Entre Until Dawn et The Quarry, Supermassive Games a initié sa Dark Pictures Anthology. Une première saison composée par quatre épisodes, dont le second, Little Hope, était chargé d'ambition, et de responsabilités, après un premier opus un peu mitigé. Dans les faits, après une demi-douzaine d'heures passée en compagnie des 5 protagonistes, qu'en retenir ?
Witch Pitch pour Little Hope : de quoi ça parle ?
Daniel vit avec sa famille jusqu'à un malheureux incident. Mais Daniel est également victime d'un accident de bus, dont il se réveille confus, en compagnie de quatre passagers. Perdus dans une ville appelée Little Hope, les cinq camarades de mauvaise fortune font faire de leur mieux pour s'extirper du brouillard prégnant.
Et rien ne va être simple. Entre personnages antipathiques rencontrés, menaces qui planent, et une petite fille qui a la mauvaise idée de courir partout dans une ville perdue, l'issue s'annonce d'emblée ardue à atteindre.
Little Hope : immersion dans le second volet de la Dark Pictures Anthology
Supermassive Games avait fort à faire pour redorer le blason de sa Dark Pictures Anthology. Projet ambitieux, cette série de jeux narratifs à tendance horrifique devait s'inscrire dans la lignée du succès de Until Dawn sur PS4.
Pourtant, rien ne semble s'être bien passé pour le développeur, secondé ici par Bandai Namco. Non pas que le premier épisode, Man of Medan, était mauvais. Il recelait certaines bonnes idées, mais restait criblé de problèmes. En première ligne desquels une réalisation très maigre, et de nombreux problèmes techniques.
Loin des standards instaurés par Until Dawn naguère, le jeu avait décontenancé. On s'en faisait le relais à travers notre test du jeu Man of Medan. Quelques teasers en son sein laissaient espérer des jours meilleurs pour la Dark Pictures Anthology.
Une ambiance sombre, dans une ville perdue, sur fond de sorcellerie... Voilà qui présageait des meilleures dispositions pour Little Hope. Manette en main, et après avoir secouru - ou non - les cinq personnages, qu'en est-il ?
Bon, le suspense ne va pas durer longtemps. Vous avez vu la note. C'est un ratage quasi complet.
Une technique améliorée, mais avec des bugs problématiques
L'un des grands défauts de Man of Medan était technique. Après un Until Dawn qui s'en sortait bien de ce côté-là, à plus forte raison au début de vie de la PS4, le premier opus de la Dark Pictures Anthology était une régression impressionnante.
Et bien : bingo ! Supermassive Games semble avoir pris conscience de certains impairs. Le jeu est visuellement plus travaillé. Les personnages et leurs visages, sans être sensationnels, choquent moins dès lors qu'un sourire apparaît.
Par ailleurs, une plus grande liberté de mouvements est octroyée. Là où la plupart des plans de Man of Medan étaient très serrés, la faute, dira-t-on, au cadre maritime, le joueur pourra ici se lancer dans une exploration des environnements.
Rien d'incroyable, hein ; on est loin d'un open-world, et encore assez éloigné de certaines libertés offertes par Until Dawn. Néanmoins, la chose fait plaisir à constater. En revanche, telle liberté s'accompagne une nouvelle fois de soucis.
Des bugs assez étonnants surviennent. Lors de la découverte de maisons, la caméra en plan fixe peut rester coincée dans une pièce. Par conséquent, le personnage va se promener, sans que le joueur ne le suive. Heureusement que les menaces ne surviennent pas à tout bout de champ, et que Little Hope reste entièrement scripté.
Little Hope : un casting et une cohésion de groupe à revoir
Man of Medan conservait un côté sympathique, à terme, avec des caricatures de personnage qui pouvaient s'avérer plus ou moins sympathiques au gré des événements. Little Hope ne récidive pas, et sombre sur ce plan-là.
Cinq personnages antipathiques dont on devrait se soucier
Un premier constat inquiète. La galerie de personnages est particulièrement antipathique. D'emblée, cependant, car chacun correspond, là encore, à un archétype de protagoniste ; il ne tiendra qu'à vous d'en faire un groupe soudé.
Cependant, certaines affinités présentes dès le début du jeu laissent songeur. De fait, le professeur semble constamment en opposition avec chacun des membres, à l'exception notable de Andrew. Ce même Daniel qui, lui, est une ardoise blanche, propice à l'identification du joueur. Néanmoins, le peu de relief qu'il propose n'aide pas à s'accrocher à tout prix à sa survie.
Demeure un couple d'amoureux secrets (bon sang) et une étudiante plus âgée, Angela. Disons-le tout de go : la seule caractéristique de cette dernière, dès le départ, est d'être une peau de vache de compétition. Quant à Taylor et Daniel, qui essaient de dissimuler une romance née en cours, leurs atermoiements trouvent peu de place justifiée dans ce jeu d'horreur.
Un fantôme ? Mais puisque je te dis que j'ai envie qu'on fricote maintenant !
Dans ce registre, Little Hope accroît le souci de cohérence déjà présent dans Man of Medan. Certaines réactions, par rapport à des successions d'événements, n'auront ni queue ni tête.
