogie ressuscitant Final Fantasy VII
On le rappelle, Square Enix s'est plongé dans un immense projet, parmi les plus ambitieux du jeu vidéo actuellement. Rien de moins que de ressusciter une légende, celle de Final Fantasy VII, opus pivot de la saga, de l'éditeur, et du jeu vidéo de manière générale.
Entreprise parmi les plus complexes s'il en est, elle avait plutôt bien débuté, avec le bon Final Fantasy VII Remake. Le titre possédait quelques défauts, trop résolu à occuper son joueur durant une quarantaine d'heures, en le cloisonnant à Midgar, dans ce qui constituait la première section du jeu originel.
Cependant, et c'est à souligner, ce projet de remake n'est pas à proprement parler un remake. Davantage une relecture, qui s'adresse aussi bien aux nouveaux joueurs, qu'aux anciens. Ces derniers percevront de profonds bouleversements entre l'aventure qu'ils avaient parcouru à la fin des années 90.
Aussi Final Fantasy VII Rebirth était-il attendu au tournant, d'autant plus après la déception Final Fantasy XVI. Heureusement, la perspective d'un monde plus ouvert, d'événements plus variés et approfondis, promettait autre chose que des quêtes annexes absconses et des marches narratives à outrance.
Rien ne nous préparait à cela. Final Fantasy VII Rebirth est une éclatante réussite. On ne va pas faire durer le suspens pour rien ; la note est en haut. Ce test de FF7 Rebirth est davantage l'occasion de se demander comment Square Enix a-t-il réussi son coup gagnant, qui retentira indéniablement dans l'histoire de la saga.
Cloud, Aerith, Red XIII, Tifa, Barret, Caith Sith, Yuffie : un groupe soudé et convivial
L'une des grosses nouveautés de cette itération est le sens du collectif. Autrefois perceptible par le biais des dialogues et interactions entre chaque protagoniste, il bénéficie ici d'une mécanique lui étant propre. Au gré des quêtes principales ou annexes accomplies, la synergie du groupe s'améliorera.
Cette donnée permettra aux codex des personnages de s'enrichir de nouvelles compétences synchronisées, essentielles lors des combats les plus ardus du jeu. Les individus composant le groupe principal, avec Tifa, Aerith, Cloud, Barret, Yuffie, Red XIII, Caith Sith, tous jouables, se distinguent par les différentes lignes de dialogue qui émaillent le titre, tout au long de son aventure.
Que vous poursuiviez un objectif précis, déambuliez dans les environnements ouverts, combattiez des créatures : la complicité au sein du groupe se ressent, toujours. Une immense réussite pour l'immersion, à des années lumières de ce que nous avait proposé FF16, et qui améliore encore les bases du Remake.
D'emblée, un attachement particulier nous lie à ces personnages. Alors même que ceux-ci restent majoritairement des archétypes. Cloud, c'est le héros taiseux, qui se dégrise un brin dans cet épisode Rebirth ; Tifa, la jeune fille trop jolie et trop gentille ; Aerith, la petite amie un peu piquante parfois ; Yuffie, l'adolescente extravertie ; Barret, l'adulte au grand coeur qui en fait des tonnes ; Red XIII, l'adolescent perturbé par des pensées sombres ; et Caith Sith... Bon, difficile d'accrocher à celui-là, évidemment.
Toute cette synergie se ressent en combat, par le biais des compétences synchronisées. Pas le seul ajout à un système déjà plébiscité dans Final Fantasy VII Remake.
Barret moi si tu peux : je suis trop fort pour toi
L'un des nombreux points forts de Final Fantasy VII Rebirth se situe dans son système de combat. Dynamique, varié, et généreux, celui-ci fait honneur à la série, et constitue une évolution logique au sacro-saint système au tour par tour qui a fait la force des précédents opus de la saga.
Dans l'idée, chaque personnage peut s'équiper, selon son équipement, d'une ou plusieurs matérias. Celles-ci peuvent donner des sorts, des capacités passives, des altérations de matérias, ou des compétences spéciales. En outre, chaque arme possède une compétence spécifique, et chaque personnage dispose d'un niveau d'arme, lui donnant l'occasion d'ajouter des spécificités à son arsenal.
Dans les faits, chaque adversaire rencontré possède une barre de vie, et une jauge de choc. Celle-ci se remplit au fil des coups, et plus rapidement lorsque l'adversaire est fragilisé. Pour cibler son point faible, il faudra recourir à la compétence Analyse, facilitant derechef la compréhension de l'enjeu du combat.
Le tour par tour est supplanté par un système dynamique, lui faisant hommage. La jauge ATB, initialement décomposée en trois segments, doit se remplir grâce à des coups, des esquives ou des parades, pour lancer une compétence ou un sort spécial. Lorsque deux personnages ont lancé quatre à cinq compétences spéciales, il leur est possible d'effectuer une attaque synchronisée.
Par conséquent, le jeu incite constamment à alterner entre les personnages au cours d'un affrontement corsé, afin d'utiliser les attaques synchronisées lorsque votre adversaire sera en choc. Un excellent moyen de valoriser, d'une part le sens du collectif, et d'autre part une véritable nervosité alliée de réflexion au cours des combats.
Par ailleurs, chaque personnage possède son propre style de combat. De quoi valoriser les compétences selon le mode de jeu souhaité. Seul impair : l'impossibilité de laisser Cloud sur la touche.
Final Fantasy VII Rebirth, ouvre-toi
Au-delà des combats, Final Fantasy VII Rebirth reprend le déroulé du jeu original, du moins son second segment après Midgar, et jusqu'au fameux Temple des Anciens. En sortant de la ville industrielle qui abritait Remake, ça y est, la lueur naît. Le monde est ouvert, riche, délicieusement conçu.
Les premiers aperçus du jeu donnent une impression de monde ouvert à la sauce Ubisoft. Cette notion est canalisée à travers une carte du monde avec des tours d'observation, donnant accès à de nouvelles activités une fois analysés, et de nombreux points d'intérêt à découvrir.
Seulement... C'est la partie émergée de l'iceberg. Ramener Final Fantasy VII Rebirth à un vulgaire open-world comme il y en a tant serait une grande erreur. Car FF7 Rebirth propose, comme alternative à la world map d'antan, plusieurs régions avec, chacune, leur propre level design.
Si la première section est finalement assez générique, quoique très jolie, on découvrira dès Corel une nouvelle possibilité : celle de valoriser quelque peu la verticalité. Au fur et à mesure, chaque région de Final Fantasy VII Rebirth brille par une idée de level-design. Celle-ci permet d'envisager l'accès aux points d'intérêt sous la forme de mini-énigme : comment puis-je aller à cet endroit là ?
À ce moment, il faudra réfléchir en observant la carte du monde, mais également les environnements. Une excellente idée qui éloigne un peu plus le jeu des standards de l'ubisoftisation.
Long, généreux, mais jamais lassant : la réussite c'est dans le rythme
Final Fantasy VII Rebirth est long. Si vous souhaitez tout faire, en matière de quêtes annexes, comptez à peu près 80 heures. Et on ne parle même pas de platiner le jeu.
D'ordinaire, cette durée aurait de quoi faire peur. Néanmoins, le second jeu de ce projet de remake est suffisamment varié pour ne jamais lasser. Ce qui révèle du miracle. Le titre de Square Enix est grosso modo calibré selon le même modèle : exploration de la carte, découverte de la ville principale de la région, passage du donjon et de l'événement scénaristique. Et puis, pour les plus complétistes, peaufinage des activités annexes, avant de passer à la région suivante.
L'astuce de Final Fantasy VII Rebirth, c'est de constamment varier les situations, les leitmotivs ou les éclairages des situations. Chaque personnage est valorisé par une quête particulière, ou est central à une région. Par ailleurs, l'alternance avec des passages au sein de la Shinra, ou dans le quotidien du fameux Zack Fair, ressuscité après Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion, donne à chaque fois du souffle à l'aventure.
De plus, il y a énormément de mini-jeux annexes et connexes. Le jeu de cartes qui a fait la force des épisodes 8 et 9 revient, cette fois-ci avec Queen's Blood, une activité qui en plus est entièrement scénarisée jusqu'à la fin de l'aventure. Mais il y en aura, vraiment, pour tous les goûts en outre.
Du Fort Condor, transfuge d'Intermission, aux partitions de piano, en passant par la chasse au mog, un jeu de foot canin, du jeu de tir, de l'écrase pampa, et j'en passe... Pfiouh, le jeu se révèle d'une incroyable générosité, où il réussit davantage ce qu'il entreprend plutôt qu'il ne rate le coche.
Jamais le rythme ne baisse, jamais l'envie de découvrir ce qu'il advient ne se tarit. C'est une réussite incommensurable pour Final Fantasy VII Rebirth, qui, plus qu'une renaissance, est une proposition audacieuse, tirant le meilleur de ce qui se fait dans le jeu vidéo, tout en le reprenant à sa sauce.
Le paradoxe narratif de Final Fantasy VII Rebirth
Bien sûr, les enjeux narratifs de Final Fantasy VII Rebirth vont être observés. Commentés. Expliqués. Décortiqués. Et pour cause.
À l'issue de Remake, des événements bouleversaient, a priori, ce qui allait suivre. Les personnages s'extirpaient de leur destin. Pour le meilleur ? Qui sait, mais en tous les cas, Zack Fair parvenait à sortir de son trépas, revenir à Midgar, dévasté après les actions d'Avalanche et de la Shinra.