Si on regrettera toujours l'absence de marche rapide - pourtant présente dans des jeux similaires, comme Life is Strange -, les personnages peuvent également sauter du coq à l'âne en une fraction de seconde.
Un événement troublant ? Un jumpscare spectral ? Ils sursautent un moment, et immédiatement après reviennent à se questionner sur révéler ou non leur amour au monde. Ou de fricoter.
Bon, on ne saurait trop leur en tenir rigueur, finalement. Ce n'est pas comme si Little Hope faisait véritablement peur.
Un petit mot sur le Conservateur
Figure liant la Dark Pictures Anthology, le Conservateur est fidèle à lui-même. Inintéressant, pas angoissant pour un sou, mal animé, ridicule, et absolument quelconque au final. Rendez-nous le Peter Stormare de Until Dawn, bon sang !
Une tension horrifique digne d'un élastique du XVIIème siècle
On s'excuse auprès des lecteurs qui n'ont pas pratiqué ces jeux. Néanmoins, il reste difficile d'évoquer les manquements de Little Hope sans le comparer à ces deux modèles, par la force des choses. Aussi bien Until Dawn que Man of Medan pouvaient se révéler efficaces en termes d'ambiances et de jump scares.
Là encore, Little Hope est véritablement le petit ABC de la peur pour ado mal maîtrisé. C'est bien simple : à l'exception de deux moments un peu surprenants, jamais le rédacteur de ces lignes n'a été surpris par un sursaut.
Au niveau du gameplay, une fausse bonne idée vient couronner le tout. Les QTE, ou Quick Time Events, sont annoncés une à deux secondes avant leur apparition. Rompant absolument la notion de surprise, ils s'effectuent avec une facilité déconcertante.
Un point en moins, encore, pour la tension horrifique.
Bon, et bien sûr, Supermassive Games réitère sa super idée de la respiration. Celle-ci est toutefois mieux expliquée que dans Man of Medan. Ça n'en reste pas moins l'exercice dans lequel votre serviteur se sera planté le plus souvent, préférant, à terme, choisir la fuite plutôt que de se cacher, afin d'éviter la confrontation avec ce système foireux.
Chaque tentative de faire peur est attendue à des milliers de kilomètres. À la limite, seul le mixage sonore peut se révéler déconcertant. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir proposé une atmosphère graphique potentiellement plus effrayante que naguère.
Reste-t-il encore un espoir pour l'anthologie après Little Hope ?
On ne va pas se mentir : la deuxième partie de la Dark Pictures Anthology fait peine à voir. Déjà, parce que l'environnement est sombre, comme vous pouvez (ne pas) le voir sur les photos. Mais aussi parce que toute tentative de narration un peu judicieuse est aux abonnés absents.
Dans référence, il y a rance
Little Hope se passe dans la brume. Genre, pas une petite purée de pois, un truc qui colle à la peau et qui empêche de voir plus loin que 5 pas devant soi. Ajoutons à cela une petite fille qui se balade dans les bâtiments clés de cette ville fantôme embrumée, et vous avez le parfait rip-off de Silent Hill.
Les flashbacks expliquant le passif de cette petite fille naguère ; la brume ; les adultes comme méchants ; et, bien sûr, l'impossibilité de quitter cette ville. Tout respire la saga horrifique de Konami.
À cela s'ajoutent diverses références qui font systématiquement mieux que Little Hope au niveau de l'atmosphère, de la narration, et de l'horreur. On ne citera jamais assez le Fantôme d'à côté de RL Stine, auquel le jeu fait indéniablement penser par certains aspects (notamment le prologue).
Bien entendu, on était en droit, avec un récit sur les sorcières, de s'attendre à quelque chose s'inspirant de Midsommar ou The Witch. S'il y a de l'inspiration, elle a été aussitôt aspirée et rejetée.
Finalement, à aucun moment le jeu ne semble en mesure de trouver son identité propre. C'est dommage, l'histoire était un poil plus ambitieuse que d'accoutumée.
Une histoire pas si horrible, une fois n'est pas coutume
À cet égard, notons une petite nouveauté sympathique. Au gré des événements, les personnages réfléchissent à ce qui leur arrive. Et généralement, ils tombent plutôt justes, dans la mesure où le joueur aussi sera arrivé à la même conclusion.
Ici, ça va un peu spoiler. Pas beaucoup, mais un peu. Donc on vous conseille, raisonnablement, si vous n'avez pas joué au jeu, de vous arrêter ici si un jour l'hérésie vous prendrait de l'essayer. Hérésie parce que bon, vous avez déjà vu la note.
Contrairement à Man of Medan ainsi qu'à Until Dawn, Little Hope hérite d'un petit twist qui eût pu être vaguement intéressant. Simplement, plusieurs fois, ce retournement de situation aura été mentionné. Et puis, le jeu est tellement peu engageant dans ses enjeux ou ses personnages que lorsqu'il survient, on se prend à dire "ah, ok", à hausser les épaules, et à effacer le jeu du disque dur.
Bon, une moitié de jeu réussi sur 2. Que nous réserve le troisième jeu de la Dark Pictures Anthology, House of Ashes ? Rendez-vous sous peu pour le savoir.