La plupart du temps, Final Fantasy VII Rebirth reprend simplement le fil conducteur de l'épisode originel. Cependant, pour quiconque s'intéresse à ce projet de legacyquel, suivre son histoire peut être frustrant. Pour la bonne et simple raison que trop rares sont les renvois au choc de la fin du précédent opus. Enfin, sans mentionner la fin, bien sûr.
De fait, si les enjeux sont dans la mouvance habituelle des J-RPG, on y assiste un peu en spectateur initialement. D'autant que Square Enix rallonge parfois un peu superficiellement l'aventure, notamment dans la première région, où il vous faudra nécessairement un chocobo pour parcourir un marais afin d'éviter un monstre... Qu'il faudra finalement affronter. Soit.
En dépit de cet axe centré sur l'histoire alternative qui nous a poussés initialement, finalement, une nouvelle notion apparaît. L'emphase sur les personnages, leurs interactions, leur passé, est à ce point valorisée que les protagonistes, au final, deviennent l'enjeu majeur de cette histoire.
Partager avec eux cette aventure est un régal. Au-delà de toute considération narrative, l'attachement à Barret, Red XIII, Tifa ou Aerith fait véritablement Final Fantasy VII Rebirth. Une réussite incontestable, pour un jeu inespéré... Qui possède, heureusement finalement, quelques défauts.
Le jeu parfait n'existe toujours pas
Beau, dynamique, profond, réfléchi, ludique, divertissant. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Final Fantasy VII Rebirth. Imparfait, aussi, peut lui être accolé.
Ce n'est pas grand chose, et c'est vraiment pinailler, mais il existe quelques petits défauts. Loin d'en faire un mauvais jeu, hein, mais les taire serait préjudiciable pour l'appréhension de la réussite globale du titre.
Par exemple, les menus sont assez peu clairs. Trop de sections laissent présager une gestion de l'équipe, alors que les compartimentions sont quelque peu arbitraires, et auraient mérité d'être revues. De plus, si l'enrobage sonore est à l'avenant, avec des musiques réorchestrées, le mixage sonore par rapport aux voix est parfois un peu maladroit.
Pourquoi, également, jamais les Espers ne sont mis en avant ? Qu'aucun soldat de la Shinra ne s'étonne, à un moment, qu'un Titan leur tombe sur la tête, ou qu'un Néo-Bahamut apparaisse au sein d'un combat ? Narrativement, il y avait peut-être quelque chose à faire pour justifier la présence des invocations.
En outre, pour accéder au fameux rencard au Gold Saucer, un système d'affinités par le biais de réponses aux autres personnages est mis en place. Assez opaque, celui-ci n'est pas le plus réussi, tant certaines réponses qui semblaient convenir empêcheront la relation d'être renforcée. Dommage, j'aurais préféré sortir avec Tifa plutôt qu'Aerith ou Red XIII. Voilà, j'étais un brin déçu.
De plus, si l'aspect de découverte du monde s'accompagne de davantage d'escalade, les animations sont vraiment trop rigides. Dommage que Square Enix ne se soit pas concentré sur ces phases, trop lentes, pénibles même, alors qu'un dynamisme à la façon de Horizon Forbidden West eût été bienvenu alors.
Final Fantasy VII Rebirth : le meilleur jeu de la saga depuis plus de vingt ans
Vous l'aurez lu depuis le début de ce test : l'impression est laudatrice, pour le moins. Le constat ne manque pas : Final Fantasy VII Rebirth est le meilleur jeu de la licence depuis vingt ans. Voire plus : depuis le neuvième opus.
Il rejoint de fait l'âge d'or, pourtant passé depuis longtemps, et propose la résurrection d'une légende. Le seul impair, finalement, et qu'en dépit de la générosité de la proposition, son excellence même parfois, FF7 Rebirth ne rencontrera pas le succès qu'il mérite.
La faute à plusieurs éléments. D'une part, la campagne publicitaire n'est pas aussi présente que pour le seizième épisode. Il faut dire que ce jeu a été une déception, aussi bien d'un point de vue ludique que commercial. Plus handicapant encore, il fait suite à un précédent épisode, Remake, qui était long pour pas grand chose. Certes réussi, mais quelque peu déceptif, surtout une fois considérée la masterclass de Rebirth.
Au-delà de ce constat, Final Fantasy VII Rebirth est un épisode d'anthologie. Il valorise l'implication des joueurs dans cette histoire, tout en prônant une variété, un aspect ludique de tous les instants. Il faudra attendre sûrement quatre ans pour voir le troisième épisode de ce remake. Mais en l'état, Square Enix vient de rassurer d'une manière incroyable les joueurs, aussi bien les néophytes que les initiés.
Inespéré et incroyable, Final Fantasy VII Rebirth ne jouira pas du statut vain de jeu de l'année, mais demeure l'expérience la plus mémorable de la saga. Et, par son postulat de semi-remake, est un produit culturel des plus audacieux.
Félicitations Square Enix. Cet hommage dépasse toutes nos espérances.